Les violations de droits humains envers les migrants à la frontière franco-britannique ont considérablement augmenté ces dernières années, selon un nouveau rapport de Human Rights Observers (HRO), l'Auberge des Migrants, et Help Refugees (Choose Love).
L'étude, publiée le 1er août, souligne que le nombre d'expulsions survenues dans la ville française de Calais a plus que doublé en 2019 seulement, passant de 452 cas en 2018 à 961 l'année suivante.
En raison de leur « intensité » et de leur « caractère répété et quotidien », ces expulsions sont considérées comme des actes de harcèlement et sont contraires aux droits humains fondamentaux, estime HRO.
« Aujourd’hui à son paroxysme, cette politique cynique et inhumaine est menée consciemment en totale contradiction avec les valeurs fondamentales et le respect des droits fondamentaux sur lesquels s’est construite la France, le pays dit des droits de l’Homme », peut-on lire dans le rapport.
Dans 37% des cas enregistrés en 2019, les personnes expulsées se sont vues privées de leurs biens matériels par les forces de police françaises, indique le rapport. Dans 36% des cas, des biens de première nécessité, tels que des couvertures, des sacs de couchage et des matelas, ont également été saisis par les autorités.
Le rapport indique également que 99,5 % de ces expulsions ne reposent sur aucune base juridique claire et ne donnent lieu à aucune offre de logement alternatif. Quand un système d'hébergement est mis en place, poursuit le rapport, celui-ci est souvent inadéquat ou temporaire, par souci d'« évitement des points de fixation », une stratégie politique définie dans les accords du Touquet.
⚠️Publication du Rapport Annuel HRO 2019⚠️
— Human Rights Observers (@HumanRightsObs) August 1, 2020
Avec plus de 1000 expulsions de lieux de vie informels comptabilisées en 2019, les droits fondamentaux ne sont toujours pas respectés; une politique de harcèlement organisée aux coûts financiers et humains élevéshttps://t.co/3JmpcBCkeTpic.twitter.com/P77UAuRU65
L'accord, un traité signé par la France et le Royaume-Uni en 2004, permet aux deux pays de mettre en place des dispositifs de contrôle de l'immigration et d'effectuer des inspections à leurs frontières respectives.
Récemment, il a fait l'objet de nombreuses critiques de la part de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), tandis que d'autres organisations, telles qu'Amnesty International et Refugee Rights, se sont prononcées contre sa mise en œuvre au sein d'une « zone de non-droit » où la violence est normalisée.
Bien que les effets à long terme de la COVID-19 sur les migrants restent à appréhender, la pandémie pourrait aggraver leur situation en les exposant à un risque accru de pauvreté et de conditions de vie insalubres.
« Depuis janvier 2020 jusqu’à juillet 2020, le cycle des expulsions continue à Calais et à Grande-Synthe, et ce même durant la crise sanitaire [de la COVID-19]. Avec 708 expulsions depuis janvier 2020, les droits fondamentaux ne sont toujours pas respectés à la frontière franco-britannique », peut-on lire dans la note complémentaire ajoutée au rapport.
Le 10 juillet dernier, 516 migrants ont également été expulsés par les autorités suite à une opération de police à Calais. D'après l'Independent, cette intervention était l'une des plus importantes opérations de ce type depuis le démantèlement de la soi-disant « Jungle » de la ville en 2016.
HRO demande une révision des accords du Touquet, ainsi qu'une action immédiate pour mettre fin à toutes formes de harcèlement policier. L’organisation réclame également la mise en place de solutions de logement efficaces destinées aux personnes à Calais.