Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper 
BDes milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à une alimentation saine tandis que des centaines de millions d'entre elles sont confrontées à la malnutrition. Les Nations Unies exhortent les pays à éliminer la faim d'ici 2030, un enjeu essentiel pour Global Citizen. La campagne « Recovery Plan for the World » invite les dirigeants mondiaux, les entreprises, les philanthropes et les Global Citizens de tous les jours à se mobiliser. Vous pouvez nous rejoindre pour passer à l'action sur cette question ici.

Qu'il s'agisse de biscuits enrichis ou d'un bol de riz et de lentilles, les repas de midi servis à l'école sont essentiels pour assurer l'alimentation de nombreux enfants dans le monde entier.

Malheureusement, la pandémie de COVID-19 a entraîné la fermeture d'écoles par les gouvernements, perturbant par inadvertance les programmes d'alimentation scolaire. Selon les récentes informations des agences des Nations Unies, 39 milliards de repas scolaires ont été manqués à cause de cette pandémie, chaque repas correspondant à un enfant privé de nutriments essentiels au cours de la journée. Sur les 1,3 milliard d'enfants déplacés, environ 370 millions dépendaient des repas scolaires.

« Le manque de repas scolaires nutritifs met en danger l'avenir de millions d'enfants pauvres ; nous risquons de perdre une génération entière, a déclaré David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, dans un communiqué. Pour beaucoup, le repas sain dont ils bénéficient à l'école est la seule nourriture qu'ils recevront toute la journée. »

L'interruption des programmes de repas scolaires, même pendant une semaine, a de profondes conséquences pour les enfants dont le développement et l'épanouissement nécessitent une alimentation saine et équilibrée. Sans intervention urgente, la santé des enfants est gravement menacée. Mais ils ne sont pas les seuls concernés. Les fermetures d'écoles ne sont qu'une des manifestations de la crise alimentaire mondiale aggravée par la pandémie. 

Comment allons-nous mettre fin à la crise alimentaire mondiale ?

Les pays doivent s'efforcer de produire plus de nourriture sur moins de terres pour nourrir une population croissante et s'adapter au changement climatique, tout en aidant les populations à bénéficier d'une alimentation nutritive pour surmonter la crise de la malnutrition.

Pour ce faire, il faut investir dans les petits exploitants agricoles, régénérer les sols dans le monde entier, renforcer la résistance au climat des systèmes agricoles, promouvoir et subventionner des cultures plus nourrissantes et apporter un soutien financier plus important aux personnes vivant dans la pauvreté.

3 choses à savoir sur la crise alimentaire mondiale

  • Selon le Programme alimentaire mondial, le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire d'urgence a doublé depuis le début de la pandémie pour atteindre 270 millions. En Amérique latine et dans les Caraïbes, ce chiffre a quadruplé. D'après Oxfam, environ 55 millions de personnes dans sept des pays les plus touchés sont désormais confrontées à des conditions proches de la famine. 

  • « Même les courts épisodes de famine peuvent avoir des conséquences dévastatrices et durables sur un pays et entraver les progrès économiques sur plusieurs générations, indique Oxfam. Les personnes en situation d’insécurité alimentaire et de malnutrition chroniques en paient les frais, et ce, dès l’enfance, avec une prévalence accrue des maladies, de mauvais résultats scolaires, des redoublements ou des déscolarisations, puis plus tard une faible productivité au travail et des revenus inférieurs tout au long de leur vie. Statistiquement, ces personnes sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté pendant toute leur existence. »

  • Plus généralement, 3 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à une alimentation saine, ce qui représente plus de la moitié de la population dans des régions comme l'Afrique subsaharienne. Près de 2 milliards de personnes dans la seule région de l'Asie et du Pacifique n'ont pas les moyens de se procurer de la nourriture saine en raison de coûts trop élevés (environ 4,15 dollars par jour). 

Comment la faim affecte les gens dans le monde entier

Pendant les années qui ont précédé la pandémie, la crise alimentaire mondiale s’aggravait déjà en raison de conflits répétés, des conséquences de plus en plus graves du changement climatique, des dysfonctionnements des systèmes alimentaires et de programmes d'aide sociale défaillants. Cette situation découle également d'une économie mondiale impitoyable qui chasse les populations de leurs terres, qui les prive des formes traditionnelles d'agriculture de subsistance et qui fait augmenter le coût des denrées alimentaires. 

La pandémie de COVID-19 a accentué ce phénomène. Dès lors que les gouvernements ont commencé à ordonner la fermeture d'établissements pour freiner la propagation du virus, les répercussions ont été immédiates. Comme les ouvriers ne pouvaient plus travailler dans les fermes et que les agriculteurs ne pouvaient plus vendre leurs récoltes sur les marchés en raison de la distanciation physique, les systèmes alimentaires ont commencé à s'effondrer dans de nombreux pays à faible revenu. L'élimination du jour au lendemain de secteurs entiers de l'économie a entraîné une montée en flèche du chômage dans le monde entier, provoquant une baisse des revenus et une diminution des envois de fonds. En conséquence, les populations ne pouvaient plus se permettre de se nourrir. 

Dans les pays sans aide gouvernementale adéquate, il n'y avait guère de filet de sécurité pour venir en aide aux personnes frappées par la crise. Dans le cas du Yémen, une enquête réalisée au début de la pandémie a révélé que 62 % des personnes interrogées n'avaient pas les moyens de se procurer de la nourriture et de l'eau. Aux États-Unis, les files d'attente pour les banques alimentaires s'étendaient sur des kilomètres entiers. Dans les favelas brésiliennes, de nombreuses personnes n'ont toujours pas reçu d'allocations gouvernementales d'urgence.

La malnutrition et la sous-alimentation compromettent la santé d'une personne dès lors qu'elles se produisent. Mais dans le contexte de la COVID-19, ces conditions deviennent encore plus dangereuses. Les personnes souffrant de carences nutritionnelles chroniques voient leur système immunitaire s'affaiblir, ce qui les expose à des infections plus graves.  

À mesure que les vaccins contre la COVID-19 sont déployés, les pays risquent de revenir à un statu quo imparfait s'ils ne parviennent pas à élaborer des plans de relance qui répondent à plusieurs crises à la fois. Sans interventions urgentes, la crise alimentaire mondiale s'aggravera dans les mois et les années à venir, menaçant la vie de centaines de millions de personnes. 

C'est pourquoi Global Citizen appelle les dirigeants mondiaux à investir dans les systèmes alimentaires nationaux et internationaux afin de garantir que la faim dans le monde puisse être éradiquée en même temps que le virus de la COVID-19. Dans un avenir immédiat, les gouvernements donateurs et les pays en développement doivent investir 10 milliards de dollars dans des programmes de protection sociale, l'agriculture, le développement rural et les systèmes alimentaires. 

Comment nous pouvons mettre fin à la crise alimentaire mondiale

Take-home ration distribution at Kakamar Primary School, July 2020. The Government of Uganda and the WFP are distributing food rations to children in the Karamoja region in Uganda to support home-learning while schools remain closed due to the COVID-19.
Take-home ration distribution at Kakamar Primary School, July 2020. The Government of Uganda and the WFP are distributing food rations to children in the Karamoja region in Uganda to support home-learning while schools remain closed due to the COVID-19.
Image: © Hugh Rutherford/WFP

Le monde dispose de suffisamment de denrées alimentaires pour éliminer la faim. Parallèlement, le système alimentaire mondial peut être réformé afin de proposer une alimentation plus abondante et plus saine. 

Tout cela signifie que la crise alimentaire mondiale se résume à des décisions politiques, à savoir la décision de répartir les ressources et les revenus de manière extrêmement inégale. La pandémie COVID-19 a illustré ces inégalités de manière frappante, qu'il s'agisse de l'accumulation extrême de richesses par les milliardaires au cours de l'année écoulée ou de la manière dont les pays les plus pauvres ont été systématiquement privés d'accès aux vaccins

En révélant ces injustices, la pandémie montre également comment y remédier et les surmonter. Dans les mois à venir, les pays ont la possibilité de rompre avec l'ancien statu quo pour transformer le système alimentaire et l'économie mondiale afin d'éradiquer la faim une fois pour toutes.

Dans l'immédiat, il faut distribuer de la nourriture et de l'argent aux communautés les plus vulnérables du monde entier pour qu'elles puissent manger à leur faim pendant la pandémie. Global Citizen appelle les gouvernements à soutenir le travail du Programme alimentaire mondial en fournissant des repas scolaires aux élèves et en assurant directement des transferts d'argent liquide. 

Ces programmes d'aide sociale doivent être intégrés dans des programmes permanents afin que les populations du monde entier puissent toujours avoir accès à des aliments nutritifs et avoir les moyens de s'en procurer.

Les pays à forte population rurale doivent également veiller à ce que les petits exploitants agricoles puissent s'engager de manière productive dans l'agriculture. Un trop grand nombre d'agriculteurs dans le monde entier luttent pour exploiter pleinement le potentiel de leurs terres et gagner un salaire équitable en contrepartie de leur travail. C'est pourquoi Global Citizen exhorte les dirigeants mondiaux à contribuer à la reconstitution du Fonds international de développement agricole (FIDA) afin qu'il puisse aider les agriculteurs à surmonter les effets du changement climatique, à accroître leurs revenus et à faire prospérer leurs entreprises. 

Cela nous amène à aborder une question plus large : celle des chaînes et des systèmes d'approvisionnement alimentaire dans leur ensemble. Les incitations actuelles du marché ont bouleversé la production alimentaire de telle sorte à exacerber le changement climatique et à limiter l’étendue des choix alimentaires des populations.

Dans les années à venir, l'agriculture doit cesser de dépendre de l'élevage de bétail. Ce type de culture est à l'origine d'une déforestation généralisée, de la détérioration des sources d'eau et de la dégradation des sols ; il est donc nécessaire d'adopter des formes d'agriculture plus durables qui maximisent la quantité de calories produites par acre, tout en permettant à l'environnement mondial de se régénérer.


D'ici 2050, la population mondiale devrait atteindre 10 milliards de personnes, dont la plupart aura besoin d'une alimentation adéquate et nutritive. La planète ne sera pas en mesure de soutenir une expansion du système alimentaire actuel pour faire face à cette augmentation. Par conséquent, les pays doivent agir dès maintenant pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et l'utilisation des terres par le secteur agricole. Sinon, la crise climatique s'aggravera, compromettant davantage la production de denrées alimentaires.

Il existe des solutions concrètes qui peuvent être mises en œuvre, notamment l'élimination du gaspillage alimentaire, la promotion de régimes alimentaires à base de plantes, la suppression progressive de l'utilisation de la bioénergie et l'amélioration du rendement des cultures. Ces efforts doivent s'inscrire dans un cadre plus large de justice et de solidarité internationale, sans quoi la concurrence en matière de ressources entraînera une diminution de leur disponibilité pour tous. 

La pandémie de COVID-19 a montré à quel point le monde est interconnecté : un virus apparu dans une région du monde a rapidement submergé des pays situés à des milliers de kilomètres de son lieu d'origine. On oublie souvent que la pandémie de COVID-19 est probablement liée aux dysfonctionnements du système alimentaire mondial. L’agent pathogène du virus ne se serait peut-être jamais propagé d’une espèce à l’autre si la déforestation, la perte d'habitat et le braconnage des animaux n'avaient pas été aussi importants.

L'ancien système alimentaire nous a fait défaut à bien des égards. Il est désormais temps de forger un nouveau modèle qui préserve la santé de la planète tout en permettant à chacun de consommer des aliments de qualité. 

Global Citizen Explains

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Par Joe McCarthy