C’est difficile de ne pas comparer le président américain Donald Trump et le premier ministre canadien Justin Trudeau — ils sont les leaders de pays voisins qui ont déjà partagé des valeurs similaires. Mais cette comparaison n’est pas un moyen précis d’analyser les réalisations d’un politicien — ni ses échecs.

L’article du Rolling Stone sur le premier ministre fait des vagues à travers les réseaux sociaux. Certains Canadiens trouvent que l’article est trop complémentaire, même si l’article aborde quelques-uns des pièges politiques de notre leader canadien.

Bien que l’article offre de bonnes informations (Trudeau peut monter sur un monocycle !), les Canadiens ont noté qu’il manque quelques points clés. Voici quelques passages de l’article Rolling Stone avec un peu plus de contexte Global Citizen.

Le budget en matière d’aide au développement

Passage de l’article du Rolling Stone : « Join me as we visit a nation led by a man who wore a Hitchhiker's Guide to the Galaxy T-shirt on national television, rides a unicycle and welcomed 40,000 Syrian refugees with open arms ».

Ce passage parle des vêtements du premier ministre, indique qu’il peut monter sur un monocycle et affirme qu’il a invité 40 000 réfugiés syriens à vivre au Canada.

Oui, Trudeau est un homme beau et charmant dont plusieurs peuvent se rapporter. Lorsqu’il est arrivé à l’aéroport pour accueillir les réfugiés syriens, bons nombre d’entre nous avons regardé avec fierté. Notre nouveau leader semblait prendre un grand pas en avant en ce qui concerne l’aide pour la communauté internationale.

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Mais plusieurs mois plus tard, il reste à voir comment le gouvernement contribuera réellement à l’aide internationale. Les dépenses du pays en matière d’aide au développement se trouvent à un niveau presque plus bas que jamais à un peu moins de 5 milliards de dollars. Le Canada est en 18e place dans le rang mondial, selon l’Organisation de coopération et de développement économique (l’OCDE).

L’objectif des Nations Unies pour les pays développés est que 0,7 % du PIB soit consacré à l’aide au développement. Le Canada a actuellement un ratio de 0,26 %.

Cela ne veut pas dire que l’accueil des réfugiés n’était pas un moment important pour le gouvernement canadien, mais il faut simplement souligner qu’il y a plus à faire à l’échelle internationale.

Le Canada et le féminisme

Passage de l’article du Rolling Stone : « Trudeau's party swept into power on October 19th, 2015, increasing its vote total from 2.8 million in 2011 to almost 7 million. A few days later, his Cabinet – an exquisite sample of Canada's multiculturalism – marched together into Rideau Hall to be sworn in. A reporter asked what message he was trying to send with his cadre of female advisers. Trudeau just smiled. “Because it's 2015 ».

Ce passage explique le moment où Trudeau a annoncé que son cabinet serait composé à 50 % de femmes « Parce que c’est 2015 ».

C’est dans le cadre du féminisme que le gouvernement réussit réellement.

En mars, le Canada a versé 20 millions de dollars à She Decides après que président Trump ait mis en œuvre la règle du bâillon mondial. Lors de la Journée internationale des femmes, Trudeau a annoncé un engagement de 650 millions de dollars pour appuyer la santé sexuelle et reproductive et de droits connexes (SSRDC).

Quelques mois plus tard, Marie-Claude Bibeau, ministre du Développement international et de la Francophonie, a annoncé la nouvelle politique d’assistance internationale féministe du Canada.

Cette politique met les femmes et les filles au cœur de l’assistance internationale. Elle met l’accent sur l’égalité entre les sexes et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles ; la dignité humaine ; la croissance au service de tous ; l’environnement et l’action pour le climat ; la gouvernance inclusive ; la paix et la sécurité et comprend un programme sur la voix et le leadership des femmes.

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La politique alloue 150 millions de dollars sur cinq ans pour répondre aux besoins des organisations locales de femmes dans les pays en développement.

En juillet, le gouvernement a annoncé un financement de 241,5 millions de dollars à l’appui de projets touchant la santé sexuelle et reproductive et de droits connexes (SSRDC).

La politique d’assistance internationale féministe présume que la meilleure façon de réduire la pauvreté est de se concentrer sur les femmes et les filles.

La politique n’est pas parfaite : elle manque un financement supplémentaire du gouvernement. Mais c’est certainement un engagement audacieux et le gouvernement semble le poursuivre.

Les promesses aux autochtones

Passage de l’article du Rolling Stone : « Trudeau's Liberals have also fumbled on some campaign promises, including electoral reform, but none as glaring as Trudeau's promise to Canada's 1.5 million indigenous citizens. The country created the Truth and Reconciliation Commission, and publicized the plight of more than 150,000 indigenous children taken from their families since 1883, only to be placed in orphanages and residential schools ».

Ce passage touche aux promesses aux autochtones oubliées.

Au cours de sa campagne en 2015, Trudeau a déclaré que s’il était élu, il respecterait le droit de veto des Premières nations quant à la construction sur leurs territoires — mais il a ensuite approuvé l’expansion du pipeline Trans Mountain de Kinder Morgan.

La Commission de la vérité et de la réconciliation du Canada (CVR) a publié un rapport en 2015. La CVR a recommandé 94 appels à l’action « afin de remédier aux séquelles laissées par les pensionnats et de faire avancer le processus de réconciliation canadienne ».

Dans le passé, le premier ministre a promis de prendre des mesures en matière de chaque recommandation. Il a pris des actions dans certains cas, notamment en demandant au pape des excuses aux peuples autochtones, mais il y a encore beaucoup à faire.

Le budget de 2016 a alloué 8,4 milliards de dollars aux populations autochtones pour les problèmes d’éducation, d’eau de réserve et de services familiaux.

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Le gouvernement s’est engagé en 2016 de mettre fin aux avis concernant la qualité de l’eau potable à long terme sur cinq ans. Il y a actuellement 67 avis sur l’eau potable, selon les Affaires autochtones et du Nord (qui compte les avis pour les systèmes d’eau dans les réserves financées par le ministère).

La promesse du gouvernement de verser 2,6 milliards de dollars à l’éducation des Premières Nations a créé de nouvelles écoles, selon CBC, mais il existe encore un grand écart entre le financement accordé aux écoles dans les réserves et aux autres écoles.

Les progrès sur les enjeux autochtones ont été lents, et les sceptiques ont l’assentiment que le premier ministre ne pourra pas tenir toutes ses promesses à la communauté autochtone.

Il y avait — et il y a toujours — de grands espoirs pour le premier ministre ici au Canada. Mais, comme dans toute démocratie, il sera toujours nécessaire d’évaluer l’information, d’examiner les décisions et de responsabiliser le gouvernement. Ça ne veut pas dire que vous devriez cesser d’aimer le charme de Trudeau, ses bas et ses photobombs, ça veut simplement dire qu’il est important de comprendre l’information.

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Exiger l’équité

L’article du Rolling Stone manque des infos sur Justin Trudeau

Par Jackie Marchildon