Le Queensland est officiellement devenu le premier État australien à criminaliser la thérapie de conversion LGBTQ+, une pratique discréditée et nuisible visant à « guérir » l'homosexualité en modifiant l'orientation ou l'identité sexuelle d'un individu.
Le projet de loi du Queensland, la Health Legislation Amendment Bill, modifie la législation existante en matière de santé. Selon ce nouveau texte, tout prestataire de services de santé qui exerce cette pratique controversée sur un enfant ou une personne vulnérable dont la capacité à comprendre les traitements médicaux est « compromise » sera condamné à 18 mois de prison.
Dans tous les autres cas, la peine de prison imposée sera de 12 mois.
La thérapie de conversion, qui englobe des pratiques telles que la thérapie électroconvulsive, l'isolement forcé, la privation de nourriture, la thérapie par la parole et l'hypnothérapie, est inefficace et ne fait qu'accentuer les inégalités dont souffrent les personnes LGBTQ+, y compris la dépression, le sans-abrisme, les disparités économiques et la pauvreté.
Le Ministre de la santé du Queensland, Steven Miles, estime que « les risques sont encore plus grands » pour la jeunesse LGBTQ+.
« Être LGBTIQ n'est pas une maladie ou un mal qui nécessite un traitement médical, a déclaré M. Miles, selon SBS. Aucun traitement ou pratique ne peut changer l'attraction sexuelle d'une personne ou son expérience en matière de genre. »
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— Chris Csabs 🏳️🌈 (@ChrisCsabs) August 16, 2020
Bien qu'il s'agisse d'une première étape prometteuse, les survivants des thérapies de conversion australiennes affirment que la nouvelle loi ne va pas assez loin.
La législation en vigueur ne réglemente pas les thérapies de conversion effectuées en dehors du secteur de la santé ; or, les survivants affirment que la grande majorité des cas se produisent dans des cadres informels, tels que des groupes religieux ou des services pastoraux.
Chris Csabs, co-fondateur du groupe de thérapie anti-conversion SOGICE Survivors, a notamment lancé une pétition sur Change.org. Intitulée « Praying the Gay Away’ Nearly Killed Me — Outlaw LGBTQA+ Conversion Therapy Now », elle réclame une loi beaucoup plus ambitieuse et multidimensionnelle.
« Bien que cette législation interdise la thérapie de conversion des homosexuels, elle n'apportera aucune protection dans la grande majorité des cas et ne s'attaquera pas à la racine du problème, peut-on lire dans la pétition. Selon le Brave Network, principal réseau de survivants en Australie, seule une petite poignée de survivants de pratiques de conversion au cours de la dernière décennie ont déclaré que leur expérience s'était déroulée dans un cadre de santé formel, contrairement aux centaines de survivants récents dont l'expérience s’est déroulée de manière autonome ou dans un cadre informel. »
D'après un rapport publié en 2018 par l'université La Trobe et le Human Rights Law Center, la thérapie de conversion religieuse est « omniprésente » dans de nombreuses communautés religieuses en Australie. Le rapport demande au gouvernement fédéral d'introduire une législation qui interdise toute thérapie de conversion à l'encontre des enfants, et ce, quelle que soit la qualification de la personne qui la pratique.
Deux autres États et territoires, le Victoria et le Territoire de la capitale australienne, se sont également engagés à interdire les thérapies de conversion.
Le Queensland rejoint une série d'autres juridictions ayant décidé d'interdire cette pratique. Parmi celles-ci, on retrouve le Brésil, l'Ontario, le Manitoba, l'Équateur, Malte, l'Espagne, Taïwan, le New Jersey, la Californie, l'Oregon, l'Illinois, le Nevada, Washington, Hawaï et l'Église d'Angleterre.