L'invasion de l'Ukraine par la Russie a attiré l'attention sur le sort des réfugiés. Plus de cinq millions d'Ukrainiens ont fui la guerre au cours des derniers mois.

Ils ont été violemment arrachés à leur foyer, contraints de s'assimiler et de subvenir à leurs besoins dans un contexte entièrement nouveau, et ce tout en faisant le deuil de leurs anciennes vies. Les pays d'accueil comme la Pologne et l'Allemagne ont accueilli des millions de réfugiés et les organisations humanitaires travaillent jour et nuit pour leur fournir de la nourriture, de l'eau, des abris, des soins de santé, une éducation et d'autres formes de soutien.

Mais le financement est insuffisant pour répondre à l'ampleur du défi, un problème qui se répercute dans le monde entier.

En fait, selon le HCR, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, un grand nombre des crises les plus graves dans le monde ont reçu moins de la moitié du financement requis pour soutenir les besoins humanitaires de base. Le manque de financement prolonge les difficultés auxquelles sont confrontés les réfugiés, ce qui favorise l'apparition d'épidémies dans les camps, l'interruption de l'éducation des enfants et l'augmentation des inégalités entre les genres.

La Journée mondiale des réfugiés, célébrée chaque année le 20 juin, a été créée en 1951 dans le cadre de la Convention de Genève et sert depuis lors d'appel à l'action pour que les réfugiés du monde entier bénéficient du soutien dont ils ont besoin. Cela signifie qu'il faut financer les besoins humanitaires urgents, mais aussi aider les réfugiés à se réinsérer dans une vie nouvelle et enrichissante.

Partout dans le monde, les réfugiés sont souvent leurs plus grands défenseurs, faisant appel à leur ingéniosité pour surmonter des circonstances inimaginablement difficiles.

Global Citizen s'est récemment entretenu avec six travailleurs humanitaires de l'organisation humanitaire à but non lucratif Alight au sujet de leur travail dans divers domaines liés aux réfugiés.


Camille Ogoti, responsable du programme Ukraine à l'ORAM (Organisation affiliée à Alight)

Image: via Alight

Que voulez-vous que la communauté Global Citizen sache sur les personnes avec lesquelles vous travaillez ?

Les demandeurs d'asile qui arrivent d'Ukraine sont issus de tous les milieux et font de leur mieux pour reconstruire leur vie à partir de zéro. L'attention que nous portons à la communauté LGBTQI pose ses propres enjeux, en plus de la nécessité de recommencer sa vie. Nous rencontrons des personnes homosexuelles qui ont subi des traumatismes et qui n'ont pas pu vivre pleinement leur vie d'homosexuel en Ukraine. Notre travail, en plus de les aider à s'intégrer à Berlin - où [la] majorité d'entre eux veulent rester - consiste également à leur faire connaître la riche communauté homosexuelle de Berlin. Nous avons commencé à créer des opportunités en collaboration avec d'autres organisations queer reconnues.

À quoi ressemble votre travail au quotidien ? De quelle manière aidez-vous à améliorer le sort des réfugiés ?

L'un des principaux besoins des réfugiés est la recherche d'un logement sur le long terme. Selon une directive gouvernementale annoncée la semaine dernière, un réfugié ou un demandeur d'asile doit justifier d'un logement pour une durée minimale de six mois, d'une offre d'emploi ou d'un permis de séjour pour pouvoir rester à Berlin.

L'ORAM, en partenariat avec Airbnb et Hilton, fournit des logements de courte durée. Notre travail consiste donc à les aider à trouver des solutions de logement plus durables et à s'installer à Berlin. La recherche d'appartement à Berlin est difficile en raison de la pénurie de logements, mais nous avons réussi à loger sept personnes en l'espace de trois semaines.

Nous travaillons à obtenir d'autres appartements. En attendant, nous les aidons dans leurs activités quotidiennes en assurant un suivi, en les accompagnant à des réunions pour développer leur réseau et en collaborant avec d'autres organisations.

Qu'est-ce qui vous donne de l'espoir ?

Nous espérons pouvoir aider autant de réfugiés homosexuels que possible, et ce, malgré les difficultés actuelles. Nous constatons déjà les résultats de notre travail et nous sommes convaincus que nous aurons un impact encore plus grand sur les communautés. Nous nous efforçons de les aider à s'intégrer en Allemagne et nous pensons que lorsqu'ils sont équipés des moyens nécessaires, il leur est possible de reconstruire leur vie.





Messi Rudasingwa, responsable de la prévention de la violence sexuelle et basée sur le genre (VSBG) dans le camp de réfugiés de Mahama au Rwanda.


via Alight

Que voulez-vous que la communauté Global Citizen sache sur les personnes avec lesquelles vous travaillez ?

Le fait d'être un réfugié représente une situation de vie qui ne définit pas un individu. C'est une expérience éprouvante en soi, c'est pourquoi ces personnes doivent être prises en charge. Elles méritent de la compassion et de l'humanité. Les réfugiés avec lesquels je travaille et communique à Mahama font partie des personnes les plus fortes et les plus courageuses que j'ai eu l'occasion de rencontrer. Ils débordent de capacités et de potentiels qui ne demandent qu'à être libérés.

À quoi ressemble votre travail au quotidien ? De quelle manière contribuez-vous à améliorer la situation des réfugiés ?

La prévention de la violence sexuelle et sexiste passe par un changement des mentalités. Nous pensons que les individus sont influencés par les personnes qui les entourent et que pour créer un changement, toute la communauté a besoin de se sentir concernée.

C'est pourquoi mon travail est axé sur la collaboration directe avec la communauté par le biais de groupes de personnes qui en font partie. Les principaux groupes avec lesquels nous travaillons sont des militants communautaires, des membres de troupes de théâtre et des groupes d'action communautaire.

Mon travail quotidien consiste à fournir un accompagnement, une assistance et une aide réguliers afin qu'ils puissent animer des activités visant à impliquer les membres de la communauté, qu'il s'agisse de leurs familles, de leurs amis ou de leurs voisins.

Les mobilisations communautaires sont interactives et contribuent à susciter et à faciliter les conversations autour des violences basées sur le genre, qui demeurent un sujet sensible. Elles englobent des activités ludiques telles que des rencontres publiques, des débats communautaires par le biais de supports visuels, de pièces audio et de représentations théâtrales.

Qu'est-ce qui vous donne de l'espoir ?

Ce qui me donne de l'espoir, c'est de rencontrer des membres de la communauté qui ont commencé à remettre en question les rapports de force négatifs et à promouvoir des relations saines sans violence. J'ai également de l'espoir dans la jeune génération, qui remet en question les normes de genre et comprend que la violence sexuelle et sexiste ne doit en aucun cas être tolérée.


Caroline (Carol) Kamwiine, Établissement de réfugiés de Nakivale - Programme Alight Ouganda


via Alight

Que voulez-vous que la communauté Global Citizen sache sur les personnes avec lesquelles vous travaillez ?

Les personnes avec lesquelles je collabore appartiennent à différentes catégories. Tout d'abord, les membres du personnel des différents départements qui se consacrent pleinement au service de l'humanité. Ils se dépassent et travaillent parfois davantage pour s'assurer que tout le monde est satisfait. Ils sont attentifs aux commentaires et collaborent durant les périodes où nous avons beaucoup d'activités dans le cadre de nos opérations : l'urgence congolaise, l'accueil et l'installation des nouveaux arrivants en provenance des points frontaliers, dont beaucoup sont des femmes, des enfants non accompagnés et des femmes qui ont besoin d'une attention particulière. C'est pourquoi j'appelle ces membres du personnel des personnes extraordinaires, car ils vont bien au-delà de leur travail et donnent le meilleur d’eux-mêmes.

L'autre catégorie est la communauté elle-même. Il y a les membres de la communauté qui se sont organisés et ont formé des groupes et des organisations communautaires pour trouver entre eux des solutions aux défis auxquels ils sont confrontés. Ces personnes ont facilité notre travail et l'ont rendu durable, car la communauté s'est maintenant appropriée le projet.

À quoi ressemble votre travail au quotidien ? De quelle manière contribuez-vous à améliorer le sort des réfugiés ?

Dans le camp de réfugiés de Nakivale, chaque jour ressemble à un événement spécial. C'est un camp très animé en ce moment, parce qu'il s'agit du camp d'accueil du sud-ouest de l'Ouganda, ce qui implique davantage de travail. Il s'agit de s'occuper des personnes qui se présentent, d'organiser des sessions de sensibilisation dans la communauté, de distribuer des articles non alimentaires aux nouveaux arrivants, de fournir des repas chauds au centre d'accueil qui compte plus de 1 000 personnes, de mobiliser et d'enregistrer les rapatriés volontaires burundais et bien d'autres choses encore. Nakivale doit accueillir les célébrations nationales de la Journée mondiale des réfugiés en 2022.

Qu'est-ce qui vous donne de l'espoir ?

La chose la plus encourageante est que nous sommes à une époque où nous travaillons directement avec la communauté. La communauté cherche vraiment à résoudre ses propres problèmes et défis. Les personnes impliquées dans les dialogues et l'éducation se montrent particulièrement motivés : par exemple, la communauté de Nakivale a ouvert une école pour améliorer l'éducation. Cela montre qu'ils sont conscients de la valeur de l'éducation pour leurs enfants.

Masudi Katembela, responsable des subventions, Eastern Congo Initiative (organisation affiliée à Alight)

via Alight

Que voulez-vous que la communauté de Global Citizen comprenne à propos des personnes avec lesquelles vous travaillez ?

La communauté Global Citizen doit être consciente de leurs besoins et de leur vulnérabilité, mais aussi de la résilience et de la capacité des individus dans le contexte humanitaire. Nous soutenons des interventions localisées, ou des initiatives menées par des groupes communautaires, afin de créer un changement social et économique.

À quoi ressemble votre travail au quotidien ? De quelle manière contribuez-vous à améliorer le sort des réfugiés ou des personnes déplacées ?

Je travaille avec des organismes subventionnés afin de fournir un soutien technique pour la gestion des subventions en termes de suivi et d'évaluation, de programmation, etc. Grâce aux organismes subventionnés, nous avons fourni une aide d'urgence aux personnes déplacées lors de la dernière éruption volcanique, sous forme de nourriture, de soins médicaux, de frais de scolarité et de fournitures pour les enfants déplacés, ainsi que des kits d'hygiène pour les victimes de violences sexuelles. Au cours de la période post-catastrophe, de nombreux jeunes des quartiers touchés par l'éruption volcanique ont suivi une formation à l'entreprenariat et à la création de nouvelles entreprises. En outre, de nombreuses femmes mettent en œuvre des activités de l'Association villageoise d'épargne et de crédit (VSLA)

Qu'est-ce qui vous apporte de l'espoir ?

Ce qui nous donne de l'espoir, c'est qu'après la catastrophe liée à l'éruption volcanique, grâce à notre intervention, de nombreuses personnes reprennent lentement une vie normale en répondant à leurs besoins fondamentaux et en envisageant un avenir radieux.


Kawthar Ismail Askar, Agent de protection d'Alight (Hargeisa, Somaliland)

Image: Courtesy of Alight

Que voulez-vous que la communauté Global Citizen sache sur les personnes avec lesquelles vous travaillez ?

Je travaille avec des personnes qui sont très attachées à leur religion, leur culture et leur patriotisme. Ce qui me fascine, c'est que ce sont des gens créatifs qui ont un but et un leadership naturel.

C'est une société qui aime le développement, le changement et la mondialisation. Ce sont des gens qui se concertent, s'écoutent et résolvent leurs propres problèmes culturels. Ils sont très productifs et dépendent de l'agriculture et de l'élevage.

Les Somaliens comptent parmi les entrepreneurs les plus prospères du continent et, en moyenne, ils obtiennent de meilleurs résultats que les commerçants locaux traditionnels, et ce, où qu'ils vivent. Ils sont actifs et socialement responsables, ainsi qu'intelligents. Ils sont en outre des personnes résilientes, qui doivent toujours composer avec des sécheresses généralisées, de faibles revenus et certains maux sociaux.

À quoi ressemble votre travail au quotidien ? De quelle manière contribuez-vous à soulager la détresse des réfugiés ?

J'ai l'impression que toutes mes journées sont bénéfiques ; c'est un travail qui, selon moi, aide mon peuple et mon pays. Je les encourage et les accueille ; je leur fais sentir qu'ils ne sont pas dans un endroit étranger, mais dans un endroit où ils sont sur un pied d'égalité et peuvent bénéficier de tous les services de base. Il n'y a pas de discrimination, et Alight en est le centre humain.

Dans nos régions protégées, nous organisons des formations professionnelles pour les filles et les femmes dans un centre pour femmes "safe space", conçu pour fournir des services de conseil psychologique, et d'autres services ... [Elles apprennent] comment appliquer les compétences qu'elles auront acquises pour leur futur et ont le courage de devenir des entrepreneurs.

Je coordonne les réunions de groupes sur la violence sexiste, je peux défendre leurs droits et je travaille avec les institutions gouvernementales pour les soutenir et répondre à leurs préoccupations. La bonne nouvelle est qu'elles ont un rôle important à jouer dans le commerce du pays et qu'elles ont reçu une aide à l'emploi de la part du gouvernement et des agences internationales. Les activités quotidiennes ne sauraient être résumées ici, mais en tant que membre du personnel d'Alight, je suis un véritable centre humain.

Qu'est-ce qui vous donne de l'espoir ?

Le fait d'être un travailleur humanitaire, parce que je travaille avec des personnes très vulnérables qui ont peu ou pas d'accès aux besoins fondamentaux. Il y a des enfants qui ignorent d'où viendra leur prochain repas. Dans une telle situation, l'éducation passe au second plan.

De nombreux Somaliens éduqués ont réussi à se libérer du cycle de la pauvreté, mais rares sont ceux qui ont utilisé leur pouvoir et leurs privilèges pour aider leur communauté. Je pense qu'il est de mon devoir d'utiliser mon éducation pour aider mon peuple à instaurer la paix et à développer des services communautaires, tels qu'un meilleur accès à tous les produits de première nécessité.

J'espère voir une Somalie où les filles pourront accéder à tous les niveaux d'éducation sans craindre la violence ou l'ostracisme de leur communauté.


Ismahan Mohamed Osman, responsable de la santé et de la nutrition chez Alight (Mogadiscio, Somalie)

Image: Courtesy of Alight

Que voulez-vous que la communauté Global Citizen sache sur les personnes avec lesquelles vous travaillez ?

La Somalie compte l'un des plus grands nombres de personnes déplacées à l'intérieur de son propre territoire (PDI). Dans de nombreuses régions du pays, le conflit et l'insécurité ont aggravé les problèmes de vulnérabilité et de déplacement. Dans le cadre de la présence mondiale des agences humanitaires, Alight intervient activement dans les zones les plus complexes et les plus difficiles, lorsque le niveau de réponse maximal est requis, grâce à une action immédiate et à notre capacité à proposer des services. En particulier, [pour] les communautés touchées et les personnes sujettes aux catastrophes, nous nous efforçons de gérer les risques et de renforcer leur résilience aux chocs futurs.

Les défis auxquels la communauté est confrontée sont les conflits, les chocs climatiques - caractérisés par des sécheresses récurrentes et des inondations saisonnières - et un déclin économique sévère [qui] continuent de plonger la population somalienne dans un état de crise humanitaire prolongée. Cependant, Alight continue à soutenir et à répondre aux besoins humanitaires immédiats tout en soutenant des solutions à plus long terme pour renforcer la résilience de la communauté et briser le cycle de la vulnérabilité.

À quoi ressemble votre travail au quotidien ? De quelle manière contribuez-vous à soulager la détresse des réfugiés ?

Mon travail quotidien se résume à ... des interactions humaines concrètes, et j'essaie de sauver des vies et de soulager leurs souffrances tout en maintenant et en protégeant la dignité humaine. Je m'estime très chanceuse de faire partie de la vision du changement d'Alight, qui vise à répondre aux besoins fondamentaux des personnes les plus vulnérables et à réduire leurs souffrances, ainsi qu'à contribuer à créer un changement durable. J'éprouve une grande satisfaction lorsque je vois les gens sourire quand ils reçoivent des biens de première nécessité.

Qu'est-ce qui vous apporte de l'espoir ?

Je fais ce travail parce que je partage avec eux ce même sentiment d'espoir en un meilleur avenir. Nous changeons la vie des gens en les aidant à surmonter ses crises [et] à se remettre d'une catastrophe. Je crois que nous sommes sur la voie d'un avenir meilleur et que nous renforçons leur résilience, en espérant que ces communautés deviendront plus fortes qu'avant, sans avoir besoin de l'aide du reste du monde.

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