Malala Yousafzai demande une fois de plus que la priorité soit donnée à l'éducation des filles en Afghanistan.
Dans une interview accordée lundi à Radio Mashaal, la lauréate du prix Nobel de la paix a souligné l'importance de maintenir l'éducation des filles à l'ordre du jour des négociations de paix entre le gouvernement afghan et les militants talibans.
Le soutien à la scolarisation des filles est un outil connu de consolidation de la paix. Lorsque les filles sont scolarisées, elles ont plus de chances d'aider à la reconstruction de leurs communautés et de contribuer positivement à la société.
Mme Yousafzai a souligné la nécessité pour le peuple afghan, qui a vécu quatre décennies de guerre, de vivre en paix.
« Nous espérons tous que la paix règne dans ce monde afin que les gens aient une vie normale, a-t-elle affirmé. Mais il est absolument nécessaire que [le gouvernement et les talibans] écoutent les voix de la société civile et des femmes, et il ne doit y avoir aucun compromis sur l'éducation des filles et les droits humains, car la paix ne peut être rétablie sans les droits humains. »
Les talibans pensent que l'éducation des femmes va à l'encontre de l'Islam, et c'est pour cette raison que Mme Yousafzai a été ciblée par le groupe. En 2012, elle a été abattue par ces militants sunnites parce qu'elle plaidait en faveur de l'éducation des filles sous un pseudonyme. En évoquant son expérience, Mme Yousafzai a contribué à attirer l'attention du monde entier sur la menace violentev que le groupe fait peser sur les jeunes femmes pakistanaises.
Après plusieurs retards, l'Afghanistan et les talibans ont entamé des pourparlers de paix à Doha, au Qatar, le 12 septembre, indique le New York Times. Les militants afghans sont sceptiques quant aux récentes promesses des talibans de prendre en compte les droits des femmes selon la loi islamique dans les négociations de paix. Seuls 3 des 20 membres de l'équipe de négociation afghane sont des femmes, ce qui suscite des inquiétudes.
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— Malala (@Malala) September 14, 2020
Les filles étaient déjà sous-scolarisées avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe l'Afghanistan. Aujourd'hui, le Partenariat mondial pour l'éducation estime à 3,5 millions le nombre d'enfants non scolarisés dans le pays, dont la plupart sont des filles.
Lors d'un événement parallèle à l'Assemblée générale des Nations Unies le 18 septembre, Mme Yousafzai a averti que jusqu'à 20 millions de filles dans le monde pourraient ne pas retourner à l'école une fois la pandémie de COVID-19 surmontée. Le déficit de financement de l'éducation dans le monde a déjà augmenté de 200 milliards de dollars par an, a-t-elle ajouté.
Mme Yousafzai a également fait pression sur la communauté internationale pour qu'elle respecte son engagement envers les Objectifs mondiaux de l'ONU, qui, selon elle, sont loin d'être atteints. Elle a exhorté les pays présents à s'engager à créer « un lieu où chaque fille peut apprendre et diriger ».