Au début du mois, une adolescente de 16 ans du Kentucky a fait la une des journaux dans le monde entier après avoir été secourue grâce à un geste de la main appris sur TikTok, conçu pour appeler à l’aide en cas de danger. Un témoin, qui a reconnu le signe à travers la fenêtre de la voiture dans laquelle elle se trouvait, a appelé les secours, ce qui a permis de faire arrêter son agresseur qui la conduisait à travers le pays depuis plusieurs semaines.

Le geste est simple : pouce replié vers le centre, puis doigts qui se referment sur le pouce pour former un poing, imaginé à l’origine pour aider les victimes de violences sexistes à obtenir de l’aide sans laisser de trace numérique qui pourrait alerter leurs agresseurs.

Connu sous le nom d'Appel à l’aide, le geste est devenu viral dans le monde entier, mais il a commencé en avril 2020 avec la Fondation canadienne des femmes, un organisme public basé à Toronto et fondé en 1991, dans le cadre d’un effort de sensibilisation à la « pandémie de l’ombre » : l’augmentation de la violence contre les femmes pendant la COVID-19.

« Nous avons lancé [l'Appel à l’aide] parce que nous savions que la violence basée sur le genre [était] présente partout dans le monde. Nous savions que le Canada ne ferait pas exception », a déclaré à Global Citizen Andrea Gunraj, vice-présidente de l’engagement public à la Fondation canadienne des femmes.

Et pour une bonne raison.

Alors qu’en moyenne 30 % des Canadiennes de 15 ans ou plus ont déjà déclaré avoir subi une agression sexuelle au cours de leur vie, la pandémie a entraîné une augmentation des appels à la police pour violence domestique (12 % de femmes en plus par rapport à l’année précédente) et une hausse substantielle des fémicides (une femme a été tuée tous les 2,5 jours par son partenaire rien qu’en 2020).

Bien que les femmes de tout le pays soient touchées, certaines communautés subissent des effets disproportionnés de la violence basée sur le genre. Les personnes non-binaires, ainsi que les femmes autochtones, bispirituelles, noires, trans et racisées, en particulier, sont beaucoup plus exposées à la violence que les autres groupes de personnes, souligne Mme Gunraj. Selon elle, les services existants ne parviennent souvent pas à répondre aux besoins de ces populations, soit par manque de financement ou d’accès, soit en raison d’approches uniformes qui omettent la nature intersectionnelle de la violence basée sur le genre et le caractère unique des expériences culturelles et individuelles.

Une grande partie du travail de la Fondation canadienne des femmes vise à mettre en lumière l’invisible, à attirer l’attention sur le caractère confidentiel et invisible de la violence basée sur le genre. Un geste d’une seule main comme l'Appel à l’aide, bien que simple à apprendre, peut avoir un impact considérable sur la vie d’une personne, surtout à une époque où la communication vidéo est répandue et où les personnes victimes de violence basée sur le genre pourraient craindre de demander de l’aide si elles sont piégées chez elles avec leur agresseur.

L'effet du geste a heureusement été immédiat.

Entre avril et juillet, une personne sur trois au Canada connaissait déjà le signal et la manière dont il devait être utilisé, rappelle Mme. Gunraj.

 « C’est une statistique vraiment importante qui montre que le signal a bel et bien suscité un intérêt », affirme-t-elle.

Depuis, les témoignages de personnes utilisant le signal ont commencé à affluer, du Canada à la Turquie en passant par l’Espagne. Les réseaux sociaux ont contribué à dynamiser le mouvement, facilitant plus que jamais l’apprentissage du geste et l’intervention avant qu’une situation ne dégénère en violence. Une recherche rapide du hashtag #SignalForHelp sur Twitter révèle des milliers de messages.

Interrogée sur la grande popularité du signal, Mme Gunraj estime que les réseaux sociaux sont un moyen puissant de sensibiliser les gens, d’une manière qui ne manque pas de lui rappeler le mouvement #MeToo. Bien qu’elle ne se soit jamais attendue à ce que le mouvement prenne une telle ampleur, elle n’est pas étonnée.

« Je ne pense pas que nous imaginions l’ampleur et la portée que cela allait prendre. Mais cela ne me surprend pas, car la violence basée sur le genre est une réalité très répandue, y compris au Canada », a-t-elle déclaré. « #MeToo nous a appris que lorsque les gens n’ont pas d’autres moyens de partager ce qui leur est arrivé et qu’ils ne trouvent pas justice, ils trouveront leurs propres moyens de communiquer et de se soutenir mutuellement en utilisant des supports comme Twitter et les médias sociaux. »

Maintenant que les gens savent comment l’utiliser, le prochain défi est de s’assurer que tout le monde sache y répondre de manière appropriée afin d’empêcher l’escalade de la violence.

Ce 25 novembre, en l’honneur de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes des Nations Unies, la Fondation canadienne des femmes a lancé une campagne afin de munir les communautés des connaissances nécessaires pour intervenir efficacement dans une situation de violence basée sur le genre. La campagne comprend une série de ressources, dont un guide pour savoir comment réagir face à ce signal ainsi qu’un site Web.

Vous pouvez soutenir la Fondation canadienne des femmes en vous inscrivant pour répondre à l’appel ici.


Les droits des femmes sont des droits humains et ils doivent être soutenus et protégés. À l'occasion des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre, du 25 novembre au 10 décembre, nous demandons aux Global Citizens de se joindre à nous pour relever le défi des #16jours, en accomplissant chaque jour une action simple qui vous permettra d'en savoir plus sur les droits des femmes, l'autonomie corporelle et la violence basée sur le genre en ligne.

Vous pourrez engager des conversations essentielles avec vos proches, promouvoir sur les réseaux sociaux le droit des femmes et des filles à disposer de leur propre corps, soutenir les entreprises dirigées par des femmes dans votre communauté, signer des pétitions en faveur de l'autonomie corporelle, etc. Pour en savoir plus sur le défi #16Jours et commencer à passer à l'action, cliquez ici.

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Exiger l’équité

Cette organisation canadienne a créé un geste d'appel à l’aide contre les violences domestiques

Par Sarah El Gharib