Pourquoi les Global Citizen doivent-ils s'en préoccuper ?
L’Objectif mondial n°3 des Nations unies, qui permet à tous de vivre en bonne santé et de promouvoir le bien-être de tous, à tout âge, aspire à une couverture de santé universelle, y compris  à un accès équitable aux vaccins, tests et traitements contre la COVID-19, partout. Assurer l'égalité en matière d'accès aux soins de santé est le seul moyen de mettre un terme à la pandémie, pour de bon. Nous nous sommes ainsi entretenus avec un expert en santé publique de l'Organisation mondiale de la santé pour comprendre comment garantir cette égalité et mettre fin à la COVID-19. Rejoignez notre mouvement et obtenez plus d’informations sur notre “Plan de relance pour le monde” ici.

C’est la question qui brûle toutes les lèvres : comment mettre fin à la pandémie de COVID-19 ? Les vaccins étant disponibles, est-ce désormais possible ?

Le nombre de cas infectés commence à diminuer à travers le monde. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que le nombre d’infections a baissé de 16% la semaine dernière, passant ainsi à 2,7 millions, tandis que le nombre de décès a chuté de 10% – atteignant 81 000. Toutefois, le chemin est encore long avant que nous puissions retrouver une vie normale, et beaucoup estiment que le monde ne sera plus jamais le même.

Il y a des questions essentielles auxquelles il faut répondre.

A titre d’exemple, comment la communauté internationale peut-elle réellement mettre fin à la pandémie ? Les diverses mutations du virus, comme le variant britannique qui a été détecté dans 94 pays, pourraient-elles entraver [la résolution de cette crise] ? En outre, dans quelle mesure la distribution inégale des vaccins, communément appelée le nationalisme vaccinal, ralentit-elle ce processus ?

Global Citizen s'est entretenu avec le docteur Bruce Aylward, Conseiller principal en matière de changement organisationnel du directeur général de l'OMS pour faire lumière sur ces problématiques.

L’OMS, avec la Commission européenne et le Premier ministre italien Mario Draghi, soutient la campagne de Global Citizen, pour nous remettre sur la bonne voie – le “Plan de relance pour le monde”, en une année.

Vous trouverez ici plus d’informations sur cette campagne et comment agir à nos côtés pour mettre fin à la COVID-19 et à la crise alimentaire mondiale, [s’assurer que les enfants] reprennent le chemin de l'école, partout dans le monde, protéger la planète et exiger l'équité pour tous.

Fort de plusieurs décennies d'expérience dans la gestion des crises de santé publique, le docteur Aylward a dirigé la mission de l'OMS en Chine pour recueillir des informations sur [l’origine de] la COVID-19. Il a également géré la réponse de l'OMS à l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Autrement dit, il sait de quoi il parle.

Et voici ce qu’il avait à partager avec nous.

Global Citizen: Est-il possible d'éradiquer complètement le coronavirus ?

Bruce Aylward : Il est trop tôt, à ce stade, pour le savoir, mais il est possible que le virus circule toujours au sein de groupuscules au cours des prochaines années.

Que doivent faire les Etats pour éradiquer la COVID-19 de la même manière qu’ils l’ont fait pour la variole ?

Des vaccins sûrs et efficaces changeront la donne, mais nous devons, pour l’instant, continuer de porter des masques, respecter la distanciation physique et éviter les bains de foule.

Être vacciné ne signifie pas que nous pouvons faire fi de toute prudence et nous mettre en danger ainsi que les autres, parce que nous ne savons toujours pas dans quelle mesure les vaccins nous protègent contre la maladie, mais aussi contre l'infection et la transmission.

La production de doses suffisantes de vaccins dépend de la coopération internationale : si la communauté internationale se rassemble pour investir dans la recherche, la capacité de production [des vaccins], l’achat, les transferts de technologie, le partage de la propriété intellectuelle ainsi que dans la distribution, nous pourrions [produire des vaccins] à une vitesse sans précédent.

Des vaccins sûrs et efficaces ne peuvent, à eux seuls, mettre un terme à la pandémie. Il est également essentiel de développer un diagnostique rapide et des médicaments vitaux afin de mettre fin à la pandémie et d’accélérer une reprise d'activités mondiale. Ces outils vitaux ne seront efficaces que s'ils sont disponibles pour [les personnes] les plus vulnérables, de manière équitable, et en même temps dans tous les pays, et que si des systèmes et des services de santé solides sont en place pour les fournir.

Nous avons aussi besoin de forts engagements politiques et financiers de la part des gouvernements. Sans eux, COVAX [un mécanisme oeuvrant à acheter et fournir deux milliards de doses de vaccins, d'ici la fin de 2021, aux pays à faible revenu] ne pourra pas distribuer les vaccins nécessaires à tout le monde, dans tous les pays, pour mettre fin à cette pandémie.

Si nous devons apprendre à vivre avec le virus, à quoi ressemblerait cette “nouvelle normalité” ?

Il est vraiment impossible de spéculer sur ce sujet, pour le moment. C'est un nouveau virus et nous sommes toujours en phase d’apprentissage. Il est possible que nous ayons besoin de nous faire vacciner régulièrement, mais il est trop tôt pour le savoir.

Dans quelle mesure les mutations du virus entravent-elles nos chances de retrouver un semblant de normalité ?

L'OMS travaille avec des scientifiques et nous sommes en contact étroit avec les responsables de la santé au Royaume-Uni, au Brésil, en Afrique du Sud et dans le monde entier, pour comprendre comment ces mutations affectent le comportement du virus, et si elles peuvent entraîner des maladies plus graves ou avoir des répercussions sur les vaccins ou les tests de diagnostic.

Plus nous permettons au virus de se propager, plus il a de chances d'évoluer. Les virus évoluent lorsqu'ils circulent, et ces mutations peuvent causer des changements de caractéristiques du virus. Il demeure essentiel de stopper sa propagation à la source : l'hygiène des mains, la distanciation sociale, le port du masque et tous les autres gestes barrières pour réduire la transmission du virus. Plus les gens se feront vacciner, moins le vaccin circulera, et moins il y a aura de mutations et de variants.

L'apparition de nouveaux variants souligne la nécessité d'améliorer la surveillance et le séquençage du génome du virus dans le monde entier, partager les données, renforcer la collaboration entre les partenaires de santé publique, développer les plateformes nationales de données pour documenter les données cliniques et épidémiologiques ainsi que les capacités de séquençage du génome du virus à travers le monde.

Bien que l'OMS ne recommande pas, à l'heure actuelle, l'application de restrictions de voyage généralisées, nous comprenons que certains pays introduisent ces restrictions à titre de mesure de précaution limitée dans le temps, et en tenant compte de leur situation nationale. 

L'OMS recommande d'adopter une approche fondée sur les risques afin de réduire les exportations, les importations et la transmission du SRAS-CoV-2 associées aux voyages, en évitant toute interférence injustifiée avec le trafic international. Il faut toujours donner la priorité et faciliter les déplacements essentiels.

Pourquoi une distribution équitable des vaccins est-elle un facteur crucial pour mettre fin à la pandémie ?

La COVID-19 ne peut pas être combattue pays par pays. Le bulletin épidémiologique montre qu'aucun pays ne sera à l'abri des retombées de la pandémie tant que tous les pays ne seront pas en sécurité. 

Le fait que de nombreux Etats aient fait face à des flambées épidémiques de rougeole et aient même changé, il y a peu, de status [après avoir officiellement réussi à éliminer la rougeole], et ce malgré des taux de vaccination extrêmement élevés, montre qu’une couverture [vaccinale] nationale n'est pas suffisante – elle doit couvrir chaque communauté, chaque famille.

Une étude du laboratoire MOBS de [l'université de] Northeastern, en partenariat avec la Fondation Bill et Melinda Gates, a récemment estimé que si les deux premiers milliards de doses d'un vaccin efficace à 80% étaient distribuées équitablement dans le monde, l’on pourrait éviter 6 décès sur 10. Mais si 50 pays monopolisent les approvisionnements en vaccins contre la COVID-19, près de la moitié des décès seulement seraient évités.

Qu'est-ce que le nationalisme vaccinal et de quelle manière est-il en contradiction avec [une distribution équitable des vaccins] ?

Le nationalisme vaccinal fait référence à l'état d’esprit selon lequel les vaccins sont une propriété nationale plutôt qu’internationale, mettant ainsi les pays en concurrence les uns avec les autres pour être les premiers à vacciner leurs populations.

Nous reconnaissons que chaque pays a une responsabilité envers sa population et défend ses intérêts. Toutefois, dans un environnement où l'offre est limitée – ce qui sera le cas de l'année 2021 – la meilleure approche est une démarche globale favorisant une distribution juste et équitable des vaccins. 

Le Mécanisme COVAX, que l'OMS soutient pleinement et qu’elle codirige – est le seul dispositif mondial de la sorte qui nous offre cela. Les accords bilatéraux conclus par les pays les plus riches compliquent quelquefois la distribution juste et équitable des vaccins. Nous savons que protéger uniquement les pays développés ne mettra pas fin à la pandémie. Nous devons garantir que les vaccins contre la COVID-19 soient abordables et accessibles à tous les pays.

Ce n'est qu'en garantissant à tous les pays un accès équitable aux vaccins, aux tests et aux traitements que nous pourrons mettre un terme à la pandémie et à ses effets dévastateurs pour tous.

Combien de fonds supplémentaires sont-ils nécessaires pour éliminer la COVID-19 ?

Pour atteindre son ambitieux objectif, COVAX cherche à lever au moins 7,7 milliards de dollars en 2021: 1,3 milliard de dollars dédié à la recherche et au développement, au moins 4,6 milliards de dollars consacrés à l'achat de vaccins et 1,8 million de dollars pour l’assistance à la livraison dans les pays les moins développés.

Etant donné la trajectoire actuelle, combien de temps faudra-t-il pour atteindre une couverture vaccinale mondiale de 70%, mettant ainsi fin à la pandémie ?

Il est trop tôt pour spéculer car le virus est nouveau et nous sommes, tous les jours, en phase d’apprentissage.

Cela dépend clairement d'un certain nombre de facteurs, notamment l'approbation réglementaire et le succès des [vaccins] candidats. Aussi, l’augmentation du volume de fabrication [des vaccins] et, pour le COVAX, le partage des doses ainsi que l’engagement des donateurs.


Vous pouvez obtenir plus d’informations ici sur la manière dont le ‘Plan de relance pour le monde” de Global Citizen s’efforce de combattre la COVID-19, en rassemblant les dirigeants mondiaux et les Etats, les artistes et les animateurs, les philanthropes, le secteur privé et d'autres, autour de la table pour aider tout le monde, partout. Vous pouvez agir à nos côtés, dès maintenant, ici.

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Par James Hitchings-Hales