En août dernier, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié un rapport qui dressait un tableau du monde assez sombre dans le cas où nous ne prendrions pas de mesures contre le changement climatique : vagues de chaleur extrêmes tous les cinq ans, élévation du niveau de la mer et acidification des océans. Mais si cet avertissement ne suffit pas, l’état actuel des événements météorologiques extrêmes devrait l’être.

Au cours des derniers mois, la planète a subi les effets dévastateurs des catastrophes liées au changement climatique, y compris des incendies de forêt dévastateurs et une force augmentation de tempêtes comme l’ouragan Ida aux Caraïbes et aux États-Unis. Alors que le changement climatique tue de plus en plus de personnes chaque année, les populations vulnérables, déjà grandement menacées par la pauvreté, seront les plus durement touchées.

Mais il y a encore de l’espoir. Les dirigeants mondiaux se réunissent cet automne à la COP26, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, pour mettre en œuvre des politiques et pour discuter de solutions pouvant nous aider à atténuer les effets du changement climatique et nous aider à nous y adapter. L’une de ces solutions vient de la nature et est prête à être déployée dès aujourd’hui : les forêts.

Le reboisement et la sauvegarde de forêts saines sont parmi les moyens les plus simples et les plus naturels de capter le dioxyde de carbone dans l’atmosphère et par la même occasion d’emprisonner les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais lorsqu’arrive la décision de choisir où préserver les forêts et où faire pousser des arbres, les défenseurs de l’environnement doivent garder à l’esprit les solides principes écologiques et scientifiques afin de s’assurer que leurs efforts soient le plus bénéfique possible.

« Il est primordial de s’assurer que le bon arbre soit cultivé au bon endroit. Tous les endroits n’ont pas besoin de la même quantité d’arbres, ni même d’arbres du tout », a déclaré Nicole Schwab à Global Citizen, co-responsable des solutions basées sur la nature au Forum économique mondial. « Par exemple, il existe des écosystèmes de prairies très fonctionnels et intacts qui devraient rester non boisés parce qu’ils ont un rôle écologique incroyablement important. »

Pour cette raison, l’équilibre est la clé. Les initiatives de reboisement et de sauvegarde, telles que la culture d’arbres, doivent être soigneusement conçues et mises en œuvre pour éviter de faire plus de mal que de bien à l’environnement, en se concentrant par exemple sur la plantation d’espèces d’arbres locales plutôt que non locales. Ces initiatives doivent également donner la priorité aux régions qui ont besoin d’une plus grande abondance d’arbres.

« Dans les zones où il y a eu une dégradation importante des forêts naturelles, nous avons l’occasion d’agir maintenant et de manière spectaculaire », a ajouté Schwab. « Certaines zones ont besoin de sauvegarde et de protection d’arbres, d’autres ont besoin d’une restauration assistée ou passive de forêts dégradées et d’autres ont besoin de mesures concrètes de reboisement. »

Dans cette optique, le Forum économique mondial a lancé 1t.org, une initiative conçue pour servir la communauté mondiale du reboisement en mobilisant l’ambition et l’engagement du secteur privé, en accélérant la remise en état dans les régions prioritaires et en donnant à une nouvelle génération d’écopreneurs les moyens d’agir contre le changement climatique.

Du reboisement de la région du Sahel dans le cadre de l’initiative Grande Muraille Verte à la culture d’arbres dans des zones urbaines historiquement exclues des États-Unis qui manquent d’espaces verts, 1t.org rassemble des gouvernements, des entreprises, des ONG, des écopreneurs ainsi que des jeunes pour soutenir les investissements dans la nature qui atteignent l’ampleur du changement dont la planète a besoin.

Trois choses à savoir sur les arbres

  1. Les forêts du monde ont absorbé deux fois plus de dioxyde de carbone qu’elles n’en ont émis entre 2001 et 2019, agissant comme des « puits de carbone » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

  2. Les effets du racisme systémique, tels que le redlining, les politiques discriminatoires et le désinvestissement, ont empêché l’équité des arbres dans les quartiers urbains abritant des communautés de couleur.

  3. Investir dans des projets de reboisement peut créer de l'emploi, lutter contre la pollution de l’air et accroître la disponibilité des sources de nourriture.

Comment les arbres profitent-ils aux personnes vivant dans la pauvreté ?

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que nous perdons environ 10 millions d’hectares de forêts chaque année, en raison de la croissance démographique et la hausse de la consommation. Si nous continuons à perdre des arbres à ce rythme alarmant, le monde connaîtra une perte de biodiversité écologique et de millions d’emplois.

La biodiversité est un outil de régulation important pour les écosystèmes de la terre, chaque espèce végétale et animale a un rôle à jouer. Lorsque les arbres sont abattus et non remplacés, toutes les formes de vie sur Terre sont en danger.

C’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes au milieu de la sixième extinction de masse de la planète, qui menace notre capacité à accéder à des sources d’eau propre et à faire pousser des cultures. Et bien que certaines personnes ne ressentent pas de manière immédiate les impacts de la déforestation, c’est une question de vie ou de mort pour les 689 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté qui subissent la perte de forêts.

L’intensification des efforts de reboisement peut maintenir les moyens de subsistance et créer de nouveaux emplois durables, d’autant plus que les forêts fournissent déjà plus de 86 millions d’emplois verts dans le monde. Au fur et à mesure que de plus en plus d’initiatives seront mises en place pour impliquer les communautés rurales dans la culture des arbres et les efforts de préservation, davantage de personnes seront en mesure de générer des revenus en participant à des pratiques agroforestières durables.

En plus de capter le carbone de l’atmosphère, les arbres apportent une variété d’avantages sanitaires pour des personnes qui les entourent, ce qui peut remédier à certains effets du racisme environnemental.

De temps en temps, nous voyons des reportages sur les impacts du racisme environnemental : des niveaux élevés d’empoisonnement au plomb entrainant des effets néfastes sur la santé des personnes vivant à Flint, au Michigan ; les communautés noires et hispaniques éprouvant des problèmes respiratoires associés à la pollution de l’air ; d’énormes tas d’ordures nuisant à la santé de personnes à faible revenu dans les pays en développement.

Ces incidents ne sont pas isolés et touchent principalement les personnes de couleur qui vivent dans des zones urbaines où les espaces verts sont moins susceptibles d’exister. Mais le fait de planter et faire pousser des arbres dans ces zones peut agir comme une défense naturelle contre certaines des menaces posées par le changement climatique, telles que la chaleur extrême et la pollution de l’air.

Les arbres réduisent les températures régionales en fournissant de l’ombre, ce qui peut prévenir une partie des 5 millions de décès causés par des températures extrêmes chaque année. En outre, les arbres peuvent nettoyer l’air, filtrer l’eau et améliorer notre santé mentale, ce qui contribue à assurer aux populations une vie plus saine.

Comment est-ce que 1t.org cultive des arbres et inspire les communautés locales ?

La lutte contre les inégalités sociales doit être un élément clé des initiatives de reboisement afin de s’assurer que la défense de la planète ne finisse pas par coûter la vie et les moyens de subsistance aux personnes à faible revenu. Alors que la communauté mondiale de 1t.org s’efforce de reboiser les régions du monde qui en ont le plus besoin, elle travaille également avec des ONG, des groupes de la société civile et des écopreneurs sur le terrain pour intensifier les initiatives de reboisement.

Actuellement, 1t.org dispose de quatre pôles régionaux : les États-Unis, le Sahel, l’Amazonie et l’Inde. Dans chacune de ces zones, il est nécessaire de soutenir le reboisement tout en renforçant les solutions locales et en venant en aide aux efforts locaux.

Aux États-Unis, 1t.org s’est associé à l’organisation de préservation à but non lucratif American Forests. Cette ONG a développé un outil majeur appelé Tree Equity Score qui identifie les villes et les villages qui n’ont pas assez d’arbres et qui sont les plus touchés par le racisme systémique.

« [Le racisme systémique] représente un enjeu de vie ou de mort, car les habitants de ces quartiers sont les plus menacés en raison de facteurs tels que le logement et l’état de santé, et [un] manque d’arbres peut augmenter les températures jusqu’à 20 ° F », a déclaré Jad Daley, président et chef de la direction d’American Forests. « Nous sommes engagés dans l’équité des arbres en faveur de la justice climatique. »

Dans les pays en développement, il est également nécessaire de promouvoir et de travailler avec les efforts locaux pour obtenir un impact socialement et écologiquement responsable. En Afrique subsaharienne, 1t.org soutient la Grande Muraille Verte pour le Sahara et l’initiative sahélienne pour connecter les parties prenantes ainsi que soutenir l’écopreneuriat et l’innovation.

« C’est un objectif incroyablement ambitieux de développer une merveille naturelle de 8 000 km sur toute la largeur de l’Afrique pour lutter contre la désertification et fournir de la nourriture aux communautés locales grâce à des pratiques telles que l’agroforesterie », a déclaré Florian Reber à Global Citizen, responsable de la communauté chez 1t.org.

Il a ajouté : « En Amazonie, nous rassemblons des collaborations régionales et internationales pour aider à construire une bioéconomie durable qui fournira des moyens de subsistance aux habitants tout en restaurant les forêts. »

Alors que les chefs de gouvernement se réunissent pour faire face à la crise climatique à la COP26 cet automne, le secteur privé doit faire sa part en prenant des mesures pour lutter contre les effets dévastateurs du changement climatique. Le reboisement est une solution qui ne peut qu’avoir d’excellents résultats sur l’environnement et les communautés locales, mais elle ne doit pas être la seule mesure prise par les organisations et les entreprises de préservation.

Des initiatives comme 1t.org investissent dans des solutions naturelles contre le changement climatique en cultivant et en préservant les forêts du monde entier. Mais les individus peuvent également passer à l’action pour défendre la planète et vaincre la pauvreté. Lorsque notre travail intègre une approche intersectionnelle, les Global Citizens ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique et la réduction des inégalités pour les personnes partout dans le monde.

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Par Jaxx Artz