Les 10 prochaines années seront décisives pour agir sur la crise du climat. Un changement sans précédent est nécessaire pour que les émissions de carbone soient réduites de moitié d’ici 2030 et que la planète atteigne la « neutralité carbone » (ou « net zéro ») d’ici 2050. Il est essentiel d’atteindre ces objectifs pour limiter l’augmentation de la température mondiale à un maximum de 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels, un point de référence essentiel que les pays doivent respecter dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. 

Il est important que chaque citoyen, en particulier ceux qui peuvent se le permettre dans les pays riches et qui ont le plus contribué au changement climatique, s’efforce activement de réduire leur empreinte carbone pour atteindre ces objectifs. Voici ce qui s’est passé lorsque la rédactrice britannique de Global Citizen, Helen Lock, s’est consacrée pendant un mois à cette tâche. 

Je me suis inscrite à ce défi d’un mois sans trop de pression. Je savais que cela impliquerait sûrement quelques changements, mais combien cela pouvait-il être difficile ? Nous sommes tous conscients que nous pourrions faire plus pour réduire notre impact sur la planète, des pensées comme « je dois recycler ça » ou « je devrais commander le hamburger végétarien » nous traverse l’esprit tout le temps. Ce mois-ci, je me suis donc dit que tout ce que j’avais à faire était d’écouter cette voix.

C'était, bien évidemment, plus facile à dire qu’à faire. Ces pensées peuvent être oubliées en un instant dès que vous jetez l’emballage à la poubelle en vous précipitant vers la sortie, ou quand vous voyez votre plat préféré au menu et qu’il contient de la viande.

Et, comme à chaque fois que vous apprenez quelque chose de nouveau, vous creusez un peu pour voir apparaître de nouveaux défis. J’ai vraiment suivi une courbe d’apprentissage ce mois-ci.

Mon empreinte carbone

Pour commencer, je voulais calculer mon empreinte carbone actuelle. Il existe de nombreux calculateurs d’empreinte carbone, l’organisation à but non lucratif WWF propose un questionnaire, ou vous pouvez vous rendre sur carbonfootprint.com pour obtenir une évaluation détaillée. Vous pouvez également télécharger l’application Klima qui vous renseigne sur la réduction des émissions de carbone.

J’ai choisi d’utiliser Giki Zero, Giki signifiant « Get Informed, Know your Impact » (s’informer, connaître son impact), car il contient de nombreux conseils et astuces. Grâce à son système semblable à celui d’un jeu, on gagne des « points Giki » pour chaque type d’action que vous entreprenez, des « victoires rapides » aux « grands changements. » L’on a l’impression de faire des progrès. Au fur et à mesure que vous « complétez » les actions, vous voyez votre empreinte, représentée par vos émissions annuelles moyennes, diminuer sur un graphique dans le tableau de bord des progressions.

Mon empreinte carbone a été estimée à 5 067 kg d’émissions de carbone par an — après avoir fourni des estimations sur la consommation d’eau, la consommation de gaz, le chauffage, mes habitudes de voyage et d’alimentation.

C’est plus du double des 2,5 tonnes (2 500 kg) de carbone par an que Giki Zero recommande à chacun de réduire d’ici à 2030 afin de réussir à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius maximum.

Je me sens un peu fière quand même que mon empreinte soit inférieure à la moyenne britannique, de neuf tonnes selon l’application, certainement parce que je n’ai pas de voiture. Elle est, toutefois, aussi probablement inférieure à ce qu’elle devrait être de manière réaliste.

Je pourrais certainement entrer dans le calculateur des informations plus précises sur le fonctionnement de mon logement, au lieu de les supposer, ou sur les services que j’utilise (il y a la possibilité d’ajouter des détails sur vos services financiers comme votre banque, par exemple). Aussi, je relève ce défi pendant la pandémie de COVID-19, ce qui me donne l’impression de tricher.

Les restrictions sont levées au Royaume-Uni, mais mon mode de vie est toujours différent de la normale. Au cours du mois dernier, je me suis déplacée grâce aux transports publics et je n’ai pris qu’un seul Uber. Utiliser mon vélo plus souvent, l’un de mes objectifs du mois, était particulièrement facile puisque je n’avais pas beaucoup d’endroits où aller et que c’est l’été. Voyager en avion émet une quantité considérable de carbone dont je dois être plus vigilante en hors de la période du COVID-19.

L’application indique également les travaux de rénovation que les gens peuvent entreprendre pour rendre leur maison plus durable, mais comme je loue un appartement, je n’ai pas la main sur ça.

J’ai demandé conseil à Jo Hand, cofondatrice de Giki Zero. « Il y a toujours des choses qui sont plus faciles pour certaines personnes que pour d’autres, par exemple, si vous vivez dans un logement locatif ou une résidence universitaire, il est difficile de faire certains changements, » m'a-t-elle expliqué. « Certaines personnes vivent à la campagne et ne peuvent pas se passer d’une voiture. Il s’agit donc d’examiner ce qui est réalisable pour vous et de commencer par là. »

« C’est un changement progressif, » a-t-elle ajouté, « vous ne vous réveillerez pas un matin en menant un mode de vie totalement durable. »

Alimentation

Il y a certainement des changements que je peux effectuer. Tous les conseils pour lutter contre le changement climatique indiquent que manger moins de viande et passer à un régime alimentaire basé sur des plantes est l’un des meilleurs moyens de réduire son empreinte carbone : je suis donc partie de là.

D’après Giki, nos habitudes alimentaires représentent 32 % de nos émissions de carbone — et cela concerne l’alimentation et des aspects comme la quantité de nourriture que nous gaspillons. Les régimes végétaliens génèrent 45 % de carbone en moins qu’un régime classique, l’impact est donc significatif.

Je me suis engagée à être végétarienne, je me suis mise à consommer du lait végétal, ce qui a un impact bien moindre que les produits laitiers, et j’ai acheté un tas de légumes et de céréales biologiques lors de mes premières courses. 

Il se peut que j’aie *peut-être* oublié mon nouveau régime végétarien au pub le premier week-end — quand j’ai accidentellement commandé une pizza pepperoni. Cependant, j’ai découvert la première semaine ma nouvelle recette de prédilection, une salade de lentilles et de pois chiches citronnés avec de l’halloumi frit. 

J’ai commencé à emporter partout ma tasse à café réutilisable et ma bouteille d’eau. Je n’avais pas utilisé la tasse à café depuis la pandémie parce que certains cafés ne l’acceptaient pas pour des raisons d’hygiène, mais cela a désormais changé et le fait d’y penser chaque jour est une victoire facile, qui me rapporte 2 points Giki.

Giki Zero estime qu’une personne qui recycle tout ce qu’elle peut, chaque semaine, peut économiser 100 kg de carbone par an. En attendant, seulement une tasse à café sur 400 est recyclée, ce qui signifie que plus de 300 millions de tasses finissent dans les décharges chaque jour dans le monde.

Je n’avais jamais vraiment réfléchi à la raison pour laquelle les produits biologiques sont meilleurs pour l’environnement — j’y voyais plutôt une préférence personnelle. Mais il s’avère qu'il est recommandé d’acheter des produits bios pour réduire son impact environnemental et même si c’est plus cher, j’économise de l’argent en n’achetant ni viande ni poisson.

Les exploitations biologiques n’utilisent pas d’engrais chimiques comme l’agriculture conventionnelle. De tels engrais finissent par se répandre le plus souvent des champs vers les cours d’eau, créant des « zones mortes » dans les rivières et les étangs, car ils provoquent la prolifération d’algues qui étouffent la vie marine.

Cependant, comme pour beaucoup de ces choix de consommation, il existe un débat parmi les scientifiques sur la question de savoir si l’agriculture biologique peut vraiment fonctionner de manière durable en tant que système alimentaire. Elle a été critiquée parce que le rendement des cultures est inférieur à la quantité de terre utilisée et qu’elle rend l’accès à l’alimentation plus onéreux.

Je pense, toutefois, à ce qu’a déclaré la Soil Association sur la qualité des fermes biologiques pour la biodiversité permettant aux oiseaux et aux abeilles de prospérer, et au fait que la Grande-Bretagne est l’un des pays les plus appauvris en nature au monde, avec 30 % de ses oiseaux menacés d’extinction, et je me dis que c’est la meilleure chose à faire.

Au cours des deux premières semaines, j’ai trouvé des tuyaux et astuces pour utiliser moins de carbone qui m’ont surpris. Saviez-vous que cuire des légumes à la vapeur au micro-ondes consomme beaucoup moins de carbone que sur la plaque de cuisson, par exemple ? Les micro-ondes peuvent économiser jusqu’à 50 % sur les émissions de carbone par rapport à la table de cuisson. Garder les couvercles sur les casseroles est également une façon très simple d’utiliser moins d’énergie.

Hand m’a expliqué que ces actions relativement anodines peuvent faire la différence si elles sont effectuées de manière régulière. « Conduire à 80 km/h au lieu de 110 sur l’autoroute peut considérablement réduire les émissions de carbone [et] de la même manière, chauffer sa maison un degré de moins en hiver peut faire une grande différence, » a-t-elle dit.

J’essaye aussi de devenir une véritable végétalienne, mais c’est difficile car j’adore le fromage. Mais j’ai fini par mettre la main sur des shawarmas à base de fausse viande végétalienne, des « tranches de poulet » végétaliennes, des falafels et du houmous, et ainsi quelques options satisfaisantes ont fait leur retour sur le menu et les sandwichs au fromage ne sont plus qu’un lointain souvenir. À la fin du mois, j’ai parcouru beaucoup de chemin et je me suis retrouvée au pub, à manger un burger végétalien en regardant la finale de l’Euro 2020, en économisant potentiellement 130 fois moins de carbone qu’avec un hamburger au bœuf !

Emballages et articles ménagers

Toute cette fausse viande végétalienne est emballée dans du plastique, je suis donc confrontée maintenant à un autre problème. J’ai fait un effort encore plus important pour recycler, mais la quantité d’emballages qui accompagne chaque produit représente un véritable défi.

Le Royaume-Uni connaît un grave problème de déchets plastiques. Le pays n’a pas encore la capacité de tout recycler, et le gouvernement a donc expédié des tonnes de déchets vers des pays comme la Turquie, où ils sont déversés et brûlés. Je veux y contribuer le moins possible si je veux sérieusement réduire mon empreinte carbone.

Pour m’attaquer aux emballages, j’ai d’abord fait le point sur tout ce que j’ai chez moi en termes de shampooing et de produits de nettoyage, au lieu d’en acheter sans raison.

Je me suis, ensuite, rendue dans mon magasin local « zéro déchet, » qui s’avère être une ressource extraordinaire. J’y remplis ma bouteille de liquide vaisselle d’une de leurs marques, et j’achète une bouteille en verre facile à remplir et j’y verse du shampooing. Elle durera sûrement des années, et je pourrai la rapporter et la remplir à nouveau lorsqu’elle sera vide.

Je fais également des réserves de légumes qui n’ont pas été emballés dans du plastique et je prévois de revenir avec des boîtes pour des produits de base comme les pâtes, dont je commence à manquer.

Cette partie du défi est cependant assez difficile et me fait réaliser à quel point il est agaçant que les supermarchés traditionnels contiennent tant d’articles recouverts d’une sorte de film plastique qu’il n’est actuellement pas possible de recycler, ce qui signifie que tout doit aller à la décharge. Tout le monde n’a pas le temps de trouver et d’aller dans des boutiques qui ferment à 18 heures, comme celle que j’ai trouvée, qui est géniale et qui ne produit aucun déchet. La commodité est donc primordiale si l’on veut vraiment vivre de manière plus durable.

À la fin du mois, compte tenu de mon régime végétalien, de mes déplacements à vélo et de mes activités de recyclage et de réutilisation, mon tableau de bord Giki indique que j’ai réduis mon empreinte carbone annuelle moyenne d’environ une tonne, pour la ramener à 4 000 kg par an, principalement grâce à mon régime alimentaire, car c’est lui qui me rapporte le plus de points.

Changement de comportement

Des concepts tels que la réduction individuelle de l’empreinte carbone ou la compensation des émissions de carbone ont été critiqués parce qu’ils permettent aux grandes industries polluantes de s’en tirer à bon compte et de poursuivre leurs activités comme si de rien n’était.

Je suis d’accord que transférer entièrement le fardeau du changement sur les citoyens lorsque les gouvernements et l’industrie détiennent le vrai pouvoir est une erreur en soi — en même temps, il serait ridicule pour quelqu’un qui a le privilège financier et le temps dont je dispose de ne pas essayer de réduire son empreinte carbone. Comme le dit Emily Atkin, journaliste spécialiste du climat et auteur du bulletin quotidien Heated, lorsque les gens lui demandent ce qu’ils peuvent faire pour aider, sa réponse est « tout ce que pouvez ». Au stade où nous sommes, tout le monde peut aider.

 Il y a beaucoup de changements politiques qui pourraient aider, comme passer à la semaine de travail de quatre jours pour que les gens n’aient pas à se précipiter vers les solutions les plus rapides, ou une véritable interdiction du plastique à usage unique, mais je me sens motivée pour essayer de poursuivre l’action que j’ai entreprise parce qu’à l’échelle individuelle, les choix de chacun peuvent faire bouger les choses, et, vraiment, ce n’était pas si difficile.


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Par Helen Lock