Pourquoi les Global Citizens devraient-ils s'en préoccuper ? 
La pandémie de COVID-19 a engendré une crise sanitaire et économique sans précédent, frappant de plein fouet les nations les plus vulnérables. Aucun pays ne doit être laissé pour compte dans la relance de l'économie mondiale et la réalisation des Objectifs mondiaux des Nations unies pour mettre fin à l'extrême pauvreté. Rejoignez-nous en passant à l'action ici.

Alors que la COVID-19 a plongé l'Afrique dans sa première récession depuis plus de 25 ans, la France s'est unie aux dirigeants africains et européens pour prôner une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS) des pays riches vers l'Afrique. 

Lors du Sommet sur le financement des économies africaines, qui s'est tenu à Paris mardi, les dirigeants ont souligné qu'il ne pouvait y avoir de relance post-COVID sans prendre en considération les nations africaines. L'événement a rassemblé 30 dirigeants africains et européens ainsi que des responsables d'institutions financières internationales.

Les DTS sont un outil de financement essentiel développé par le Fonds monétaire international (FMI) pour venir en aide aux nations les plus fragiles du monde. Cette monnaie peut être échangée entre les pays contre des liquidités ou des espèces. Elle peut également être utilisée pour acheter du matériel médical et des aliments.

En avril, les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 ont invité le FMI à émettre une allocation équivalente à 650 milliards de dollars en DTS, dont 34 milliards seraient destinés aux pays africains, afin de soutenir la relance mondiale post-COVID.

Le sommet est l'une des rencontres de haut niveau les plus importantes organisées en personne depuis l’irruption de la pandémie. Il a pour but de limiter l'impact économique de la crise de COVID-19 en octroyant des financements essentiels pour stimuler la croissance économique des pays africains, asphyxiés par les conséquences de la pandémie.

Le Président français Emmanuel Macron a exhorté les pays riches à redistribuer 100 milliards de dollars de DTS à l'Afrique d'ici octobre. 

« La France y est prête… nous sommes prêts à réallouer les droits de tirages spéciaux dont la France est dépositaire, » a ajouté le président Macron, en référence à la volonté du pays de prendre ses responsabilités. Il a également souligné l'importance d'inciter les autres pays développés, notamment les États-Unis, à faire de même. Cette proposition s'inscrit dans le cadre du « New Deal » de la France avec l'Afrique, selon le Président français.

« Je suis convaincue que cela va se concrétiser pour le bien de l'Afrique et pour le bien de nous tous, car la stabilité de la croissance en Afrique signifie la prospérité et la stabilité en Europe, » a déclaré Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, lors d'une conférence de presse.

Le 17 mai, le ministre français des finances Bruno Le Maire s'est engagé à prêter 1,5 milliard de dollars au Soudan, qui souffre d'un manque de liquidités, pour lui permettre de rembourser ses arriérés au FMI et de promouvoir des réformes économiques dans le pays. L’État français s'est, en outre, dit favorable à l'annulation de la dette du pays africain envers la France.

Ces mesures ouvriront la voie à un allégement de la dette du Soudan, qui s'élève à près de 60 milliards de dollars, soit deux fois son produit intérieur brut (PIB).  

Pour stimuler une relance globale, le Sommet sur le financement des économies africaines a également lancé une plateforme visant à accroître la capacité de production de vaccins en Afrique grâce à des partenariats, au transfert de technologies, à la levée des brevets sur les vaccins et à une augmentation des financements de la Banque mondiale.

Aux côtés de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, le Président Macron a annoncé l'ambition de doubler l'objectif de vaccination de 20 % de la population dans les pays à faible revenu et à revenu moyen d'ici la fin de l'année, grâce au dispositif COVAX, et de produire un milliard de doses supplémentaires de vaccins sur le continent africain d'ici 2022. 

« Nous devons nous efforcer de vacciner 40 % de la population et c'est faisable si, ensemble, nous obtenons la capacité d'acheter plus de doses et de produire [des vaccins] avec l'Afrique, » a déclaré le Président Macron lors d'une conférence de presse. 

Avec d'autres dirigeants mondiaux, la France a appelé l'Organisation mondiale de la Santé, l'Organisation mondiale du commerce et la Communauté de brevets sur les médicaments (Medicines Patent Pool) à lever les brevets sur les vaccins contre la COVID-19, qui entravent la production de vaccins.

« La question de l'accès du continent au vaccin est fondamentale : si cette conférence impulse une coalition d’acteurs nationaux et internationaux en ce sens, alors c’est une étape importante pour faire davantage de la santé un bien public mondial, » a déclaré Mihoub Mezouaghi, directeur de l'Agence française de développement au Maroc.

« Il reste un ensemble de contraintes à lever et en premier un accès plus élargi aux brevets, un renforcement des systèmes nationaux de santé notamment en termes de capital humain et enfin une forte mobilisation des investissements publics et privés dans le secteur de la santé, » a-t-il expliqué à Global Citizen. 

Un financement en deçà des attentes de l'Afrique

Outre l'impact de la COVID-19 sur la santé des populations – l'Afrique ayant enregistré un peu moins de 130 000 décès dus au virus selon les chiffres du 18 mai – l'Afrique a été particulièrement touchée sur le plan économique.

Le continent pourrait faire face à un déficit de financement nécessaire à son développement de l'ordre de 290 milliards de dollars d'ici 2023, selon un rapport intitulé Perspectives économiques régionales pour l'Afrique subsaharienne que le FMI a publié en octobre 2020.

L’Afrique paie un lourd tribut en raison des conséquences de la COVID-19, qui se traduit par la réduction des flux de financement étrangers provenant des envois de fonds, du tourisme, des investissements directs étrangers et de l'aide étrangère, entre autres. Cela a un impact direct sur les systèmes de santé, souligne l'étude.

L'allocation de DTS du FMI ne suffit, donc, pas à combler le déficit de financement des États africains.

« Quand on compare les 33 milliards avec les besoins réels [des pays africains], c’est une petite goutte d'eau dans la mer, » indique Daouda Sembene, ancien directeur général au FMI, qui travaille au Centre pour le développement global (Center for Global Development) à Washington D.C.

« Il faut plus de financements pour aider les pays africains à faire face à leurs besoins occasionnés par la crise, » explique t-il à Global Citizen.

Les 189 États membres du FMI n'ayant pas le même pouvoir de décision ni les mêmes droits, leur influence est définie par des quotas basés sur leur position dans l'économie mondiale. Autrement dit, les économies avancées recevront près de 400 milliards de dollars en DTS tandis que les nations africaines n'obtiendront que 30 à 40 milliards de dollars.

La redistribution des DTS pour stimuler la relance des pays en développement est une priorité pour le président Macron.

En février, avec d'autres dirigeants mondiaux et responsables d'organisations internationales, le chef d’État français a incité, dans une tribune, la communauté internationale à utiliser les DTS pour réduire le fardeau de la dette des pays pauvres.

Advocacy

Vaincre la pauvreté

DTS : La France et les dirigeants africains demandent 100 milliards de dollars pour la relance post-COVID de l'Afrique

Par Kamilia Lahrichi