(Note : certains liens du présent article sont en anglais seulement)

Au Canada, on estime que 776 000 enfants d’âge préscolaire vivent dans des régions où l’accès aux services à la petite enfance est déficient, selon un rapport publié par le Centre canadien de politiques alternatives.

Le rapport, publié jeudi, décrit ces régions comme de véritables « déserts » en ce qui concerne les soins à la petite enfance. La recherche menée par le centre a permis d’établir la liste complète des lieux où l’on trouve des centres de la petite enfance au Canada par rapport au nombre d’enfants présents dans ces régions.

Selon le rapport, le concept de « désert pour ce qui est des soins à la petite enfance » reprend le concept de « désert alimentaire », qui désigne les communautés qui n’ont pas accès à des aliments sains et abordables.

La recherche a démontré que les soins sont de meilleure qualité dans les provinces où existe une politique publique sur les soins à la petite enfance que dans les provinces où seules les lois du marché dictent les prix et les lieux où sont offerts ces services.

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À Charlottetown et dans plusieurs villes du Québec, par exemple, moins de 5 % des enfants vivent dans une région identifiée comme un désert.

La ville de Saskatoon, elle, est un « immense désert », puisque toute la population d’âge préscolaire n’a pas accès à ces services selon le rapport.

Au centre-ville, les garderies sont surpeuplées alors que dans les banlieues ou les zones rurales, elles sont peu présentes.

Dans la ville de Brampton, par exemple, 95 % des jeunes enfants n’ont pas accès aux services.

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« Cela signifie que les parents sont sur une liste d’attente pour avoir accès au service et doivent alors se rabattre sur des services non accrédités ou sur des membres de la famille, ce qui n’est pas nécessairement leur premier choix, a indiqué à la Presse canadienne Carolyn Ferns de la Coalition ontarienne pour de meilleurs services éducatifs à l’enfance. Les parents doivent se relayer ou alors avoir recours aux parents ou aux proches. »

Le rapport souligne qu’au Québec, les politiques sur les services à la petite enfance donnent d’excellents résultats. Sur l’île de Montréal et dans la région métropolitaine, le nombre de places disponibles suffit à répondre à la demande.

« Le Québec a mis en œuvre un modèle différent des autres provinces qui témoigne de l’importance qu’on accorde aux services à l’enfance dans cette province ; les tarifs sont en effet réglementés et on planifie l’endroit où les centres sont installés, a expliqué à la Presse canadienne David Macdonald, économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives. Cela fait en sorte qu’il y a beaucoup moins de régions désertes. »

Une étude réalisée par des économistes de la Banque de Montréal (BMO) en mars a révélé qu’au Québec, la participation des femmes âgées de 25 à 54 ans (groupe en âge d’activité professionnelle maximale) était de quatre points supérieurs à la moyenne canadienne, selon Robert Kavcic, économiste principal chez de BMO.

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« Si la participation des femmes de ce groupe d’âge dans l’ensemble du Canada était la même qu’au Québec, a souligné Robert Kavcic à HuffPost Canada, c’est environ 400 000 femmes qui viendraient s’ajouter à la main-d’œuvre canadienne. »

Kavcic a affirmé que le succès que connaît le Québec s’explique par le fait que la province subventionne les services de garde, les parents ne payant que 7 $ par jour.

Non seulement le Québec compte moins de régions désertes, les garderies sont également subventionnées et un plus grand nombre de femmes sont sur le marché du travail. Et bien sûr, tout cela est relié.

L’accès aux services à la petite enfance, surtout à coût abordable, est une composante importante de l’égalité des droits dans un pays, et ce, à plusieurs titres.

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Il permet aux mères de retourner rapidement au travail, ce qui est une bonne chose pour l’économie, mais cela peut également réduire le niveau de stress des familles à faible revenu et les aider à briser le cercle de la pauvreté.

Toujours selon la Presse canadienne, le gouvernement Trudeau financera les services à l’enfance dans les provinces et territoires pendant les 10 prochaines années.

À ce jour, on prévoit l’ouverture d’environ 9 700 nouveaux lieux, sans compter l’Ontario et le Québec.

Certains de ces espaces seront créés dans des communautés où les services sont inexistants ou dans les communautés marginalisées. Selon la Presse canadienne encore d’autres espaces seront créés à l’intention des parents qui travaillent à des heures irrégulières.

Selon le rapport, les gouvernements devront mettre en œuvre de solides politiques publiques s’ils souhaitent respecter leurs promesses.

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