Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), dont Greenpeace, Les Amis de la Terre et all4trees, viennent de signer une tribune pour appeler le gouvernement français à se mobiliser contre les incendies en Amazonie.
Le texte, publié sur France Info lundi et signé par 24 organisations, souligne que près de 9 212 km2 de forêts amazoniennes ont été abattus entre août 2019 et juillet 2020, selon l’Institut national de recherche spatiale brésilien (INPE). Partant de ce constat alarmant, les organisations signataires dénoncent le manque d’action du président Emmanuel Macron, qui s’était engagé à lutter contre la déforestation de l’Amazonie un an auparavant.
Aujourd’hui, elles réclament notamment des « mesures concrètes » et « des actions immédiates » de la part du gouvernement et des entreprises françaises présentes sur le continent sud-américain — qui ont, elles aussi, leur part de responsabilité dans la disparition des forêts d’Amérique du Sud.
« Malgré sa responsabilité avérée, la France reste inactive, peut-on lire dans la tribune. À peine un an après les grandes déclarations, aucune amélioration n'est en vue. Le monde est-il devenu insensible, saturé d'entendre parler de forêts qui brûlent ? Les belles promesses ont encore laissé place à l'inaction ».
Bien au-delà de planter des arbres pour contrecarrer les effets dévastateurs des incendies sur l’écosystème, les organisations demandent des actions plus substantielles afin de s’attaquer aux causes profondes de la déforestation. Elles invitent notamment le gouvernement à mettre au rebut le traité de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur — texte qu’elles affirment être le « moteur principal de la déforestation en Amérique du Sud » — et demandent aux enseignes Carrefour et Casino de respecter le devoir légal de vigilance qui leur incombe.
Ces détaillants sont entre autres dénoncés pour leur commercialisation de viande issue de la déforestation ; de même, les géants bancaires sont ardemment critiqués pour leur soutien financier aux principaux responsables de ce désastre environnemental.
« Depuis 2017, ces grandes entreprises sont soumises à la loi sur le devoir de vigilance, affirment les organisations au sujet des enseignes susmentionnées. Il leur incombe de mettre en œuvre des mesures de prévention des atteintes graves aux droits humains et à l'environnement qui résultent de leurs activités et de celles de leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants. »
La tribune précise également que tout effort de lutte pour la préservation de l’Amazonie doit se faire dans le respect des peuples autochtones, qui sont les premiers à subir les conséquences de la déforestation.
🗣️ "Si aucune action radicale n'est entreprise maintenant, l'Amazonie enclenchera un cycle de désertification et atteindra un point de non-retour, soit la destruction irréversible d'un écosystème essentiel à la survie de l'humanité." pic.twitter.com/05fZ9MnX7a
— franceinfo plus (@franceinfoplus) August 24, 2020
Soulignant la gravité de la situation, les organisations rappellent que la planète pourrait atteindre un point de non-retour face à ce qu’elles qualifient être un « écocide ». Sans mobilisation internationale de taille, elles craignent notamment qu’une savanisation de l’Amazonie soit irréversible, une fois le seuil de 20 à 25 % de déboisement atteint. Actuellement, le Brésil avoisine les 20 %, selon la tribune.
Les données publiées par le World Wildlife Fund (WWF) confirment cette inquiétude, puisque l’organisation estime qu’au rythme actuel, 27 % du biome amazonien pourrait être dépourvu d'arbres d'ici 2030.