La semaine dernière, la mairie de Paris a écopé d’une amende de 90 000 € pour avoir nommé un trop grand nombre de femmes à des postes de direction, une décision fortement critiquée par la maire de la ville, Anne Hildago.
La pénalité découle d’une sanction imposée par le ministère de la Fonction publique en raison d’un non-respect de la parité en 2018, année durant laquelle 11 femmes ont été nommées en tant que directrices ou sous-directrice, contre cinq hommes.
« Ce chiffre très élevé contribue fortement à la féminisation des emplois de l’encadrement supérieur et dirigeant, peut-on lire dans le bilan annuel du dispositif des nominations équilibrées institué du ministère de la Fonction publique. Il aboutit toutefois à un non‑respect de l’objectif légal de 40 % de nominations de personnes de chaque sexe dans ces emplois ».
En 2019, un nouveau texte a été adopté pour dispenser les administrations de toute pénalité relative à la représentation, tant que celle-ci n’est pas jugée trop déséquilibrée. Et aujourd’hui, les femmes ne représentent que 47 % des personnes occupant des postes de cadre supérieur au sein de la municipalité parisienne.
Mais cette loi n’ayant pas d’effet rétroactif, la ville de Paris est tout de même pénalisée pour non-respect des dispositions en vigueur à l’époque.
Pourtant, si les femmes bénéficient d’une représentation élevée au sein des postes de direction de la fonction publique — 62% des agents de la fonction publique sont des femmes, comme le souligne un récent rapport — elles restent grandement désavantagées sur le marché du travail en raison d’inégalités persistantes à d’autres niveaux, dont le salaire.
Selon les chiffres de l’Office européen de statistiques Eurostat, le salaire brut moyen des femmes françaises est d’ailleurs de 15,5 % inférieur à celui de leurs homologues masculins.
En mars 2020, les femmes n’occupaient également que 17,7 % des postes de direction au sein des 40 entreprises les mieux côtées en bourses, selon Capital.
11 femmes, 5 hommes... La Ville de Paris a été condamnée à 90.000 euros d'amende parce que trop de femmes directrices ont été nommées.
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) December 15, 2020
Avec mes adjointes, les directrices et les présidentes de groupe, nous irons donc porter ce chèque à la Ministre de la Fonction publique. pic.twitter.com/yMDAeH86eS
Mme Hidalgo a critiqué la décision de la Fonction publique en ces termes avec un brin de sarcasme.
« La direction de la ville serait devenue beaucoup trop féministe, a-t-elle ironisé en conseil. Cette amende est évidemment absurde. Elle est injuste, irresponsable, dangereuse. »
« Nous devons promouvoir des femmes avec détermination et rigueur car le retard partout en France est encore très grand. Il faut accélérer le tempo et faire en sorte que dans les nominations il y ait plus de femmes que d'hommes », a-t-elle ajouté, précisant qu’elle s’en donnerait à cœur joie de payer l’amende.