Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper
La COVID-19 aggrave l'insécurité alimentaire et la faim dans le monde entier. La récente catastrophe qui a frappé le Liban, déjà touché par des pénuries alimentaires en raison d'une crise économique, a rendu la population encore plus vulnérable. Rejoignez Global Citizen et passez à l'action ici.

Suite à la tragique explosion survenue à Beyrouth la semaine dernière, la ville et ses habitants sont confrontés à des difficultés qui se sont ajoutées aux destructions et aux pertes humaines initiales. 

L'approvisionnement en nourriture de la ville est l'une des principales préoccupations du pays : le Liban importe près de 85 % de ses denrées alimentaires, dont une grande partie provient du port de Beyrouth, aujourd'hui dévasté.  Le port servait de point d'entrée principal pour les navires qui approvisionnaient en nourriture les 6 millions de personnes du pays. Il abritait également le seul grand silo à grains du gouvernement, lui aussi détruit, selon Reuters.

La collecte de fonds internationale et les efforts déployés sur le terrain permettent toutefois de fournir des repas à la population libanaise et d'éviter une éventuelle pénurie alimentaire. Global Citizen a rejoint ces efforts humanitaires en lançant la campagne « Global Aid for Lebanon » afin de collecter des fonds pour les personnes touchées par l'explosion de Beyrouth.

David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), s'est rendu à Beyrouth pour évaluer les dégâts et les perspectives de redressement. Il a exprimé son inquiétude lors d'une réunion d'information virtuelle tenue lundi, estimant que le pays pourrait être à court de pain dans deux semaines et demie, les stocks de céréales étant désormais épuisés.

« Dans l'immédiat, ce qui nous a vraiment inquiétés, c'est l'approvisionnement en pain ainsi que le port, a déclaré Shada Moghraby, responsable de la communication du PAM, à Global Citizen. Il était clair, lorsque le directeur exécutif s'est rendu au Liban, que l'une des premières choses que nous voulions aborder était de savoir comment rendre opérationnelles des parties du port afin que nous puissions acheminer les vivres nécessaires dans le pays. »

M. Beasley a affirmé avoir identifié une zone du port qui pourrait être opérationnelle dans le courant du mois. Il travaille également avec l'armée libanaise afin de dégager cette zone pour un usage temporaire. Le PAM transportera également du matériel par avion tout au long de la semaine pour reconstruire le port de manière à ce qu'il puisse recommencer à recevoir des importations.

En ce qui concerne l'approvisionnement en nourriture, un navire transportant des céréales a accosté au port à régime réduit ce lundi, tandis qu'un autre devrait y parvenir jeudi. Le PAM achemine également 17 500 tonnes de farine de blé et un approvisionnement en blé pour trois mois afin de reconstituer les réserves alimentaires du Liban, qui ont été endommagées par l'explosion, selon Mme Moghraby.

« Il s'agit de mettre du pain sur la table de tous les Libanais, de sorte que nous ayons des réserves de pain pour 20 jours, a déclaré M. Beasley lors de la réunion. Parallèlement, nous apportons environ 30 000 tonnes de blé pour 30 jours, puis 100 000 tonnes supplémentaires au cours des 60 jours suivants. »

Pour Mme Moghraby, la mobilisation internationale vis-à-vis de la situation à Beyrouth est impressionnante. Depuis le début de ses efforts de secours, le PAM a distribué 150 000 paniers de nourriture aux familles touchées par la crise économique dans le cadre de cette intervention immédiate. Outre le PAM, d'autres organisations ont également apporté leur aide sur le terrain en livrant des repas.

Des restaurants locaux tels que l'épicerie fine végétarienne Dry & Raw de Nabil Khoury distribuent des repas préparés à ceux qui en ont besoin, et produisent près de 1 000 repas par jour. 

World Central Kitchen, une association à but non lucratif fondée par le célèbre chef cuisinier et travailleur humanitaire José Andrés, a mobilisé une équipe de secours au Liban pour préparer 10 000 repas destinés aux hôpitaux locaux, aux personnes âgées hébergées sur place, aux secouristes et à d'autres personnes en détresse dans la capitale libanaise.

Les pays ont également apporté leur contribution en contribuant à l'achat de fournitures médicales et d'aide alimentaire. Les États-Unis ont alloué plus de 15 millions de dollars à l'aide humanitaire au Liban, en finançant notamment la distribution de nourriture à 50 000 personnes pendant trois mois. Le Royaume-Uni a pour sa part annoncé un programme d'aide de 20 millions de livres sterling (environ 26 millions de dollars) pour aider à nourrir la population libanaise par l'intermédiaire du PAM. La France va également envoyer 663 tonnes d'aide alimentaire au pays. 

« Ce qui nous donne un peu d'espoir, c'est la solidarité affichée envers le Liban, a déclaré Mme Moghraby. Cette explosion a été choquante pour tout le monde, et c'est vraiment inspirant de voir le grand élan de solidarité dont a bénéficié le peuple libanais. J'espère que nous allons commencer à réfléchir non seulement à l'impact de l'explosion, mais aussi aux questions sur lesquelles le PAM tire la sonnette d'alarme depuis un certain temps. »

Le Liban était déjà au bord de l'effondrement économique avant cette explosion qui a fait plus de 200 morts et des milliers de blessés. La catastrophe du 4 août est survenue au moment où le pays était confronté à sa pire crise financière depuis des décennies, avec 75% de sa population qui luttait pour se procurer de la nourriture.

La faim dans le monde a augmenté ces dernières années en raison de facteurs tels que le changement climatique et la progression des inégalités : au total, 2 milliards de personnes ont souffert d'insécurité alimentaire en 2019. L'impact de la COVID-19 pourrait faire basculer 270 millions de personnes supplémentaires dans le besoin.

Editorial

Vaincre la pauvreté

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Par Kristine Liao