La pandémie de COVID-19 a contraint le monde à déplacer les lieux de travail et les écoles vers Internet et il est devenu de plus en plus difficile d’échapper aux réseaux sociaux. Si le fait d’aller sur internet a permis au monde entier de rester connecté pendant la crise sanitaire, la réduction des interactions physiques comporte néanmoins des risques pour la santé mentale, en particulier pour les jeunes filles.

Les cas de dépression, l’anxiété et les idées suicidaires ont augmenté chez les jeunes en général, ce qui est proportionnel avec la hausse du nombre d’utilisateurs de smartphones, a déclaré Adrienne Warren, directrice des programmes de l’organisation Global G.L.O.W. à Global Citizen. Adrienne Warren a expliqué que si la crise de la santé mentale chez les jeunes aux États-Unis est antérieure à la COVID-19, on assiste aujourd’hui à une « véritable tempête » de défis.

« Nous avons observé cette augmentation des taux (de dépression, anxiété), puis nous avons été confrontés à la pandémie, qui a accru les sentiments d’isolement, de solitude et de déconnexion à un moment vraiment critique du développement des filles », a-t-elle déclaré.

« C’est particulièrement important pour les filles, car elles rapportent des taux plus élevés de dépression en raison de leur exposition aux réseaux sociaux. » 

L’accès à Internet a également permis au harcèlement de sortir de la salle de classe, et de se prolonger en dehors, a-t-elle ajouté.  

Dans le cadre du programme Healthy GLOW visant à fournir aux filles du monde entier des informations sur la santé sexuelle, reproductive et psychologique, Brielle, 15 ans, participante du GLOW Club de Los Angeles, a rédigé un guide sur la santé mentale dans les réseaux sociaux pour aider ses camarades à naviguer dans cet espace.

Global Citizen s’est entretenu avec Brielle et Nuri, 17 ans, une autre participante du GLOW Club de Détroit, au sujet de ces recommandations et d’autres moyens d’assurer la sécurité des filles en ligne. Lisez leurs conseils ci-dessous.

Réfléchissez à la manière dont vous analysez ce que vous voyez en ligne.

Nuri a remarqué qu’après avoir passé beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, elle accordait trop d’attention à ce que faisaient les autres.

« Je regardais beaucoup les réseaux sociaux, et je me retrouvais toujours plongée dans la vie et les intérêts de quelqu’un d’autre plutôt que dans les miens », a déclaré Nuri. « J’avais l’habitude de voir des gens s’efforcer d’atteindre leurs objectifs et de les poster, et je ne faisais que regarder. »

Prendre une minute pour faire le point avec soi-même sur les informations que l’on rencontre en défilant peut faire toute la différence, selon Warren : « Juste rapidement [ demandez-vous ] « Est-ce que je me sens moins heureux dans ma vie en regardant ça ; est-ce que je me sens gros parce que j’ai vu quelqu’un qui avait cette apparence ? »".

Limitez le temps que vous passez sur les réseaux sociaux et faites des pauses.

Les adolescents américains passent en moyenne sept heures et 22 minutes par jour sur leurs appareils mobiles, selon Common Sense Media. Une autre étude menée par le Child Mind Institute a révélé que les adolescents et les jeunes adultes qui passent le plus de temps sur Instagram, Facebook et d’autres plateformes présentent un taux de dépression nettement plus élevé - entre 13 % et 66 % - que ceux qui y passent le moins de temps.

Warren a expliqué que faire un effort pour rester physiquement actif et entretenir des relations hors ligne peut aider à se détacher des réseaux sociaux.

« J’encouragerais les filles à faire des pauses et à se recentrer sur le monde réel et vos relations dans la vraie vie », a-t-elle déclaré. « Des recherches ont montré que si des filles passent beaucoup de temps en ligne (et pas seulement les filles) mais qu’elles ont aussi des relations significatives dans leur environnement physique, réel… qu’elles font partie d’équipes sportives, ou si elles ont des groupes d’amis solides... cela annule certains de ces résultats négatifs.

« Pendant ces pauses, cherchez des moyens de faire de l’activité physique, car nous ne pouvons pas séparer la santé physique de la santé mentale. Plus on passe de temps en ligne, moins on prend le temps d’apprendre de nouvelles choses ou de pratiquer de nouvelles compétences, or cela nous procure ce sentiment d’accomplissement. »


Trouvez un soutien dans la vie réelle pour faire face à la négativité en ligne.


Avoir un lieu où l’on se sent en sécurité pour exprimer ses sentiments face à l’exposition aux réseaux sociaux a aidé Nuri à s’en sortir.

» Ça peut être difficile de les identifier, mais nous avons tous cette personne ou ce groupe de personnes qui nous font comprendre que les commentaires négatifs ne valent pas la peine de verser des larmes «, a-t-elle déclaré.

Des groupes de soutien en ligne permettent également aux filles de parler de la santé mentale, a ajouté Warren.

Ne vous comparez pas avec les autres en ligne.

Il est essentiel de se rappeler que les gens affichent généralement le meilleur d’eux-mêmes en ligne et qu’il faut rester prudent face aux messages d’image corporelle erronés qui sont diffusés.

» Vous voyez ce que les gens veulent bien vous montrer. Ils ont pris 20 selfies avant de décider de mettre celui-là en ligne", a déclaré Warren. « Personne ne poste jamais ses mauvais jours. Ils ne postent jamais avant d’avoir l’air présentables. Cette vie en ligne n’est pas réelle. C’est une illusion. »

Nuri a trouvé réconfortant de se rappeler qu’elle ne voit pas des représentations fidèles de la situation des gens sur les réseaux sociaux.

« Quand je commence à me comparer [ aux autres ], je me rappelle que ma comparaison est basée sur des suppositions. Oui, certaines personnes ont des styles de vie et des looks qui semblent magnifiques et réels, mais je ne me laisse pas perturber par ça. », a-t-elle déclaré.

Tirez parti des éléments positifs des réseaux sociaux.

Nuri apprécie la façon dont certaines jeunes filles utilisent les réseaux sociaux pour partager des informations sur des questions importantes et y apporter des solutions.

« Il s’agit vraiment de la façon dont vous considérez les réseaux sociaux ; il ne s’agit pas de réduire complètement la quantité d’utilisation des réseaux sociaux, mais de maximiser le temps consacré aux aspects positifs », a-t-elle déclaré. « Il s’agit de la gestion du temps, de la façon dont on l’utilise et de ce que l’on veut e faire. Je [ suis ] certains comptes qui diffusent des messages positifs pour les filles et qui me font me sentir inspirée et confiante. »

Si vous remarquez que des amis se comportent différemment en ligne, prenez de leurs nouvelles.

Warren recommande de demander à ses amis comment ils vont, si la façon dont ils publient ou interagissent sur les réseaux sociaux semble inhabituelle.

« Observez s’ils ne s’isolent pas ou ne se renferment pas sur eux-mêmes. La chose la plus importante est de ne pas avoir peur de dialoguer parce que généralement, si quelqu’un veut vraiment de l’aide, il y a des signes », a-t-elle dit.

« Si vous connaissez des membres de la famille, si vous avez un lien quelconque avec certains de leurs proches, n’hésitez pas à les contacter. N’ayez pas peur d’appeler la National Suicide Hotline [ aux États-Unis ] au 800-273-8255. N’ayez jamais peur d’engager le dialogue, d’essayer de creuser un peu plus et de dire « Hé, ça va ?".

Demandez aux dirigeants de faire des réseaux sociaux un espace plus sûr pour les filles.

Warren espère que les gouvernements investiront davantage dans de vastes campagnes de prévention en matière de santé mentale.

« Comment faire passer un message différent aux jeunes, quelque chose qui soit à la fois positif et de rassurant ? » a-t-elle déclaré.  « Et comment pouvons-nous les protéger un peu mieux ? Il y a beaucoup de possibilités pour améliorer la santé, mais nous devons commencer à être attentifs. »

Il est possible d’impliquer tout le monde dans la protection des filles en ligne, a ajouté Nuri.

« Les entreprises technologiques devraient renforcer la sécurité. Les parents doivent être conscients de ce que leur enfant publie et ne pas toujours penser que ce qu’ils font sur les réseaux sociaux est honteux ou mauvais. Les influenceurs doivent aussi soutenir davantage les femmes et le montrer », a-t-elle ajouté.

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Par Leah Rodriguez