Pourquoi les Global Citizens doivent s’en préoccuper
Le dernier rapport des Nations unies sur la biodiversité est l’analyse la plus complète jamais réalisée et peint un portrait sombre du futur d’une planète en crise. Le rapport exhorte les pays à poursuivre un futur plus durable. Vous pouvez vous joindre à l’action sur ce sujet ici.

L’activité humaine nuit si profondément à la planète que près d’un million d’espèces végétales et animales, sans compter les bactéries et les champignons, pourraient disparaître dans les prochaines décennies, selon un résumé du rapport sur la biodiversité de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).

La destruction des écosystèmes — les forêts regorgeant d’animaux sauvages qui se transforment en terres agricoles monocultures ou encore des récifs coralliens dynamiques cédant la place à des tapis d’algues stériles — crée des « cascades trophiques », ou réactions en chaîne qui minent l’équilibre mondial de la faune sauvage d’une manière qui menace la société humaine. Jamais auparavant une espèce individuelle n’a causé un tel anéantissement à grande échelle. À moins qu’une action rapide ne soit prise pour arrêter ces changements, la perte de vies sera irréversible, selon les experts qui ont parlé à Global Citizen.

« Nous dépendons de la nature pour un air pur, nous dépendons d’elle pour de l’eau fraîche, nous en dépendons aussi pour la nourriture que nous consommons — des choses élémentaires dont les humains ont besoin pour, non seulement s’épanouir, mais même juste survivre, proviennent de la nature », a déclaré à Global Citizen Ellen Ketterson, directrice de l’Environmental Resilience Institute de l’Université de l’Indiana.

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« Ce que nous savons, c’est que tout est lié, a déclaré Mme Ketterson, qui n’a pas participé au rapport. Si vous commencez à arracher des espèces des écosystèmes, leur stabilité sera déséquilibrée et nous ne savons pas exactement où se situeront les points de bascule. C’est toujours mieux de prévenir que guérir ».

Le rapport de l’IPBES ne se base pas sur de nouvelles recherches. À la place, c’est un résumé compréhensif de plus de 15 000 recherches scientifiques et des chiffres d’experts issus de gouvernements de 50 pays. Le rapport donne du poids et de la cohésion aux enquêtes scientifiques disparates et parfois obscures des dernières décennies, comble les lacunes dans les connaissances, suggère des interventions possibles et montre comment les progrès technologiques brossent un tableau plus clair d’une planète en crise.

« La publication du rapport est une intervention de sensibilisation, a déclaré Gabe Filippelli, directeur du Center for Urban Health de l’Université d’Indianapolis. Personne n’agira s’il ne voit pas le problème ».

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Le rapport précise que l’humanité a déjà causé une réduction de 20 % de la faune mondiale. Près de 40 % des espèces d’amphibiens, 33 % des mammifères marins et 30 % des récifs coralliens pourraient disparaître au cours du siècle. Plus de la moitié de tous les animaux terrestres pourraient également perdre les habitats dont ils ont besoin pour survivre.

Ces chiffres s’ajoutent à un ensemble déjà alarmant d’exemples illustrant comment la sixième extinction massive de l’histoire de la Terre est en cours. Un rapport de 2018 a révélé que l’humanité a causé la mort de 83 % de la vie sauvage, en termes de biomasse.

M. Filippelli a dit que certains des facteurs d’extinction massive, tels que le changement climatique et l’acidification des océans, sont difficiles à inverser parce que les émissions de gaz à effet de serre responsables de ces changements environnementaux ont déjà été libérées dans l’atmosphère. En même temps, il a souligné que les émissions futures devaient être réduites afin d’éviter de causer d’autres dommages à la planète.

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Beaucoup des facteurs contribuant à la perte de biodiversité peuvent cependant être rapidement adressés, a-t-il ajouté.

« Une partie de ces changements sont irréversibles, mais nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour atténuer les impacts négatifs au niveau local, tout en gardant les yeux rivés sur les impacts au niveau mondial, a précisé M. Filippelli. Les gens jettent parfois l’éponge concernant le changement climatique en disant qu’il est trop multiforme, mais la plupart de ces problèmes peuvent être réglés dans nos jardins ».

Les gouvernements peuvent, par exemple, agir immédiatement pour arrêter la déforestation à l’échelle mondiale. La déforestation est surtout causée par l’agriculture, l’exploitation forestière, l’extraction des ressources et le surdéveloppement. Faire la promotion de la reconstruction des forêts au lieu de la déforestation pourrait avoir d’énormes avantages écologiques dans le monde entier.

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Les extractions de ressources qui ont triplé au cours de la dernière décennie ont causé 90 % de la perte de biodiversité mondiale.

Les pays peuvent créer des réserves d’animaux sauvages protégées de l’exploitation qui permettraient aux espèces de se rétablir. De même, le développement humain et l’urbanisation croissante peuvent être repensés pour donner la priorité à la durabilité. Au lieu de couler du béton sur le sol et d’abattre les forêts, les promoteurs et les urbanistes peuvent créer des infrastructures qui n’interfèrent pas autant avec la faune.

« Les bactéries qui se développent dans une boîte de pétri pensent que la vie est géniale jusqu’au dernier dédoublement quand elles frappent le mur de la boîte et manquent de ressources, a déclaré Don Waller, professeur de biologie à l’Université du Wisconsin-Madison, afin d’illustrer la diminution rapide des ressources naturelles sur la Terre. La biomasse animale est surtout humaine maintenant. Nous avons découpé la nature, nous avons fragmenté et isolé plusieurs populations et réduite considérablement l’abondance de la plupart des gros animaux — et cela ne peut pas aller beaucoup plus loin ».

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La pollution est encore un autre danger pour la vie sauvage dont les effets peuvent être atténués en interdisant les toxines nocives. La surpêche peut être réduite grâce à une meilleure gestion mondiale de cette industrie, et la propagation des espèces envahissantes, qui a augmenté de 70 % depuis les années 1970, peut également être ralentie par une meilleure réglementation mondiale.

Au cours des dernières décennies, ces bouleversements, ainsi que d’autres, ont creusé un trou dans les écosystèmes. Autrefois, lorsqu’on conduisait en Allemagne à une certaine période de l’année on avait le pare-brise plein d’insectes éclaboussés. Aujourd’hui, ce genre de collision se produit rarement parce que les populations d’insectes sont en chute libre.

« Nous avons assisté à la transition d’écosystèmes diversifiés vers des écosystèmes très simples, a déclaré M. Filippelli. Ce n’est pas qu’ils n’ont pas de vie, c’est qu’ils sont dominés par un ou deux organismes au lieu d’en avoir des milliers ».

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« Dès la minute où vous perdez un récif de corail diversifié et qu’une algue le remplace, vous avez perdu la plupart des niches écologiques et alimentaires, et vous avez littéralement perdu la niche physique, ce qui signifie que les récifs coralliens eux-mêmes sont des structures 3D très complexes qui permettent à de nombreux organismes différents d’occuper physiquement cet endroit, alors qu’un tapis d’algues est essentiellement un écosystème plat ».

Les effets de cette simplification sur la société humaine sont difficiles à prévoir, mais les premiers signes montrent comment elle minimise les rendements des cultures mondiales et accroît la propagation des maladies.

« Le simple fait de compter les espèces ne pourrait pas rendre suffisamment compte tenu des risques auxquels nous sommes confrontés et je pense que le rapport explique bien notre interdépendance », a déclaré Mme Ketterson.

« Si nous continuons à passer à travers, nous allons être dans le pétrin », a-t-elle ajouté.

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Par Gaëlle LanguéJoe McCarthy  et  Erica Sánchez