Solitude. C’est le nom d’une figure emblématique de la lutte contre l’esclavage que la ville de Paris entend commémorer.
Cette Guadeloupéenne a joué un rôle essentiel dans la lutte pour la liberté des femmes d’Outre-mer au 18ème siècle.
Née en 1792 d’une mère africaine esclave qui a été violée par un marin blanc, Solitude a été déportée aux Antilles. Elle a été libérée en 1794 suite à l’abolition de l’esclavage, mais lorsque Bonaparte entendait rétablir cette pratique huit ans plus tard, elle s’est engagée dans la résistance, enceinte. Condamnée à mort, elle a été exécutée le lendemain de son accouchement en 1802.
Aujourd’hui, la maire de Paris, Anne Hidalgo, souhaite sortir de l’ombre cette héroïne méconnue. D’abord honorée au moyen d’un jardin à son nom inauguré samedi dans le 17ème arrondissement, Solitude sera prochainement dotée d’une statue à son effigie, a indiqué Mme Hidalgo dans un tweet.
C’est « un moment important, parce qu'il inscrit le nom d'une femme qui, par son courage et son engagement pour la justice et la dignité, a ouvert avec d'autres la voie vers une abolition définitive de l'esclavage en France », a-t-elle affirmé selon le Point.
Au-delà d’un hommage, c’est aussi d’une volonté de restaurer une certaine égalité de représentation dans l’espace public.
Paris honore Solitude, figure guadeloupéenne de la résistance à l’esclavage, en lui dédiant un jardin dans #Paris17.
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) September 26, 2020
Bientôt, une statue de cette héroïne, la toute première représentant une femme noire à Paris, y sera installée. Un symbole fort pour ne jamais oublier son combat. pic.twitter.com/Bm2gy1rsS1
En effet, si la ville de Paris compte près de 1 000 statues, la grande majorité d’entre elles représentent des hommes, dont certains ayant joué un rôle violent dans la colonisation et l’esclavage. Comme l’indique Le Monde, les femmes ne constituent qu’une quarantaine des statues de la ville, et la totalité d’entre elles sont blanches.
« Ce sera la première statue de femme noire à Paris », se sont ainsi félicités Mme Hidalgo et l’acteur guadeloupéen Jacques Martial, nouvel adjoint chargé des Outre-mer.
Partout dans le monde, de nombreuses statues à l’effigie de personnages controversés ont récemment été déboulonnées pour contester la présence du colonialisme et du racisme, dont les conséquences se font encore ressentir à tous les niveaux de la société.
Dans le domaine de la santé, par exemple, le racisme peut entraver l’accès aux soins des populations racisées et causer des décès évitables. En France, une récente étude atteste aussi d’importantes discriminations auxquelles sont confrontés les populations issues de l’immigration postcoloniale dans le secteur de l’éducation.
Pour le moment, c’est dans l’espace public que Mme Hidalgo entend combler cet écart.
Le communiqué de la ville de Paris indique qu’un appel à projets sera prochainement lancé pour désigner la personne qui sculptera la future statue du Jardin Solitude.