Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper
L'objectif mondial n° 16 des Nations Unies appelle les gouvernements à œuvrer pour la paix, la justice et des institutions fortes dans le cadre de leur engagement à mettre fin à l'extrême pauvreté d'ici 2030. Alors que le monde est confronté aux retombées de la pandémie de COVID-19, il est essentiel de construire des sociétés plus fortes et plus résistantes afin d'éviter que des crises similaires ne se reproduisent à l'avenir. Vous pouvez nous aider en passant à l'action ici.

La pandémie de COVID-19 a obligé tous les pays de la planète à s'adapter à une crise de santé publique sans précédent, certains réussissant mieux que d'autres à y faire face. Alors que les conséquences de cette pandémie sur la pauvreté, la faim et les Objectifs mondiaux des Nations Unies sont de plus en plus évidentes, ses effets à long terme sur la société dans son ensemble commencent également à se faire ressentir.

C'est précisément ce que l'initiative internationale More in Common a cherché à comprendre dans le cadre d'une récente étude.

En explorant les attitudes de 14 000 personnes aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Pologne, aux Pays-Bas et en Italie, les chercheurs ont évalué l'impact de la COVID-19 sur la confiance, la cohésion sociale, la démocratie et leurs attentes face à un avenir incertain.

Les résultats, publiés dans une nouvelle étude intitulée « The New Normal ? » font état d'espoirs de changements profonds au terme de la pandémie, ainsi que d'un regain de compassion, de solidarité et d'humanité partagée dans certains des pays les plus durement touchés. Selon les chercheurs, la plupart des gens souhaitent également que leurs gouvernements donnent la priorité aux soins de santé, à l'emploi et à l'environnement dans le cadre de leurs efforts de relance.

Toutefois, ces résultats plutôt optimistes sont contrebalancés par une méfiance accrue à l'égard des institutions gouvernementales, ainsi que par une anxiété importante face à l'instabilité et à la polarisation politiques, en particulier aux États-Unis. Dans d'autres pays, la déception quant à la manière dont le gouvernement a géré la crise a conduit certains à penser qu'aucun changement durable n'aurait lieu.

Voici un aperçu des conclusions tirées dans chacun des sept pays, ainsi que de leur signification pour les Global Citizens, alors que le monde est accablé par les conséquences de la pandémie.

La France

Bien qu'une majorité de Français ont respecté les mesures de confinement et ont fait preuve d'un plus grand sentiment d'empathie les uns envers les autres pendant la pandémie, la population s'est avérée très déçue de la façon dont le gouvernement a géré la COVID-19.

Selon l'étude, 6 Français sur 10 mettent en cause les dirigeants du gouvernement pour leurs actions durant la pandémie, alors que les personnes fortunées les talonnent de près.

Les Français souhaitent que des changements significatifs soient apportés pour améliorer le système de santé, réduire le chômage, protéger l'environnement et soutenir les petites entreprises. L'action en faveur du climat, en particulier, est apparue comme l'une des principales priorités des militants dans tout le pays.

Pourtant, très peu de gens s'attendent à des transformations majeures : 70 % des sondés doutant que les choses puissent changer après la crise.

L'Allemagne

Avec les Pays-Bas, l'Allemagne semble être un élément singulier de cette étude.

En effet, les Allemands se sont déclarés plus satisfaits de la manière dont leurs dirigeants ont fait face à la pandémie ; et, contrairement aux pays européens, la confiance nationale dans le gouvernement a augmenté de 28 %.

Bien qu'une majorité écrasante de la population (79 %) s'inquiète des conséquences économiques de la COVID-19, plus d'un Allemand sur trois se dit prêt à débourser un impôt sur le revenu plus élevé pour aider à financer la relance de son pays. De même, 35 % des personnes interrogées se sont dites « prêtes à payer des taxes plus élevées sur le carburant ou la possession d'une voiture pour contribuer à la protection de l'environnement ».

Selon les chercheurs, si une personne sur deux en Allemagne estime que la COVID-19 constitue une opportunité d'apporter des changements significatifs au fonctionnement du pays, la plupart doutent encore de la probabilité de voir des bouleversements importants se produire à l'avenir.

Les États-Unis

Alors que la sauvegarde de l'intégrité de la prochaine élection présidentielle de 2020 est apparue comme l'une des principales priorités des Américains, la population est considérée comme la plus optimiste quant à son propre pouvoir de susciter un changement en dépit de la pandémie.

« Quatre Américains sur cinq pensent que les citoyens peuvent changer la société par leurs décisions et leurs actions, ce qui représente un degré de confiance plus élevé que dans tout autre pays étudié », peut-on lire dans le rapport.

En moyenne, les informations liées à la COVID-19 émanant de sources scientifiques et médiatiques sont jugées dignes de confiance par la majorité de la population, mais l'étude révèle une méfiance croissante à l'égard du gouvernement ainsi que du reste de la population. Plus de la moitié des Américains pensent que le gouvernement leur cache des informations relatives à la COVID-19, et 40 % de la population considèrent que la pandémie les a rendus moins confiants vis-à-vis de leurs concitoyens.

Selon l'étude, plus de 7 personnes sur 10 ont également déclaré que les États-Unis étaient désormais plus divisés qu'avant la pandémie.

Quant à l'avenir, les Américains expriment leur désir d'améliorer leur système de santé, de lutter contre la criminalité et la violence, de réduire le chômage et de combattre le racisme.

Le Royaume-Uni

Comme dans la plupart des pays européens, les Britanniques se disent plus inquiets et plus empathiques les uns envers les autres face à la pandémie, notamment quand il s'agit de son impact sur les minorités raciales, religieuses et ethniques.

Un désir écrasant de changement s'est également manifesté chez les Britanniques, 64 % de la population espérant que la pandémie entraînera une transformation à l'échelle du pays afin de renforcer le NHS, de stimuler l'économie et de mieux protéger l'environnement. 

Selon l'étude, la plupart des gens s'attendent à ce que le gouvernement et le secteur privé soient tenus responsables de leurs actions pour une société plus juste, notamment en « payant leurs impôts, en réduisant les émissions de carbone, en relocalisant des emplois, en payant des salaires équitables et en imposant des plafonds salariaux aux PDG ». 

S'il est vrai que seulement 5 % de la population estime que le gouvernement « en fait trop pour l'environnement », 3 personnes sur 4 se disent favorables à une initiative de type Green New Deal.  

L'Italie

L'Italie étant l'un des pays les plus durement touchés par la pandémie, les Italiens ont particulièrement souffert des conséquences de la COVID-19 sur le plan personnel. La destruction d'emplois et la crainte d'un avenir financier incertain sont apparues comme les principales préoccupations de la majorité de la population.

Bien que de nombreux Italiens (47 %) soient déçus par la manière dont leur gouvernement a géré la pandémie, l'étude atteste d'une amélioration significative de la confiance dans les systèmes de santé et de protection sociale. 

Tout comme leurs homologues européens, les Italiens expriment un désir de changement et de réduction des inégalités à la suite de la pandémie, mais beaucoup sont également « assez pessimistes quant à la possibilité de saisir cette opportunité », selon l'étude.

Pour surmonter les défis posés par la COVID-19 et le changement climatique, une majorité (62 %) d'Italiens estime que la coopération internationale avec les autres pays et les institutions mondiales est cruciale.

Les Pays-Bas

Contrairement à l'Italie et à d'autres pays européens, les Néerlandais sont très satisfaits de la manière dont leurs dirigeants ont réagi à la crise, concluent les chercheurs. Si la pandémie a suscité un certain nombre d'inquiétudes au sein de la population, les préoccupations relatives aux pertes d'emploi ou aux difficultés financières étaient parmi les plus minimes d'Europe.

En conséquence, la plupart des citoyens n'espèrent pas que des changements drastiques interviennent après la pandémie, et 54 % de la population souhaite seulement que les choses « reviennent à la normale ».

Aux Pays-Bas, les principales priorités politiques portent sur l'amélioration du système de santé, la réduction du chômage et le soutien aux personnes et aux familles dans le besoin.

La Pologne

Tout comme les États-Unis, la Pologne est fortement divisée en termes partisans. Les débats autour du report des élections ont dominé l'attention du public, reléguant la COVID-19 au second plan du discours national, et suscitant des divergences de perception relatives à la réponse du gouvernement, selon l'étude.

« L'approbation du gouvernement (ou son absence) détermine en grande partie la perception de la crise, de ses effets et des conclusions tirées sur la réponse du gouvernement, peut-on lire dans le rapport. La division s'étend même aux expériences personnelles. »

Cette polarisation est toutefois nuancée par des sentiments plus forts de préoccupation et d'attention envers les autres, ainsi que par des demandes de changement qui font écho à celles exprimées par d'autres pays européens.

Le soutien à une initiative de type Green New Deal s'est avéré très répandu parmi les Polonais, la réforme du système de santé et le chômage figurant également parmi les priorités les plus urgentes face à la COVID-19.

Editorial

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Par Sarah El Gharib