Vendredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a reçu le Prix Nobel de la Paix, en reconnaissance de ses efforts de lutte contre la faim dans un contexte marqué par la pandémie de COVID-19 et par des conflits qui sévissent dans le monde entier.
Le PAM, une agence des Nations Unies, est la principale organisation humanitaire qui fournit une aide alimentaire dans des situations d'urgence. Créé en 1961, il s'efforce de fournir une assistance aux près de 690 millions de personnes souffrant de faim dans le monde.
La présidente du Comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen, a annoncé le lauréat du prix à Oslo.
« Face à la pandémie, le Programme alimentaire mondial a fait preuve d'une aptitude remarquable à intensifier ses efforts, a déclaré Mme Reiss-Andersen dans un communiqué de presse. La conjonction de conflits violents et de la pandémie a conduit à une augmentation spectaculaire du nombre de personnes vivant au bord de la famine. »
Mme Reiss-Andersen a souligné les liens entre la faim, les conflits et la pandémie.
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— The Nobel Prize (@NobelPrize) October 9, 2020
The Norwegian Nobel Committee has decided to award the 2020 Nobel Peace Prize to the World Food Programme (WFP).#NobelPrize#NobelPeacePrizepic.twitter.com/fjnKfXjE3E
Dans des pays qui connaissaient déjà de violents conflits, comme le Yémen, la République démocratique du Congo, le Nigeria, le Sud-Soudan et le Burkina Faso, l'épidémie de COVID-19 a aggravé les problèmes existants et a poussé les populations au bord de la famine.
Le rapport entre faim et conflit est cyclique : la guerre et les conflits provoquent l'insécurité alimentaire et la faim, tandis que la faim et l'insécurité alimentaire déclenchent des conflits et favorisent un recours à la violence.
« Comme l'a déclaré l'organisation elle-même : “En attendant de disposer d'un vaccin, la nourriture est le meilleur remède contre le chaos”», a affirmé Mme Reiss-Andersen.
En dehors des zones de conflit, la pandémie aggrave également la faim dans le reste du monde. Selon Oxfam, d'ici la fin de l'année, 12 000 personnes pourraient mourir chaque jour de la faim liée à la COVID-19 ; un nombre probablement plus élevé que celui imputable à la maladie elle-même.
La pandémie ayant contraint les écoles à fermer leurs portes, plus de 320 millions d'enfants qui reçoivent quotidiennement des repas à l'école ont vu leur quotidien chamboulé. Pour de nombreux élèves affamés, les repas fournis à l'école étaient leur seul apport nutritif de la journée.
Aujourd'hui, le PAM s'adapte à la pandémie et prend des mesures de distanciation sociale pour s'assurer que les étudiants puissent toujours avoir accès à la nourriture. L'organisation étudie également la possibilité d'offrir des espèces ou des bons d'achat pour aider les familles qui n'ont pas les moyens de nourrir leurs enfants.
Plusieurs dirigeants mondiaux ont salué le travail du PAM. Le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, a envoyé un tweet exprimant « une grande admiration et un grand respect pour le travail crucial accompli en faveur des personnes dans le besoin partout dans le monde ».
On behalf of @WHO, congratulations @WFP and my colleague @WFPChief David Beasley on winning the 2020 @NobelPrize for Peace! Huge admiration and respect for the life-saving work you do for people in need everywhere.https://t.co/0ZoPVCqqPn
— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) October 9, 2020
Le directeur exécutif du PAM, David Beasley, a quant à lui posté une vidéo pour réagir à cette nouvelle sur Twitter. « C'est incroyable ! C'est le moment le plus excitant de votre vie », a-t-il déclaré.
We are deeply humbled to receive the #NobelPeacePrize. This is an incredible recognition of the dedication of the @WFP family, working to end hunger everyday in 80+ countries.
— David Beasley (@WFPChief) October 9, 2020
Thank you @NobelPrize for this incredible honor! pic.twitter.com/bHcS0usWQa
« Nous devons cela à la famille du PAM, a poursuivi M. Beasley. Ils travaillent dans les endroits les plus difficiles et les plus complexes du monde caractérisés par des guerres, des conflits, des climats extrêmes ; peu importe, ils sont présents et ils méritent ce prix. »