Malgré l'impact dévastateur de la crise sanitaire de la COVID-19, un Français sur quatre se sent plus solidaire avec les personnes vivant dans d’autres pays, selon les résultats d'un sondage sur la manière dont la pandémie a influencé les attitudes des Français envers la solidarité internationale, publiés le 26 mai.
L'association Focus 2030 a collaboré avec le Development Engagement Lab, University College London et Birmingham University pour produire cette étude d'opinion.
À l’heure où la campagne de vaccination contre la COVID-19 s’accélère en France, la majorité des personnes interrogées affirme soutenir les efforts de solidarité internationale pour garantir un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 pour tous les pays, ainsi qu'un soutien économique aux nations les plus vulnérables.
Les Français sont conscients des disparités qui persistent, entre les pays riches, comme ceux de l'Union européen (UE), et les pays pauvres, dans l'accès aux vaccins.
« Une personne sur six a reçu le vaccin en Europe, une sur cinq en Amérique du Nord, mais seulement une sur 100 en Afrique. C'est inacceptable, » avait déclaré le Président Emmanuel Macron.
Aussi, 51% des Français sondés ont affirmé qu'il est essentiel que les populations vulnérables et le personnel de santé, dans tous les pays, soient vaccinés en même temps.
Tandis que la France avait pré-commandé, en décembre 2020, assez de doses pour vacciner 100 millions de personnes – alors que le pays compte 67 millions d’habitants – les trois quarts des Français interrogés ont conscience que les pays riches ont plus accès aux vaccins contre la COVID-19.
En outre, l’accès aux vaccins contre la COVID-19 ne devrait pas faire l'objet de privilège économique, lié à la capacité de certains États d’acheter les vaccins, ou scientifique, lié au fait d’avoir découvert un vaccin, selon plus de 50 % des Français qui ont répondu à l'enquête.
Pour Arnaud Gaillard, sociologue chez Focus 2030, les résultats du sondage relèvent probablement plus d'une prise de conscience des enjeux internationaux plutôt que d'une « solidarité qui a goût de générosité. »
« La pandémie est une occasion permettant aux Français de comprendre l'interconnexion entre les pays et les populations sur une même planète. Il s'agit de réaliser que si l'on ne s'en sort pas, tous, alors personne ne s'en sort, et nous non plus, » explique t-il à Global Citizen.
Toutefois, « il y a un terreau de compréhension, d'adhésion au principe de solidarité en France, » nuance-t-il. « La solidarité fait appel à l’égalité entre les personnes et le principe d'égalité irradie la société française. »
Les Français sondés sont prudents quant aux conséquences économiques de l'épidémie : 37 % des personnes interrogées estiment que tous les pays ont été touchés par les conséquences économiques, comme le chômage et la pauvreté, de la même manière.
Faire pression sur la Big Pharma
« Les Français interrogés aspirent à un accès universel [des vaccins contre la COVID-19] et sont résolument favorables à une action du gouvernement pour y parvenir, à la fois en levant les brevets [sur les vaccins] et en collaborant avec les entreprises pharmaceutiques pour réduire les prix des vaccins, » explique Paolo Morini, chercheur principal au Development Engagement Lab, à Global Citizen.
En effet, selon la majorité des personnes sondées (78 %), réduire le prix des vaccins est une solution efficace pour donner accès aux pays en développement aux vaccins contre la COVID-19.
Pour ce faire, l'État français a un rôle à jouer.
Parmi les Français interrogés, 60 % estiment que le gouvernement de Jean Castex devrait soutenir l’initiative de certains pays en développement qui appellent à bénéficier d’un libre accès aux brevets et aux savoir-faire des entreprises pharmaceutiques pour fabriquer des vaccins sur leur sol.
Aussi, 69 % des personnes interrogées souhaitent que la France oblige les sociétés pharmaceutiques à rendre public les prix des vaccins.
Enfin, la crise sanitaire ne doit pas entraver la réalisation des Objectifs mondiaux.
En amont de la COP26, qui se tiendra à Glasgow en novembre 2021, il est important, voire très important, que les fonds mobilisés par les États pour soutenir les plans de relance dans le monde soient strictement conditionnés au respect de normes environnementales et sociales, selon la majorité des Français participant au sondage (59 %).
Plus de 2000 personnes ont été interrogées au cours de cette enquête en ligne. Elle a été réalisée par l’institut YouGov entre le 30 avril 2021 et le 5 mai 2021, soit pendant l’accélération de la campagne de vaccination dans l'Hexagone.