L'écart salarial entre hommes et femmes peut être perçu comme un problème individuel : un homme gagne simplement plus qu'une femme en raison de son mérite, de son expérience ou de tout autre facteur valable. Une fois les données analysées, cependant, on se rend compte qu'il s'agit d'un autre problème.
Selon le Forum Ă©conomique mondial (FEM), l'Ă©cart de rĂ©munĂ©ration entre hommes et femmes existe dans le monde entier et dans quasiment tous les secteurs et professions, quels que soient les facteurs susceptibles d'influencer les revenus.Â
D'après le FEM, les femmes ne gagnent en moyenne que 68 % du salaire des hommes pour le mĂŞme travail, contre une moyenne de 40 % dans les pays oĂą la paritĂ© est la plus faible.Â
Ă€ ce rythme, le FEM estime qu'il faudra 257 ans pour combler l'Ă©cart et parvenir Ă l'Ă©quitĂ© salariale dans le monde entier.Â
« Parvenir à une véritable égalité de genre — en droit, en pratique, à la maison et dans l'économie — est un défi que cette génération doit relever, a déclaré Aaron Holtz, directeur chargé de l'égalité de genre et de l'inclusion à Global CItizen. Pour atteindre les Objectifs de développement durable et pour tirer parti des avantages d'un monde plus équitable et plus juste, la société doit valoriser davantage les talents et les contributions des femmes et des filles. »
La majorité des pays du monde ont mis en place des lois visant à garantir un salaire égal pour un travail égal, mais elles ne sont pas toujours appliquées de manière adéquate. En réalité, les obligations légales en matière d'égalité ne constituent qu'une partie du problème.
L'Ă©cart de rĂ©munĂ©ration entre les hommes et les femmes est systĂ©mique : il reflète une misogynie rĂ©pandue dans les sociĂ©tĂ©s patriarcales, oĂą les contributions des hommes sont davantage valorisĂ©es que celles des femmes — y compris lorsqu'ils occupent le mĂŞme poste — ainsi qu'une tendance culturelle Ă orienter les femmes et les jeunes filles vers des professions moins bien rĂ©munĂ©rĂ©es et moins valorisĂ©es. Cette misogynie a un effet nĂ©gatif sur les individus et leurs communautĂ©s et peut avoir un impact direct sur de nombreux domaines de la vie quotidienne, tels que les rĂ©sultats scolaires, l'accès aux services sociaux et de santĂ©, ainsi que l'inclusion et la reprĂ©sentation politiques.Â
L'Ă©cart de rĂ©munĂ©ration entre les hommes et les femmes est une manifestation de l'injustice de genre, et il compromet les efforts dĂ©ployĂ©s en faveur de l'Ă©galitĂ©. Cette situation empĂŞche souvent les femmes de parvenir Ă la sĂ©curitĂ© et Ă l'indĂ©pendance Ă©conomiques, et peut limiter leur capacitĂ© et celle de leur famille Ă sortir de la pauvretĂ©. Cette disparitĂ© entrave Ă©galement la capacitĂ© des femmes et des filles Ă participer pleinement et Ă©quitablement Ă l'Ă©conomie et Ă la sociĂ©tĂ© dans son ensemble. Â
À première vue, cela n'a aucun sens. Après tout, pourquoi les hommes seraient-ils mieux payés que les femmes pour un travail égal ?
L'Ă©cart salarial entre les hommes et les femmes est dĂ» Ă plusieurs raisons.Â
Dans sa forme la plus Ă©lĂ©mentaire, il s'agit d'une discrimination salariale directe : les hommes sont mieux payĂ©s que leurs collègues fĂ©minins pour un travail Ă©gal, et ce, uniquement pour des raisons liĂ©es Ă leur genre.Â
Les stars fĂ©minines de la sitcom Big Bang Theory, par exemple, auraient gagnĂ© un cinquième de ce que gagnaient leurs collègues masculins, avant de s'en rendre compte et de rĂ©clamer un salaire Ă©gal.Â
Mais ce problème ne se limite pas au cinĂ©ma. Aux États-Unis, comme dans de nombreux autres pays, les femmes gagnent moins que les hommes dans la plupart des professions, des soins infirmiers Ă l'enseignement, en passant par le gĂ©nie informatique.Â
En l'absence de protections solides pour les travailleurs, y compris le congĂ© parental et familial, les femmes qui travaillent sont souvent confrontĂ©es Ă ce que l'on appelle une « pĂ©nalitĂ© de grossesse ».Â
Il peut s'agir d'un licenciement ou d'un refus de promotion pour cause de grossesse, d'une discrimination ou d'un manque de possibilitĂ©s pendant la grossesse, ou encore de difficultĂ©s Ă rĂ©intĂ©grer le marchĂ© du travail après l'accouchement.Â
En outre, les femmes du monde entier doivent encore endurer une charge disproportionnĂ©e de soins non rĂ©munĂ©rĂ©s et de travail domestique, comme l'Ă©ducation des enfants et les responsabilitĂ©s mĂ©nagères. Ces problèmes systĂ©miques dĂ©bouchent sur un potentiel de rĂ©munĂ©ration plus faible pour les femmes, car ils les empĂŞchent de se concentrer sur leur carrière avec la mĂŞme intensitĂ© que les hommes.Â
Le problème dĂ©passe toutefois l'inĂ©galitĂ© salariale : il se manifeste aussi par l'inĂ©galitĂ© des chances. Dans de nombreux pays, les femmes sont dĂ©couragĂ©es d'entrer sur le marchĂ© du travail et se voient interdire l'exercice de certaines professions.Â
Au cours des dernières années, l'écart salarial a soulevé un vif débat public dans lequel ont émergé des voix influentes, issues de diverses professions.
L'Ă©quipe fĂ©minine de football des États-Unis a exigĂ© un salaire comparable Ă celui de ses collègues masculins ; des actrices d'Hollywood ont demandĂ© une Ă©limination des Ă©carts de rĂ©munĂ©ration ; et des journalistes d'institutions telles que la BBC ont rĂ©vĂ©lĂ© des disparitĂ©s salariales flagrantes.Â
Ă€ un niveau plus local, des organisations dirigĂ©es par des femmes font pression pour une Ă©quitĂ© salariale qui tienne compte des questions intersectionnelles.Â
Au Royaume-Uni, une campagne #MeToo a vu le jour pour rĂ©clamer l'Ă©quitĂ© salariale après qu'une banquière, dont le salaire Ă©tait nettement infĂ©rieur Ă celui de ses collègues masculins, ait fait la une des journaux.Â
Si l'Ă©cart de rĂ©munĂ©ration touche toutes les femmes, celles qui font partie de groupes historiquement marginalisĂ©s sont particulièrement affectĂ©es.Â
Aux États-Unis, les femmes noires et latinos sont gĂ©nĂ©ralement moins bien payĂ©es que les femmes blanches et asiatiques. Les femmes transgenres font face Ă une discrimination salariale gĂ©nĂ©ralisĂ©e et Ă d'autres obstacles Ă l'emploi, tandis que les femmes handicapĂ©es sont souvent payĂ©es une fraction de ce que gagnent leurs pairs et ont des opportunitĂ©s d'emploi limitĂ©es.Â
Les efforts déployés pour remédier à ces disparités salariales se concentrent sur quelques domaines clés.
Tout d'abord, les lois qui assurent l'Ă©quitĂ© salariale peuvent Ă©liminer les Ă©carts salariaux et garantir la mise en place de meilleurs dispositifs pour parvenir Ă une plus grande Ă©galitĂ© sur le lieu de travail.Â
En complĂ©ment d’une rĂ©forme juridique, des militants du monde entier tentent d'amener les entreprises Ă s'engager volontairement en faveur de l'Ă©quitĂ© salariale, une promesse que des dizaines d'entreprises amĂ©ricaines ont faite jusqu'Ă prĂ©sent.Â
Le recrutement et la promotion de femmes Ă des postes de direction au sein des entreprises contribuent Ă©galement Ă rĂ©duire cet Ă©cart, car ils permettent aux femmes d'influer sur la culture et la prise de dĂ©cision des entreprises, notamment en ce qui concerne les Ă©chelons de rĂ©munĂ©ration et l'Ă©quitĂ© au sens large.Â
Ă€ un niveau plus systĂ©mique, les initiatives qui encouragent les femmes Ă choisir certaines carrières et qui leur offrent un accompagnement et une orientation permettent d'accroĂ®tre leur reprĂ©sentation dans les domaines les plus lucratifs.Â
Plusieurs Ă©tudes montrent que les filles, dès l'Ă©cole primaire, sont directement ou indirectement dĂ©tournĂ©es de certaines carrières, notamment en Ă©tant dissuadĂ©es de suivre des cours de sciences, de technologie, d'ingĂ©nierie ou de mathĂ©matiques (STEM).Â
Une autre façon de promouvoir l'équité salariale consiste à prendre des mesures de transparence des revenus au sein des entreprises et entre les secteurs d'activité. Si les femmes ont accès à l'échelle salariale de leurs pairs, elles sont mieux à même de négocier leur salaire initial et leurs augmentations. La transparence des revenus responsabilise également les entreprises en mettant en évidence toute pratique injuste et sexiste.
Pour mettre fin Ă l'Ă©cart salarial de genre, il faut veiller Ă ce que les femmes et les hommes soient payĂ©s de manière juste et Ă©quitable pour le travail qu'ils accomplissent.Â
Outre l'objectif mondial des Nations Unies pour l'Ă©galitĂ© de genre, amĂ©liorer les droits des femmes et des filles permet de s'attaquer aux causes profondes de l'extrĂŞme pauvretĂ© et de l'inĂ©galitĂ© dans le monde.Â
Une telle amélioration permettrait, entre autres, de renforcer la santé féminine, de mettre fin à la violence domestique, et de promouvoir l'esprit entrepreneurial féminin.
Lorsque les femmes jouissent d'une sĂ©curitĂ© financière, leurs vies, leurs perspectives et leurs opportunitĂ©s s'amĂ©liorent, tout comme celles de leur famille, de leur communautĂ© et de leur sociĂ©tĂ©.Â
Il est grand temps de niveler la loi (#LevelTheLaw) et de mettre fin à l'écart salarial entre les hommes et les femmes.
Les droits des femmes sont des droits de l'Homme - et ils doivent être soutenus et protégés. À l'occasion des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre, du 25 novembre au 10 décembre, nous demandons aux Global Citizens de se joindre à nous pour relever le défi des #16jours, en accomplissant chaque jour une action simple qui vous permettra d'en savoir plus sur les droits des femmes, l'autonomie corporelle et la violence basée sur le genre en ligne.
Vous pourrez engager des conversations essentielles avec vos proches, promouvoir sur les réseaux sociaux le droit des femmes et des filles à disposer de leur propre corps, soutenir les entreprises dirigées par des femmes dans votre communauté, signer des pétitions en faveur de l'autonomie corporelle, etc. Pour en savoir plus sur le défi #16Jours et commencer à passer à l'action, cliquez ici.