En avril, l’organisation internationale de plaidoyer Oxfam a publié une déclaration visant à souligner l’extrême inégalité des richesses en Afrique de l’Ouest. Elle a déclaré que, « malgré des niveaux relativement faibles d’infections et de décès », l’impact des retombées économiques du COVID-19 en Afrique de l’Ouest était « considérable et global ».

Parmi les nombreux faits et statistiques alarmants mis en évidence dans la déclaration, on peut citer le fait que la région ait enregistré une chute de son produit intérieur brut (PIB) estimée à 48,7 milliards de dollars, une perte d’heures de travail équivalente à 7 millions d’emplois, et que des enquêtes menées dans huit pays ont révélé que plus de 60 % des citoyens ont déclaré avoir perdu des revenus ou leur travail à cause de la COVID-19.

Cela nous donne un aperçu très clair de l’effet économique immédiat de la pandémie dans la région de l’Afrique de l’Ouest, qui est composée de 16 pays et où vivent plus de 420 millions de personnes.

Cependant, même avant la pandémie, la situation était fragile. Malgré des progrès modestes réalisés dans la mission visant à mettre fin à la pauvreté et à ses causes systémiques au cours de la décennie précédant la pandémie de COVID-19, la région connaissait déjà des taux élevés d’extrême pauvreté, d’insécurité et de conflits, de mauvaises infrastructures de santé et d’éducation, ainsi qu’une énorme population de jeunes en proie à des taux de chômage en constante augmentation.

Avec la pandémie, les progrès déjà réalisés ont été réduits à néant et des millions de personnes supplémentaires ont sombré dans l’extrême pauvreté, faisant de l’Afrique de l’Ouest l’une des régions les plus vulnérables du monde.

Dans le cadre de la campagne 2022 de Global Citizen, intitulée  Mettre fin à l’extrême pauvreté MAINTENANT - Notre futur ne peut pas attendre, nous mobilisons les Global Citizen à travers le monde pour appeler les dirigeants mondiaux, les chefs d’entreprise et d’autres acteurs à prendre des mesures dans trois domaines essentiels : faire tomber les barrières systémiques qui continuent à maintenir les gens dans la pauvreté, autonomiser les adolescentes, qui constituent le groupe démographique le plus vulnérable de la population mondiale, et agir de manière urgente et significative en faveur du climat. À travers tout cela, nous travaillerons et ferons campagne pour défendre le plaidoyer, et protéger et élever les voix des militants du monde entier.

En tant que Global Citizens, nous savons que les ressources nécessaires pour mettre fin à la pauvreté, lutter contre le changement climatique, supprimer la famine et bien d’autres choses encore, existent. Ce qui fait défaut, c’est la volonté politique de mettre en place les actions et les financements nécessaires pour atteindre ces objectifs essentiels.

Aujourd’hui, nous mobilisons les Global Citizens d’Afrique et du monde entier pour qu’ils agissent et exhortent les dirigeants mondiaux à se mobiliser et à agir, pour les filles, pour la planète et pour créer le changement.

Voici quelques faits importants que chaque Global Citizen devrait connaître - tout sur la pauvreté et les barrières systémiques qui maintiennent les gens dans la pauvreté - pour aider à souligner pourquoi il est si important pour nous tous d’agir ensemble maintenant pour conduire un changement réel et durable en Afrique de l’Ouest et dans le monde entier.

1. Au moins 25 millions de personnes en Afrique de l’Ouest n’ont pas les moyens de satisfaire leurs besoins alimentaires de base en 2022 - soit une augmentation de 34 % depuis 2020.

Les inondations, la sécheresse, les conflits et les effets économiques du COVID-19 en Afrique de l’Ouest sont quelques-uns des facteurs qui contribuent à la crise alimentaire et de la faim que connaît actuellement la région. Selon un rapport d’Oxfam, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire d’urgence a presque quadruplé, passant de 7 millions à 27 millions, entre 2015 et 2022.

L’ONU a également déclaré en janvier de cette année que « les gens ont été contraints de vendre leurs biens et leurs moyens de subsistance afin d’avoir assez à manger », la situation étant encore pire pour les personnes vivant dans des zones de conflit ou d’insécurité.

2. Aucun pays d'Afrique de l'Ouest n'est en passe d'atteindre la couverture vaccinale de 70 % recommandée par l'OMS

En 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé un objectif mondial invitant les pays à administrer une première dose de vaccin à 70 % de leur population adulte d’ici à la mi-2022, afin que le monde puisse vaincre la COVID-19. Aucun pays d’Afrique de l’Ouest, ni d’ailleurs aucun pays africain n’est en passe d’atteindre cet objectif - bien que de nombreux pays dans le monde aient déjà administré des doses de rappel à leurs populations, du fait d’une inégalité vaccinale vaste et persistante.

Le tableau de bord du Centre africain de contrôle des maladies (AfricaCDC) montre qu’en Afrique de l’Ouest, aucun pays n’a encore vacciné jusqu’à 40 % de sa population adulte. Des pays comme le Nigeria (qui abrite la moitié de la population de la région et la nation noire la plus peuplée du monde), le Mali et le Sénégal sont encore plus à la traîne, avec moins de 10 % de la population entièrement vaccinée contre le COVID-19.

Non seulement la région court le risque d’une nouvelle épidémie de coronavirus, à laquelle ses infrastructures sanitaires et son économie ne sont pas préparées, mais elle ralentit également le rythme de la reprise après la pandémie, ce qui risque de plonger encore plus de personnes dans la pauvreté.

3. Les 3 hommes les plus riches d’Afrique de l’Ouest ont vu leur fortune augmenter de 6,4 milliards de dollars pendant la pandémie.

Alors que de nombreuses personnes en Afrique de l’Ouest et dans le monde ont vu leurs moyens de subsistance et leurs revenus disparaître à cause du COVID-19, à l’autre bout de la chaîne, l’histoire a été bien différente. La richesse des trois hommes les plus riches d’Afrique de l’Ouest a augmenté de 6,4 milliards de dollars au cours des 17 premiers mois de la pandémie, ce qui serait plus que suffisant pour vacciner tous les Africains de l’Ouest.

Selon Oxfam, la richesse que ces trois hommes ont amassée pendant le COVID-19 pourrait permettre à 18 millions de personnes de la région de sortir de la pauvreté et à ces trois hommes de rester aussi riches qu’ils l’étaient avant la pandémie. Ce type d’inégalité limite encore plus la lutte pour mettre fin à l’extrême pauvreté en Afrique de l’Ouest et ne sert qu’à maintenir davantage de personnes dans des conditions vulnérables.

4. 11 des 16 pays d’Afrique de l’Ouest sont actuellement en situation de surendettement.

Selon un rapport publié en mai 2022 par le Nigerian Economic Summit Group (NESG) et l’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), 11 pays de la région sont actuellement en situation de surendettement et pourraient bientôt commencer à faire défaut sur leur dette extérieure qui ne cesse de croître.

« Nous constatons également qu’une catastrophe financière [causée] par une crise de la dette dans un pays peut se propager dans toute la région. Les difficultés financières du Nigeria, en particulier, représentent une menace sérieuse pour les autres nations de la région », indique le rapport.

Cela signifie que les gouvernements de la région ont moins de fonds à consacrer à des choses comme l’éducation, la santé et les programmes de protection sociale, la plupart de leurs revenus étant consacrés au service de la dette. En fin de compte, l’impact économique poussera davantage de personnes vulnérables dans la pauvreté et réduira leur capacité à générer des revenus pour eux-mêmes et leurs familles.

5. L’Afrique de l’Ouest demeure l’un des pires endroits pour être une femme dans le monde.

La région de l’Afrique de l’Ouest demeure l’un des endroits les plus hostiles aux femmes dans le monde : pratiques culturelles néfastes, taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, inégalités économiques, lois misogynes et exclusion politique ne sont que quelques-uns des problèmes auxquels les femmes ouest-africaines sont confrontées.

Les femmes et les filles sont également extrêmement vulnérables à l’insécurité et aux conflits dans la région, qui n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. De plus en plus de jeunes femmes et de filles sont enlevées ou chassées de chez elles par la violence, tandis que leurs écoles et leurs lieux de travail sont attaqués par des groupes armés violents dans diverses parties de la région.

« Pour beaucoup trop de femmes et de filles qui vivent un déplacement, la violence sexiste est un phénomène quotidien. Les mariages forcés et les mariages d’enfants, la violence physique et sexuelle et l’exploitation sexuelle contribuent à ce que des milliers de personnes se sentent piégées et impuissantes », a déclaré Modou Diaw, vice-président régional pour l’Afrique de l’Ouest du Comité international de secours, le 27 juin.

6. Le changement climatique fait peser un risque important sur le littoral de l’Afrique de l’Ouest.

Le changement climatique, sous la forme d’une élévation du niveau de la mer et d’inondations, frappe le littoral ouest-africain, obligeant des milliers de personnes vivant dans les communautés côtières à se déplacer vers l’intérieur des terres.

Dans une région où l’agriculture est l’activité principale, la sécheresse et le manque de précipitations régulières entraînent également une augmentation des mouvements migratoires internes. Parallèlement, avec une croissance démographique galopante et une insécurité alimentaire persistante, l’impact du changement climatique sur le rendement des cultures est voué à être dévastateur.

« Le changement climatique transcende les frontières. Tous nos pays sont touchés par l’augmentation des phénomènes extrêmes, inondations, vagues de chaleur, érosions côtières.... Nous devons évaluer et réagir », a déclaré Sékou Sangaré, commissaire à l’agriculture, à l’environnement et aux ressources en eau de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en mai 2022.

7.  L’extrême pauvreté en Afrique de l’Ouest a augmenté de près de 3% en 2021.

Selon un rapport sur l’impact socio-économique de la COVID-19 publié en janvier 2021 par la CEDEAO, « la proportion de personnes dans la région vivant avec moins de 1,90 dollar par jour est passée de 2,3 % en 2020 à 2,9 % en 2021. »

La fermeture des frontières, les restrictions de mouvement et la perturbation des chaînes d’approvisionnement au cours de la première année et demie de la pandémie de coronavirus ont provoqué d’énormes perturbations dans les activités génératrices de revenus et ont poussé à la hausse des prix des denrées alimentaires, selon le rapport.

Les Ouest-Africains travaillant dans l’économie informelle, comme les « petits commerçants, les vendeurs de rue et les travailleurs occasionnels », qui représentent une part importante de l’économie, ont été les plus touchés par ces chocs, indique le rapport de la CEDEAO.


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