Pourquoi les Global Citizens doivent s’en préoccuper
L’objectif mondial n° 5 est d’assurer l’égalité de genre. D’ici 2030, nous devons atteindre cet objectif et alors adresser les inégalités salariales. Nous sommes encore loin du compte. Pour participer à l’action à ce sujet, faites entendre votre voix ici

Cet article a été mis à jour le 5 novembre 2020 pour refléter les données et les faits relatifs à l'année en cours.

Selon les chiffres de l’Office européen de statistiques Eurostat, le salaire brut moyen des femmes est de 15,5 % inférieur à celui des hommes en France. 

Reprenant ces chiffres et les rapportant au nombre de jours ouvrés sur l’année, Rebecca Amsellem, féministe, entrepreneure et créatrice du mouvement les Glorieuses (bulletin féministe), a constaté qu’à partir du 4 novembre 2020 à 16h16, les femmes françaises sont officiellement des bénévoles au travail par rapport à leurs collègues masculins en 2020.

En 2019, c'était le cas à partir du 5 novembre à 16 h 47.

Une pétition, ainsi qu'un hashtag #4novembre16h16 a été créé afin de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à ce sujet. 

L’égalité salariale est encore loin d’être acquise pour les femmes dans de nombreux pays dans le monde. 

À l’échelle européenne, l’écart salarial horaire des rémunérations entre les hommes et les femmes en 2020 est de 14,8 % d’après les chiffres d’Eurostat.

En 2019, les disparités variaient déjà au sein des pays membres. En Estonie, par exemple, l’écart était de 25,6 % contre 5 % au Luxembourg. Cependant, l’étude ne prenait pas en compte toutes les formes de discriminations.

Aux États-Unis, l’Institut Women’s Policy Research a démontré qu’en 2017 les femmes noires ont gagné 21 % de moins que les femmes blanches et les femmes latinas ont gagné 47 % de moins que les hommes blancs.

Si en France ces précisions ne sont pas données par les chiffres, des disparités existent bien. 

Lors d’un entretien avec les Glorieuses, la sociologue Carmen Diop, qui travaille sur les trajectoires professionnelles de femmes noires diplômées, a parlé des facteurs comme l’âge, la couleur de peau, ou un handicap. C’est ce que l’on appelle l’intersectionnalité. 

« À tous les niveaux de la chaîne hiérarchique, les femmes racisées et en particulier les femmes noires avec lesquelles je travaille sont payées moins et n’ont pas le même avancement dans leur carrière professionnelle », a-t-elle dit.

La date du 4 novembre 2020 est un rappel que l’on ne doit pas attendre pour la parité salariale. 

Le mouvement des Glorieuses propose trois mesures pour améliorer ces conditions inégales. La première recommandation est la mise en place d’un programme de certificat d’égalité salariale pour chaque entreprise, prouvant qu’à responsabilités égales la parité salariale est respectée. L’Islande a introduit une telle loi en 2018, obligeant les entreprises privées et publiques employant 25 personnes ou plus de prouver que les inégalités de genres ne sont pas monnaie courante en leur sein.

Ensuite, les Glorieuses disent qu’il faut une transparence totale en matière de rémunérations salariales dans les entreprises. Enfin, le mouvement souhaite s’attaquer à la maternité. Selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), l’écart salarial se creuse après la naissance des enfants pour les mères. Cinq ans après la naissance, les salaires sont 25 % moins élevés pour les mères — ceux des pères restent inchangés.

En 2019, le congé paternité était de 11 jours contre 7 semaines post-accouchement pour le congé de maternité. Les Glorieuses souhaitaient que ce dernier soit allongé, une décision que le gouvernement a finalement prise en 2020.

La France est loin d'être le seul pays concerné par cet enjeu.

Alexis Ohanian, cofondateur de Reddit, s’est rendu compte de la nécessité de mettre en place un congé paternité payé après la naissance de sa fille. Seuls 15 % des pères aux États-Unis ont accès à un congé de paternité payé, et pour changer cela, il s’est associé à la campagne Dove Men+Care et tente de faire avancer la cause auprès du Congrès américain.

À ce rythme, il faudra 202 ans pour atteindre la parité salariale. Il est donc crucial que nous y mettions tous du nôtre pour garantir un avenir aux générations futures.

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À partir de cette semaine, les femmes françaises travaillent gratuitement jusqu’à la fin de l'année

Par Gaëlle Langué  et  Sarah El Gharib