Après avoir contracté une maladie infectieuse, cette mère s'est engagée en faveur de la vaccination

Auteur: Jacky Habib

Natalie Grono for Global Citizen

Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper
L'objectif mondial n°3 des Nations Unies vise à garantir à chacun, partout, l'accès à la santé et au bien-être. Cela passe notamment par la protection contre les maladies évitables, et les vaccins font partie intégrante de la réalisation de cet objectif. Rejoignez Global Citizen pour passer à l'action sur cette question et bien plus encore ici.

Une nuit, Heidi Robertson s'est réveillée avec des quintes de toux si fréquentes qu'elle n'arrivait pas à reprendre son souffle. La pression intense dans son abdomen causée par les spasmes de toux l'empêchait même de maîtriser sa vessie. 

« J'étais tellement mal en point. Chaque muscle de mon corps était douloureux », a-t-elle déclaré à Global Citizen. 

Après près de 15 minutes de toux pénible, Mme Robertson a vomi, ce qui a mis fin à la quinte de toux et lui a permis de se rendormir. Quelques heures plus tard, elle s'est réveillée et cela s'est reproduit. La toux était si intense qu'elle a fait éclater des vaisseaux sanguins autour de ses yeux.

Lorsque sa toux s'est manifestée, Mme Robertson n'y a pas prêté attention. Comme la situation s'aggravait, un ami l'a encouragée à se faire tester pour la coqueluche, une maladie respiratoire très contagieuse que l'on peut prévenir par la vaccination. Nous étions en 2008 et Mme Robertson, qui en était à son troisième trimestre de grossesse à l'époque, pensait qu'elle était à jour dans ses vaccinations ; elle était donc très inquiète lorsque le test s'est révélé positif.

Je me suis dit : « Que se passera-t-il si je donne naissance à ce bébé quelques semaines plus tôt et que je suis toujours contagieuse ? Parce qu'un nouveau-né ne peut pas le supporter comme un adulte. J'ai tout juste réussi à y faire face moi-même », a-t-elle déclaré.

Heidi Robertson works in her office at home in New South Whales, Australia, Nov. 24, 2020.
Heidi Robertson works in her office at home in New South Whales, Australia, Nov. 24, 2020.
Image: Natalie Grono for Global Citizen

Si la complication la plus courante chez les bébés qui contractent la coqueluche est la pneumonie, elle peut aussi causer des lésions cérébrales et s'avérer mortelle

Bien que Mme Robertson avait déjà été vaccinée contre la coqueluche, elle ne savait pas qu'elle devait recevoir une injection de rappel, c'est-à-dire une dose supplémentaire d'un vaccin déjà administré qui renforce l'immunité et qui est recommandé tous les dix ans. Mme Robertson, qui a travaillé pendant une décennie comme ambulancière en Australie et qui a voyagé dans le monde entier au sein de l'équipe médicale de l'émission de télé-réalité Survivor, s'est immédiatement isolée, craignant d'infecter son mari et son bambin de 18 mois dont elle était la principale soignante.

« Cela a semblé durer si longtemps. C'était une période intense et je ne voyais pas de fin en vue, a-t-elle déclaré. Je pense que cela a contribué à la dépression pré et post-natale que j'ai connue... J'étais épuisée, coupable et en colère. »

Après quatre semaines, elle n'était plus contagieuse, mais continuait à subir les effets de la maladie, notamment des quintes de toux et un système respiratoire affaibli. Le soulagement a été grand lorsqu'elle a accouché d'un petit garçon en bonne santé qui n'a pas contracté la coqueluche.  

À l'époque, Mme Robertson ne se rendait pas compte qu'elle était probablement infectée en raison des faibles taux de vaccination dus à un mouvement anti-vaccination croissant en Nouvelle-Galles du Sud.

Un jour, alors qu'elle déposait son bambin à l'école maternelle, une autre mère lui avait annoncé que son enfant avait contracté les oreillons.

« Je lui ai dit : “Comment un enfant peut-il avoir les oreillons ? Elle aurait été vaccinée". Cette mère m'a regardé et m'a dit : "Non, nous ne pratiquons pas la vaccination" et s'est détournée. »

Mme Robertson était perplexe. « J'ai commencé à chercher sur Google et je me suis dit : “Oh mon Dieu, j'ai déménagé dans un endroit où les gens pensent que c'est normal de ne pas se faire vacciner.” »

Signs are pictured on a building in Mullumbimby, New South Wales, Australia. In Mullumbimby, childhood vaccination rates are approximately 50% — meaning 1 out of every 2 children is not fully immunized.
Signs are pictured on a building in Mullumbimby, New South Wales, Australia. In Mullumbimby, childhood vaccination rates are approximately 50% — meaning 1 out of every 2 children is not fully immunized.
Image: Natalie Grono for Global Citizen

La famille de Mme Robertson s'était récemment installée dans les collines de Byron Bay, le lieu le plus à l'est de l'Australie, véritable destination touristique. À dix minutes de chez eux se trouve Mullumbimby, une ville connue pour son mode de vie alternatif et pour son aversion à la vaccination.

« Ils pensent que l'air frais, le soleil et les aliments [issus de l'agriculture] biologique suffisent à combattre les maladies, ce qui n'est tout simplement pas vrai. Ils ne vous donneront pas les anticorps », a déclaré Mme Robertson.

Si le soutien aux vaccins reste généralement élevé, un mouvement petit mais croissant de personnes qui s'opposent aux vaccinations en raison des risques pour la santé, de leurs penchants pour la médecine alternative et les théories du complot continuent de répandre la peur. Alors que les opposants aux vaccins, également connus sous le nom d'« antivaxxers », s'opposent fermement aux vaccins, d'autres « hésitants » sont réticents à l'idée de se faire vacciner et sont susceptibles d'être favorables aux vaccins lorsqu'ils sont rassurés et qu'ils disposent de preuves médicales.

À Mullumbimby, le taux de vaccination des enfants est d'environ 50 %, ce qui signifie qu'un enfant sur deux n'est pas tout à fait vacciné, alors que le taux national est de plus de 90 % en Australie.

« J'étais en colère parce qu'il y avait tant de parents autour de moi qui croyaient qu'ils n'avaient pas à se faire vacciner, a déclaré la mère de deux enfants. Je me suis dit que moi et mon nouveau-né aurions pu en payer le prix. »

Mme Robertson est tombée sur des groupes Facebook où les parents discutaient de la vaccination. Très vite, elle a été consumée par ces groupes, étonnée par la philosophie anti-vaccinale et par les échanges avec les internautes. 

« C'était une véritable obsession et j'ai dû y renoncer pour mon propre bien-être. Je passais des heures par jour à faire ça. C'était une grande colère qui m'animait et je voulais vraiment faire changer tout le monde d'avis », explique-t-elle.

Les rencontres qu'elle a eues avec les détracteurs à la vaccination ont été désagréables, même si Mme Robertson dit qu'elle a développé une certaine carapace. Une fois, à Mullumbimby, alors qu'elle était interviewée à la télévision au sujet des vaccins, un passant qui avait entendu la conversation lui a même craché dessus. Avec le temps, elle a commencé à canaliser ses efforts de manière plus stratégique. Aujourd'hui, elle est l'administratrice des Northern Rivers Vaccination Supporters. Ce groupe de bénévoles, qui est autofinancé, s'engage auprès des parents qui sont réticents à l'idée de se faire vacciner et diffuse des informations précises à ce sujet sur son site web, qui est approuvé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Heidi Robertson works on the Northern Rivers Vaccination Supporters group, at home in her office in New South Whales, Australia.
Heidi Robertson works on the Northern Rivers Vaccination Supporters group, at home in her office in New South Whales, Australia.
Image: Natalie Grono for Global Citizen

« Nous ne nous adressons pas aux opposants au vaccins parce que nous savons que nous ne pouvons pas les faire changer d'avis. Une fois qu'ils sont ancrés dans cette idéologie, vous ne pouvez pas les en dissuader », a déclaré Mme Robertson.

Les Northern Rivers Vaccination Supporters gèrent également un groupe Facebook privé que les gens ne peuvent pas rejoindre à moins qu'un membre existant du groupe ne se porte garant et ne les y invite. Cela permet de préserver un espace sûr pour les parents du groupe qui ont perdu leurs enfants à cause de maladies évitables comme la coqueluche, la rougeole et la polio.

Mme Robertson, qui s'est sentie coupable lorsqu'elle a été testée positive à la coqueluche, raconte que c'est ce qui l'a poussée à militer. 

« Je veux essayer de me racheter pour ce que j'ai fait, dit-elle. J'aurais pu causer beaucoup de dégâts sans le savoir. »

Heidi Robertson poses for a portrait at her home in New South Wales, Australia on Nov. 24, 2020.
Heidi Robertson poses for a portrait at her home in New South Wales, Australia on Nov. 24, 2020.
Image: Natalie Grono for Global Citizen


Si l’année 2020 nous enseigne quelque chose sur la santé mondiale, c’est bien l’importance de la vaccination. « World's Best Shot » est une série de témoignages de gens qui se dévouent corps et âme pour faciliter la vaccination partout dans le monde.

Note : Cette série de témoignages a été rendue possible grâce au financement de la Fondation Bill et Melinda Gates, un partenaire de Global Citizen. Chaque article a été produit en toute indépendance éditoriale.