La semaine dernière, une journaliste canadienne a tweeté que les enjeux internationaux n’avaient pas tendance à « être d’une grande importance pour les électeurs canadiens. » 

Avant de considérer cela comme un fait, demandez-vous dans quelle mesure les dirigeants canadiens accordent (ou non) la priorité à ces questions et s'il s'agit de la question classique de la poule et de l'œuf. Autrement dit, les dirigeants canadiens font-ils suffisamment d'efforts pour sensibiliser le public à la dimension internationale des défis auxquels le pays est confronté ?

La réponse courte est non. Pourtant, le Canada est confronté à une pandémie qui a coûté des milliers de vies canadiennes et qui, par définition, est mondiale et ne pourra donc être combattue que par un effort international de vaccination. Par ailleurs, le pays fait face à une crise du climat, déjà considérée comme une situation de « Code Rouge pour l'Humanité », avec une série d’événements meurtriers se produisant partout sur la planète, y compris des feux de forêts sans précédent dans l’Ouest du Canada.

Une chose est sûre : ce qui se passe à l'étranger a des répercussions sur les Canadiens dans leur propre foyer. Les candidats à cette élection fédérale et les prochains dirigeants élus du pays ignoreront-ils le monde aux portes du Canada ?

Cette élection se déroule à un moment clé pour le Canada.

En pleine pandémie, à l’instar d’autres pays, le Canada s'est retranché et a limité ses préoccupations à ses propres frontières. À présent, 64 % de la population est entièrement vaccinée, les provinces canadiennes rouvrent leurs frontières, et il y a enfin une raison d’être optimiste. L’on s'inquiète, toutefois, de la récente recrudescence des cas due au fait que le variant Delta s'est largement répandu parmi les personnes non vaccinées.

La phrase « personne n’est à l’abri tant que tout le monde ne l’est pas » est parlante. Pour protéger et encourager la relance au Canada, les futurs dirigeants devront rallier les Canadiens à des efforts mondiaux accrus et soutenus pour financer et redistribuer les vaccins contre la COVID-19 et d'autres fournitures médicales aux pays les plus vulnérables du monde, notamment en Afrique. Nous devons également soutenir les propositions visant à suspendre les droits de propriété intellectuelle (PI) entourant la production de ces outils. Nous devons jouer notre rôle et pousser activement les autres pays à en faire de même.

Dans le cas contraire, les Canadiens demeureront menacés par les variants toujours plus dangereux, qui apparaîtront dans les parties de la planète où les populations ne sont pas vaccinées.

Quant au changement climatique, le gouvernement canadien a mis en place une taxe carbone nationale, en plus d’avoir augmenté l’objectif canadien de réduction d’émission de gaz à effet de serre d’ici 2030, et doublé le financement international pour aider les pays en développement à atténuer le changement climatique et à s'y adapter. 

Ce sont des engagements notables, mais les émissions de gaz à effet de serre du Canada n’ont guère diminué. Nous subventionnons toujours l’industrie fossile, et en tant que champion du G20 des émissions de gaz à effet de serre par personne, nous n'avons pas encore vraiment pris conscience des changements que nous devons opérer rapidement pour protéger la planète et réduire l'impact de nos actions sur les nations les plus pauvres.

Aucun pays ne pourra mettre fin à la menace du changement climatique seul. La coopération internationale est incontournable et chacun doit assumer ses responsabilités. Pour ce faire, tous les partis et candidats devraient encourager le public canadien à voir dans l'action climatique une lutte pour protéger un bien commun.

Le Canada était, autrefois, respecté à l’échelle internationale pour ses contributions et son leadership sur les questions et les enjeux internationaux. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas tenir compte des engagements importants pris par les gouvernements récents en matière d'aide internationale, en faveur desquels les Global Citizens ont milité. Ceux-ci feront bouger les lignes.

Cependant, personne ne peut dire, à l'heure actuelle, que les dirigeants canadiens accordent vraiment la priorité aux problèmes mondiaux et qu'ils les abordent avec l'ambition, les ressources et l'énergie nécessaires, même s'ils ont des répercussions sur le Canada.

Prenez, par exemple, le budget stagnant de l'aide étrangère du Canada. Malgré une hausse temporaire en réponse à la pandémie de COVID-19, le budget est toujours en deçà des moyennes des pays riches, lorsque rapportées à la richesse nationale.

Nous devons faire preuve de grandeur et d'audace dans notre engagement sur la scène mondiale : plus de « juste assez » pour dire que nous avons joué notre rôle. Assumons véritablement nos responsabilités. Agissons de façon manifeste, faisons entendre notre voix et poussons les autres pays à suivre notre exemple.

À tous les candidats se présentant à l’élection cette année : soyons tous des Global Citizens.

Advocacy

Exiger l’équité

Futurs élus canadiens : soyons des Global Citizens

Par Jonah Kanter