Pourquoi les Global Citizens devraient s’en préoccuper
La lutte contre le changement climatique ne doit laisser personne pour compte. Le changement climatique affecte de manière disproportionnée les femmes et doit faire partie des plans visant à protéger la planète. Vous pouvez vous joindre à nous en passant à l’action ici.

Les femmes sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté, d’être vulnérables aux catastrophes naturelles et de subir les conséquences directes des inondations et de la sécheresse. Mais à l’image d’activistes comme Greta Thunberg, Naomi Klein et Vanessa Nakate, elles détiennent également les clés de la lutte contre les conséquences profondes du changement climatique. 

Les études montrent qu’investir dans les femmes et les filles est une solution efficace contre le changement climatique. Par exemple, les femmes peuvent utiliser les liens étroits qu'elles entretiennent avec leurs communautés pour défendre les technologies des énergies renouvelables et gagner leur confiance.

De plus, les experts affirment qu’éduquer les filles, militer pour l’autonomie des femmes en tant que leaders et les impliquer dans les décisions en matière d’agriculture sont également des pistes à creuser — mais elles sont souvent ignorées.

Les femmes instruites peuvent partager les ressources et les compétences nécessaires à la lutte contre le changement climatique

« Les pays se préparent à soumettre leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) — des stratégies nationales de réduction des émissions proposées tous les cinq ans. Les contributions sociologiques au changement climatique, allant de l'égalité de genre à l'éducation, doivent être considérées parallèlement aux solutions techniques », déclare Christina Kwauk, chargée de recherche en économie mondiale et développement au Brookings Institution's Center for Universal Education.

« Investir dans l'éducation des filles pourrait être une solution puissante à certaines des stratégies d'adaptation et d'atténuation dans lesquelles de nombreux acteurs du climat sont réellement investis », a déclaré Mme Kwauk à Global Citizen. 

Lorsque Mme Kwauk et ses collègues ont analysé 160 contributions nationales déterminées depuis 2015, ils ont remarqué qu’une seule d’entre elles mentionnait l’éducation des filles. 

« Il est très clair que les personnes en charge des directives sur le climat ne pensent pas à l'éducation, et qu’elles ne pensent pas à l'éducation des filles », a-t-elle déclaré.

« Une partie du problème réside dans le fait la communauté climatique se focalise uniquement sur la réduction des émissions de carbone — l'un des facteurs qui contribuent le plus au changement climatique — à l’aide de solutions techniques », a expliqué Mme Kwauk.

« Il y a aussi un autre défi : on pense que les acquis en matière d’éducation ne peuvent être réellement visibles que dans plusieurs années, alors que leur impact sur le carbone est immédiat, a-t-elle ajouté. En regardant d’autres modèles d’éducation plus novateurs, basés sur les problèmes et sur la communauté, vous pouvez constater l'impact des efforts d'éducation — tant sur la vie et les moyens de subsistance des communautés — dès le lendemain ». 

Investir dans l’éducation des filles peut garantir que la prochaine génération possède les compétences nécessaires en matière de STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et d'écologie pour passer à une économie verte, selon Mme Kwauk.

De nombreux efforts en matière de climat visent les femmes qui travaillent dans le secteur agricole, mais Mme Kwauk met en garde contre le fait de ne cibler que les femmes, et non les filles. 

« Nous allons devoir continuer à mettre en place cette solution de fortune au milieu ou à la fin de leur vie, au lieu de veiller à ce qu'elles puissent entrer dans ces domaines », a-t-elle déclaré.

Les femmes possèdent les connaissances de base pour mettre en œuvre une agriculture adaptée au climat

En moyenne, les femmes représentent 43% de la main-d’oeuvre agricole dans les pays en développement. Malgré leur contribution inestimable, elles ne reçoivent guère plus de crédits, de terres, d’éducation agricole, d’informations ou de ressources que les hommes. Au contraire, leur travail est souvent non rémunéré ou sous-payé.

Le rôle actif joué par les femmes dans les communautés leur permet d’acquérir les connaissances nécessaires pour trouver des solutions adaptées aux effets du changement climatique. Elles sont traditionnellement chargées d'aller chercher de l'eau, du combustible de cuisson et d'autres produits de première nécessité, ainsi que de superviser la production alimentaire — ce qui les met quotidiennement en contact direct avec les effets du changement climatique.

« Investir dans les femmes à travers l’éducation et un meilleur accès à l’information pourrait considérablement améliorer la productivité agricole », a déclaré Joky François, spécialiste des questions de genre à la Rainforest Alliance.

Si les femmes dans l’agriculture recevaient plus de soutien, « on n’aurait pas besoin de sacrifier davantage de forêts pour les transformer en terres agricoles, il serait possible de conserver la même parcelle de terrain », a-t-elle dit à Global Citizen. 

Les femmes ont l'avantage de rester au même endroit, alors que les hommes émigrent souvent, parfois pendant des mois, pour le travail, a expliqué François. Comme les femmes ont tendance à rester tout le temps sur les terres, elles peuvent efficacement mettre en œuvre de nouvelles méthodes et de nouveaux outils. Elles peuvent repérer les signes avant-coureurs du changement climatique dans le temps et parmi les animaux. 

« Nous ne devons pas les considérer comme des victimes, mais plutôt comme des agentes de changement, a déclaré François. Rendez-les visibles, investissez en elles et donnez-leur la possibilité de se développer ».

Les femmes dirigeantes et décisionnaires font des choix plus durables 

Les femmes sont souvent exclues des principaux gouvernements et des prises de décision, mais lorsqu'elles sont habilitées à participer, elles apportent plus d'empathie et d'ouverture à la table des négociations. Une représentation égale au sein des dirigeants profite aux hommes et aux femmes. 

Les études montrent que les entreprises qui comptent davantage de femmes dans leur conseil d'administration sont plus susceptibles de réduire les émissions de carbone, d'améliorer l'efficacité énergétique et d'investir dans les énergies renouvelables. Selon une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de l'Oregon et de l'Université de Californie à Davis, les pays où la représentation parlementaire féminine est plus élevée sont plus enclins à ratifier les traités internationaux sur l'environnement. Et lorsque les femmes ont des droits et un accès sécurisés à la terre, elles utilisent leurs ressources de manière durable. 

L'organisation Mothers Out Front a pour but de réunir les mères, les grands-mères et d’autres intervenantes afin qu'elles utilisent leur expertise pour soutenir le mouvement en faveur du climat. Kim Sudderth, organisatrice principale de la section de Mothers Out Front en Virginie, s'efforce d'encourager les femmes qui n'ont pas l'habitude d'occuper des postes de direction à s'engager pour leur communauté.  

« En général, les femmes et les mères sont plus en phase avec ce qui se passe avec leurs enfants en particulier et avec leur famille dans son ensemble, a déclaré Mme Sudderth à Global Citizen. En nous excluant de la conversation, on perd cette perspective importante qui devrait être intégrée dans la prise de décision ».

Mme Sudderth a travaillé avec un groupe de mères qui vivent dans un complexe de logements publics en Virginie. Chaque fois qu'il pleuvait, le champ en face d’une école primaire était inondé et les enfants ne pouvaient pas se rendre à l'école. Avec le soutien de Mothers Out Front, elles ont pu contacter le ministère des transports et demander aux écoles publiques de mettre en place une ligne de bus spéciale en cas de pluie abondante.

« Si elles n'avaient pas été invitées à participer à cette conversation sur la justice climatique, nous serions probablement encore en train de faire ce choix difficile d'aller à l'école ou non », a-t-elle déclaré.

« Les responsables politiques, les personnes qui occupent des postes d’élus, peuvent faire un effort particulier pour préparer les femmes et les personnes de couleur à siéger dans ces conseils et commissions pour faire partie du processus », a-t-elle ajouté.

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Par Leah Rodriguez