Prenez votre sac réutilisable et dites au revoir aux microbilles. Les déchets plastiques sont sur le départ grâce à des mesures gouvernementales prises dans le monde entier.

De l’Inde au Maine, des organes directeurs de tout niveau imposent des interdictions et mettent en œuvre des innovations en matière de recyclage. Les consommateurs achètent de manière plus responsable et les entreprises en font davantage pour assurer la protection de la nature. Doucement mais sûrement, le monde s’adapte à un avenir meilleur du fait que de plus en plus de pays suivent l’exemple. Mais nous avons encore beaucoup de choses à apprendre, ou plutôt à réapprendre.

Depuis les années 1950, les chercheurs estiment que plus de 8,3 milliards de tonnes métriques de plastique ont été produites. Et 60 % de ces déchets ont fini en décharges ou dans la nature. Ce nombre a rapidement augmenté au fil des années. Par exemple, Statista a constaté que la production mondiale de plastique a doublé entre

1976 (50 millions de tonnes métriques) et 1989 (100 millions de tonnes métriques). Depuis, ce taux annuel n’a cessé d’augmenter : il a culminé à 368 millions en 2019 avant de redescendre à 367 millions en 2020.

Une diminution d’un million de tonnes métriques dans la production de plastique n’est pas suffisante pour faire face aux pressions croissantes exercées par le plastique sur l’environnement. Nous ne savons toujours pas combien de temps il faut pour que le plastique ne se décompose. Cela signifie que les quelque 12 millions de tonnes métriques de déchets plastiques entrés dans l’océan en 2010, se transforment encore en microplastiques et remplissent l’estomac d’oiseaux et d’animaux marins.

Le plastique que nous avons rejeté dans la nature ne va pas disparaître. Et bien que des études récentes sur les enzymes et les bactéries mangeuses de plastique offrent un certain espoir pour l’avenir de la gestion des déchets plastiques, la meilleure façon de lutter contre nos facteurs de stress environnementaux est de réduire notre consommation de plastique.

Voici sept exemples de villes et pays qui ont mis en place d’importantes innovations au niveau mondial pour réduire les déchets plastiques.

  1. Interdiction des sacs plastiques

En 2020, la ville de New York a fait la une des journaux aux États-Unis lorsque la capitale culturelle mondiale a décidé d’interdire les sacs plastiques. Mais saviez-vous que ce n’était pas la première interdiction de sac plastique mise en place dans un État américain ? En fait, les États-Unis n’ont même pas été le premier pays à introduire cette interdiction. C’est en fait le Bangladesh qui est le premier pays à mettre en place une interdiction de sacs plastiques en 2002. Depuis, d’autres pays ont suivi l’exemple et ont instauré leurs propres mesures pour lutter contre l'omniprésence de sacs plastiques.

Bien que ces interdictions de sacs plastiques aient mené à d’autres réflexions, telles que la question de l’impact environnemental des sacs réutilisables ou compostables, cela a également conduit à de nouvelles avancées dans l’interdiction du plastique de manière générale. En 2020, la Cour suprême du Bangladesh a ordonné l’interdiction de tout plastique à usage unique dans les hôtels et restaurants côtiers.

  1. Fini les microbilles

Les minuscules particules de plastique, appelées microbilles, ajoutaient un effet lavant ou gommant aux nettoyants visage, aux dentifrices et aux produits ménagers. Mais elles ajoutaient également du plastique dans nos eaux naturelles. En 2014, les Pays-Bas sont devenus le premier pays à interdire l’utilisation de microbilles dans les produits d’hygiène. Depuis, des pays comme l’Australie et la Corée du Sud ont rejoint la cause, tout comme le Royaume-Uni qui est parmi les pays avec les réglementations les plus strictes.

L’interdiction britannique de 2018 dépasse les autres interdictions en proscrivant la fabrication de produits contenant des microbilles et en interdisant également l’utilisation de microbilles dites « biodégradables ». Mais il reste encore un long chemin à parcourir. Seule une poignée de pays ont adopté une législation traitant du problème des microbilles et certaines réglementations contiennent des failles, par exemple celles aux États-Unis avec leur interdiction des microbilles de 2015.

  1. Routes en plastique recyclé

En Inde, environ 26 000 tonnes métriques de déchets plastiques sont générées chaque jour. Mais au lieu de simplement jeter ces déchets, ils innovent avec de nouvelles méthodes de recyclage. L’Inde expérimente des routes en plastique depuis le début des années 2000, transformant le problème des déchets en une autoroute lisse et durable. Le scientifique et professeur de chimie Rajagopalan Vasudevan a utilisé pour la première fois le plastique comme liant dans le gravier en 2002. Selon Vasudevan, trois tonnes métriques de dioxyde de carbone seraient économisées pour chaque kilomètre de route qui réutilise du plastique au lieu de l’incinérer. Plus de 6 000 miles de routes en Inde ont utilisé cette méthode innovante de recyclage de plastique depuis ce premier essai.

Depuis, d’autres pays ont commencé à suivre l’exemple de l’Inde. Du Ghana au Royaume-Uni en passant par les États-Unis, cette nouvelle technologie routière respectueuse de l’environnement ouvre la voie à un avenir meilleur.

  1. Faire payer les entreprises

En 2021, le Maine est devenu le premier État américain à introduire une loi révolutionnaire afin de placer la responsabilité des déchets d’emballage sur les entreprises. Le programme de Responsabilité élargie des producteurs (REP) transférera les coûts de recyclage et d’élimination du carton, des contenants en plastique et des emballages non recyclables aux fabricants. Moins d’un mois plus tard, l’Oregon est devenu le deuxième État américain à approuver une loi sur l’emballage.

Mais le concept de la REP n’est pas nouveau. En France, les politiques de production sont en place depuis 20 ans. Le New York Times a rapporté que presque tous les États de l’Union européenne, le Japon, la Corée du Sud et cinq provinces canadiennes ont des lois similaires sur les emballages. Alors que le Maine a créé un précédent aux États-Unis, 10 autres États américains pourraient bientôt suivre ses pas.


  1. La longue bataille contre le polystyrène

Contrairement à d’autres formes de plastique, le polystyrène n’est pas biodégradable et est difficilement recyclable. Une fois le gobelet de café finie, le gobelet lui-même a encore une longue vie devant lui. Il sera là pendant des décennies, jusqu’à ce qu’il se décompose en particules et contamine les écosystèmes locaux et les plans d’eau. Le polystyrène n’est pas la seule chose à durer dans le temps, le débat à son sujet est également présent depuis longtemps. En 1988, New York a été le premier État américain à décréter une interdiction du polystyrène, malheureusement annulée deux ans plus tard.

Mais aujourd’hui, il est possible que les pays du monde entier soient prêts à affronter le polystyrène. En 2021, le Costa Rica a interdit l’importation et la distribution de polystyrène et a mis en place des amendes pour les contrevenants. Le Maine est devenu le premier État américain à interdire les contenants alimentaires en polystyrène en entreprise, bien que de nombreuses villes et comtés du pays aient déjà mis en place de telles interdictions. Et en 2019, l’État de New York a de nouveau décidé d’interdire le polystyrène. Avec de plus en plus d’États américains et de pays qui appliquent des interdictions contre le polystyrène, le monde est prêt à assister à de grandes avancées non seulement dans la gestion des déchets, mais aussi dans leur réduction.

  1. La première économie circulaire de plastique au monde

En 2018, l’UE a annoncé sa toute première stratégie à l’échelle européenne visant à réduire la consommation et la pollution plastique. Avec l’interdiction du plastique à usage unique, la création d’un système de réutilisation complet ainsi qu’un marché pour les plastiques recyclés, l’UE vise à créer la première économie « circulaire » de plastique au monde. Avec cette stratégie, l’UE espère lutter contre les déchets marins en se focalisant sur les articles jetables que l’on trouve le plus souvent sur les plages, tels que les mégots de cigarettes, les emballages, les bâtonnets de coton-tige, les contenants de nourriture et de boissons et les sacs plastiques.

Les efforts déployés par l’UE pour modifier le cycle de vie du plastique tout en réduisant son utilisation s’inscrivent dans le cadre d’un effort global visant à passer à une économie à faible intensité carbone. Les 27 pays membres de l’UE, où les taux de recyclage du plastique sont déjà trois fois supérieurs à ceux des États-Unis, ont adopté cette approche globale.

  1. Mais à qui sont ces déchets ?

L’importation et l’exportation de déchets plastiques, ce n’est pas un concept nouveau. Mais certains pays ont fini par réagir et dire « non ». Pendant des années, les pays riches ont compté sur les pays les plus pauvres pour gérer leurs déchets, en les exportant vers des pays comme le Viêtnam ou l’Éthiopie pour être recyclés ou incinérés. On estime que 68 000 conteneurs de plastique ont été exportés des États-Unis en 2018. Cette quantité énorme de déchets finit dans les décharges à l’étranger, contribuant à une multitude de problèmes ainsi que des infrastructures et des systèmes de gestion des déchets débordés.

En 2017, dans un retournement de situation inattendu pour le plus grand importateur de plastique au monde, la Chine a annoncé l’interdiction d’importer des déchets plastiques sur son territoire. Et d’autres pays ont emboîté le pas. En 2020, 180 pays ont adopté de nouvelles règles internationales qui ont limité l’échange des déchets plastiques. Mais la pratique des pays riches qui est d’expédier leurs problèmes vers les pays en développement est toujours présente. Les États-Unis n’ont jamais adhéré à l’accord et continuent d’expédier leurs déchets plastiques vers d’autres pays.

L’interdiction de la Chine était un pas dans la bonne direction pour l’économie des déchets. Mais des pays comme les États-Unis continuent encore d’ignorer leur problème de production plastique et comptent sur d’autres pays pour être leurs dépotoirs. Cette mauvaise gestion entraîne des perturbations environnementales dans d’autres pays tout en mettant la faute sur ceux qui ne devraient pas être responsables des conséquences du plastique.

Ce n’est pas durable pour les États-Unis d’expédier le recyclage du plastique vers d’autres pays où le plastique lui-même est plus susceptible de se transformer en d’autres polluants. La seule solution pour arrêter l'exportation de plastique est de considérablement réduire la production et l’utilisation de plastique. Il est temps que les États-Unis réfléchissent à leur consommation de plastique, car pour eux, leur système de « recyclage » ne suffit pas.

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Par Kate Nakamura