Dans quelques semaines, les Canadiens se rendront aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Avec la menace du changement climatique, les retombées de la pandémie de COVID-19 qui pèsent encore sur le pays et des crises internationales en pleine recrudescence, l'enjeu de cette élection est de taille. 

Le Canada a une occasion unique de relever ces défis, mais cela nécessitera un leadership fort. 

Voici un aperçu du positionnement de chacun des principaux partis politiques sur ces questions.

Changement climatique

Le changement climatique est un enjeu particulièrement important en cette période électorale. Avec des incendies de forêt qui ont décimé la côte ouest et des températures mondiales en passe de dépasser les niveaux préindustriels, chaque parti dispose de son propre plan pour s'attaquer à cette menace croissante — mais à des degrés divers.

Plus tôt cette année, le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % à 45 % par rapport à leurs niveaux de 2005 d'ici 2030. Cet objectif est supérieur au niveau requis pour que le Canada respecte son engagement dans le cadre de l'accord de Paris, mais il est loin de l'objectif de 60 % que les organisations militantes estiment être la juste part du pays pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Le programme du Parti libéral vise à atteindre ces objectifs en mettant l'accent sur le secteur du pétrole et du gaz. En particulier, le parti s'engage à interdire les exportations de charbon thermique d'ici 2030 et à concrétiser l'engagement du G20 visant à éliminer les subventions aux combustibles fossiles de 2025 à 2023.  

« Soyons réalistes, plus d'un quart des émissions du Canada proviennent de notre secteur du pétrole et du gaz. Nous avons besoin du leadership de ces secteurs pour décarboniser notre pays, a déclaré M. Trudeau lors d'un événement de campagne à Cambridge, en Ontario. C'est pourquoi nous veillerons à ce que les émissions de pétrole et de gaz n'augmentent pas et qu'elles diminuent plutôt, avec des jalons réalisables, tout en veillant à ce que les économies locales puissent prospérer. »

Les conservateurs ont quant à eux promis de réduire l'objectif du Canada à 30 % en dessous des niveaux de 2005 d'ici 2030, comme s'y était initialement engagé l'ancien Premier ministre Stephen Harper et comme l'ont maintenu les libéraux avant cette année. La chef du parti, Erin O'Toole, affirme que cela suffirait à maintenir le pays en conformité avec l'accord de Paris, mais les défenseurs du climat ont fustigé le programme comme une violation de son « esprit » de progrès continu.

Le parti de M. O'Toole s'est également engagé à mettre en place un système de comptes d'épargne à faible émission de carbone pour les Canadiens, une alternative au système de rabais du gouvernement libéral actuel, dans le but d'inciter financièrement la population à réduire son empreinte carbone

Plaçant la barre plus haut, le Nouveau parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh appelle plutôt à une réduction de 50 % des émissions de GES d'ici 2030. À l'instar du Bloc Québécois, le NPD favoriserait la production d'électricité nette zéro d'ici 2035, éliminerait les subventions aux combustibles fossiles et investirait dans les énergies propres pour atteindre cet objectif. La plateforme du parti présente également des mesures visant à remédier à l'impact disproportionné du changement climatique sur les populations racisées et vulnérables par le biais du financement climatique.

Le Parti vert du Canada va encore plus loin que tous les autres partis en demandant une réduction de 60 % des émissions de GES d'ici 2030.

Aide internationale

Avant la pandémie, le niveau de l'aide internationale du Canada stagnait à son niveau le plus bas depuis 50 ans. À la suite d'une augmentation bienvenue mais temporaire, la contribution actuelle du pays s'élève désormais à 0,31 % de son revenu national brut (RNB), contre 0,27 % l'année précédente. Toutefois, ce chiffre reste très inférieur à l'objectif de 0,7 % fixé par les Nations Unies et à la moyenne des pays riches. 

Le NPD est actuellement le seul grand parti à s'engager à atteindre la barre des 0,7 % d'ici 2030. Le programme du parti énumère également plusieurs autres engagements internationaux, notamment un soutien accru au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, un engagement à atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies et un engagement envers les droits des femmes et des filles.

Les libéraux promettent également de renforcer la position du Canada sur la scène internationale. Bien qu'aucun chiffre n'ait été fourni (et dans l'évaluation des coûts, un montant de « 0 » est indiqué pour les trois prochaines années), le parti de M. Trudeau a promis d'augmenter l'aide internationale chaque année afin de contribuer à la réalisation des Objectifs mondiaux. Les libéraux se sont également engagés à doubler la contribution du Canada aux organisations locales de défense des droits des femmes, ainsi qu'à faire des investissements supplémentaires dans les services de santé sexuelle et reproductive et dans l'économie mondiale des soins. Un nouveau financement pour l'éducation internationale est aussi vanté comme un moyen de réaffirmer les engagements du Canada tant à l'échelle domestique qu'internationale.

Sous la direction de M. O'Toole, les conservateurs ont pour leur part assuré maintenir les niveaux d'aide actuels. Dans le cadre d'un vaste programme de politique étrangère, le parti met l'accent sur la nécessité d'accroître l'efficacité des mesures d'aide. Le programme prévoit des engagements en faveur des droits humains, notamment ceux de la communauté LGBTQ+ à travers le monde. L'amélioration de la sécurité alimentaire fait également partie des priorités. Selon la plateforme, elle sera assurée en partie par des mesures de contrôle des prix plus strictes et par le lancement d'un centre de recherche et de développement sur l'autosuffisance alimentaire au Québec.

COVID-19

Quand il s'agit de la COVID-19, une chose est sûre : jamais auparavant le besoin de solidarité mondiale n'a été aussi urgent qu'aujourd'hui. En raison de la menace que représente la pandémie, tant au Canada qu'à l'étranger, tout nouveau gouvernement devra prendre l'initiative d'intensifier les engagements du Canada et de mobiliser le soutien international.

Alors qu'une grande partie du débat national a porté sur les mandats de vaccination, des centaines de millions de personnes dans les pays les plus pauvres de la planète attendent toujours de recevoir une première dose. Au cours de l'année écoulée, M. Trudeau s'est engagé à verser 545 millions de dollars canadiens au Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID 19 (COVAX), avec un financement de plus de 1,3 milliard de dollars canadiens accordé à l'initiative Accélérateur ACT. Le Canada est ainsi l'un des seuls pays à s'engager à verser sa juste part pour répondre aux besoins des pays les plus pauvres face à la pandémie cette année. Le pays a promis de faire don de 40 millions de doses de vaccin excédentaires à COVAX au cours des prochains mois. 

Dans le cadre de leur nouvelle plateforme, les libéraux affirment vouloir donner « au moins 200 millions de doses de vaccin aux populations vulnérables du monde entier » par l'intermédiaire de COVAX d'ici la fin 2022. Un financement supplémentaire est également prévu pour aider les pays à revenu faible et intermédiaire à renforcer leur capacité de test et de production de vaccins, mais les détails manquent.

Le NPD et le Bloc Québécois se sont engagés à soutenir la suspension des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins COVID-19 afin d'augmenter l'offre et améliorer leur accessibilité au niveau mondial.

Enfin, la plateforme des conservateurs promet de mettre en œuvre un « Pacte de croissance postpandémie » qui permettrait d’« d’augmenter les investissements, l’innovation et la construction d’infrastructures pour la distribution des vaccins et la sécurité sanitaire à long terme dans les régions les plus pauvres et les plus désavantagées du monde ».


Quel que soit le parti qui remportera cette élection, il est certain que le prochain gouvernement du Canada aura à relever les multiples défis auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés. Compte tenu des enjeux, les Global Citizens de tout le pays seront là pour les en tenir responsables.

Envie d'en savoir plus sur l'élection et de passer à l'action ? Consultez notre plateforme de campagne ici.

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