Les légendes de la musique Neil Young et Joni Mitchell, ainsi que le prince Harry et Meghan Markle, comptent parmi les personnalités qui critiquent la diffusion en ligne d’informations trompeuses sur les vaccins, dans un mouvement qui s’est rapidement amplifié ces derniers jours.

Afin de prendre position contre la diffusion de fausses informations sur les vaccins sur Spotify, Young, Mitchell et le guitariste Nils Lofgren ont exigé, en signe de protestation, que leur musique soit retirée de la plateforme de streaming, tandis que Brené Brown a mis en pause son podcast et que les Sussex ont continué à exprimer leurs inquiétudes vis-à-vis de Spotify, mettant en garde contre les « graves conséquences » de ces fausses informations.

Que s’est-il passé jusqu’à présent ?

Tout a commencé lorsque la semaine dernière, le podcasteur américain Joe Rogan a été critiqué pour avoir diffusé ce qui a été largement qualifié de désinformation sur la COVID-19 dans son programme Spotify, The Joe Rogan Experience.

Neil Young a demandé à Spotify de choisir entre lui et Rogan, accusant la plateforme de diffuser « des informations fausses et mortelles sur la COVID ».

Il l’a fait après la publication par un groupe composé de centaines de scientifiques, de professeurs et de professionnels de la santé d’une lettre ouverte demandant à Spotify de retirer un épisode de l’émission de Rogan avec le Dr Robert Malone, virologue. Les experts en santé publique ont écrit dans leur lettre ouverte que le podcast présentait « une menace contre la santé publique ».

Dans sa propre lettre ouverte, Young a souligné le danger de la désinformation : « La plupart des auditeurs qui entendent les informations fausses et trompeuses sur le COVID sur Spotify ont 24 ans, ils sont influençables et faciles à faire basculer du mauvais côté de la vérité. Ces jeunes sont convaincus que Spotify ne présenterait jamais des Informations fausses. Ils ont malheureusement tort ».

Le mouvement a pris une ampleur considérable sur Internet. « I stand with Neil Young » et « #CancelSpotify » sont devenus des messages de ralliement sur les réseaux sociaux. Twitter a été inondé d’annonces de fans annonçant qu’ils annulaient leurs abonnements.

Qui d’autre est impliqué ?

Peu après, un autre poids lourd de la musique, Joni Mitchell, a rejoint la campagne de protestation contre les contenus anti-vax sur Spotify, en déclarant : « Des personnes irresponsables répandent des mensonges qui coûtent la vie à des gens... Je suis solidaire de Neil Young et de la communauté scientifique et médicale mondiale sur cette question. »

Le prince Harry et Meghan Markle - qui ont un accord de plusieurs millions avec la plateforme de streaming - ont également exprimé leurs préoccupations. Dans un communiqué, un porte-parole du couple a écrit : « Nous avons fait part de nos inquiétudes à Spotify ».

Les Sussex ont fait campagne pour défendre l’égalité vaccinale, notamment lors de l’événement Vax Live organisé par Global Citizen en mai 2021. S’exprimant lors de ce concert, Markle a déclaré : « Chaque personne sur cette planète a le droit fondamental de recevoir ce vaccin ».


Nils Lofgren, guitariste de Bruce Springsteen, a également rejoint Mitchell et Young ce week-end en retirant sa musique de la plateforme, appelant « tous les musiciens, artistes et amateurs de musique du monde entier à nous rejoindre et à couper les liens avec Spotify ».

Sans mentionner Rogan, l’écrivain et podcaster américaine Brené Brown a annoncé qu’elle mettait en pause ses deux podcasts exclusifs à Spotify - Unlocking Us et Dare to Lead - jusqu’à nouvel ordre.

Malgré cela, jusqu’à présent, le géant du streaming s’est rangé du côté de Rogan. Peut-être parce qu’il a payé 100 millions de dollars en 2020 pour son émission, laquelle est la plus populaire de la plateforme avec un nombre d’auditeurs estimé à 11 millions.

Que dit Spotify ?

Au cours du week-end, Daniel Ek, directeur général de Spotify, a toutefois publié une déclaration officielle exposant son plan de lutte contre la désinformation, qui inclut l’introduction de liens dans les podcasts traitant de la COVID, qui guideront ses utilisateurs vers des informations factuelles et scientifiquement sourcées.

Rogan s’est également exprimé, publiant une vidéo Instagram de 10 minutes dans laquelle il minimise l’importance de son podcast : « Je n’ai jamais essayé de faire quoi que ce soit avec ce podcast autre que de simplement parler aux gens. » ». Il s’est toutefois engagé à inclure plus d’experts et à « faire de mon mieux à l’avenir pour équilibrer les choses. »

Pourquoi la lutte contre la désinformation est un enjeu essentiel ? 

Cette affaire intervient à un moment où l’hésitation et les réticences à l’égard de la vaccination continuent d’entraîner une recrudescence des cas dans des régions non vaccinées des États-Unis. Aux États-Unis, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) indiquent que 24,7 % des personnes ne sont toujours pas vaccinées, tandis que seulement 61 % de la population mondiale a reçu au moins une dose de vaccin COVID-19.

Selon une étude menée par le CDC, les personnes qui n’ont pas été vaccinées contre la COVID-19 avaient 11 fois plus de risques de mourir de cette maladie que celles qui l’ont été.

Le CDC décrit la mésinformation comme une « une fausse information partagée par des personnes qui n’ont pas l’intention d’induire les autres en erreur », tandis que la désinformation est « délibérément créée et diffusée avec une intention malveillante. » Pour lutter contre la prolifération de ce type de messages nuisibles, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dressé sur son site web une liste de « Mythbusters » (démystificateurs) relatifs au COVID-19.

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Par Tess Lowery