Par Anastasia Moloney

BOGOTA (Thomson Reuters Foundation) — Près de 12 millions de femmes vivant dans les pays les plus pauvres n’avaient pas accès à des moyens de contraception pendant la pandémie, entraînant ainsi 1,4 million de grossesses non planifiées, selon un communiqué des Nations unies publié jeudi.

Selon les estimations de l'Agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA), les femmes n’avaient plus accès à des méthodes de contraception car les familles manquaient de moyens pour la planification familiale à cause de la pandémie, qui a aussi interrompu les chaînes d'approvisionnement [de moyens de contraception].

Les femmes ont également été touchées par les restrictions de voyage dues au coronavirus, les fermetures de cliniques et le confinement, a indiqué l'UNFPA.

“Nous devons veiller à ce que les femmes et les filles aient un accès ininterrompu aux moyens de contraception vitaux et aux médicaments destinés aux mères,” a déclaré Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’UNFPA, dans un communiqué.  

Et d’ajouter : “L'impact dévastateur qu’a eu la COVID-19 sur la vie de millions de femmes et de filles l'année passée souligne l‘importance de garantir la continuité des services de santé reproductive.”

Les données de l'ONU ont mis en évidence les diverses manières dont les femmes ont souffert, de manière disproportionnée, de la pandémie, que ce soit en raison de l’augmentation des pertes importantes d'emploi et des tâches domestiques, ou encore de la multiplication des incidents de violence conjugale et sexuelle. 

Dans 115 pays à revenu faible et intermédiaire, les femmes ont été touchées par une interruption de leurs méthodes de planification familiale pendant 3,6 mois, en moyenne, l'année dernière, selon les données de UNFPA.

Cela montre que “plusieurs systèmes de santé ont été assez résilients pour finir par s'adapter” et reprendre leurs activités plus tôt que prévu, selon l’ONU.

En avril dernier, l’organisation avait prédit que 47 millions de femmes seraient affectées par des perturbations touchant les services de planification familiale, entraînant ainsi sept millions de grossesses non désirées. 

Les données sont, néanmoins, “particulièrement préoccupantes,” a déclaré Paula Avila-Guillen, directrice du Centre pour l’égalité des femmes, une organisation de soins de santé et de défense des droits basée aux États-Unis.

Les confinements et les fermetures d'écoles ont contraint de nombreuses filles et femmes à rester à la maison avec de violents membres de leur famille, a-t-elle ajouté, créant ainsi “de plus insidieuses et invisibles conséquences.”

“De nombreuses victimes de violence dépendent de l'accès à des méthodes de contraception et tombent enceintes à la suite de cette violence, ce qui les enchaîne davantage à leurs bourreaux,” a-t-elle dit. 

 En outre, ces perturbations affectent gravement les femmes vivant dans des pays où l'avortement est interdit ou strictement réglementé, y compris dans certaines régions d'Amérique latine et d'Afrique.

 “Lorsque les gens n’ont plus accès à des moyens de contraception, ils tentent de se débrouiller avec des moyens souvent moins efficaces pour éviter une grossesse,” a expliqué Ann Biddlecom, directrice de la recherche internationale au Guttmacher Institute, un centre de recherche sur les droits reproductifs. 

Et d’ajouter : “Dans de nombreux pays, les personnes qui tombent enceinte sans le vouloir sont confrontées à plus d’obstacles pour avorter sans risque.”

(Reportage par Anastasia Moloney; Edité par Lyndsay Griffiths. Créditer la Thomson Reuters Foundation, la branche caritative de Thomson Reuters, qui couvre la vie de personnes du monde entier qui luttent pour vivre librement ou équitablement.Rendez-vous sur news.trust.org)

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