Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper
Certaines traditions et pratiques archaïques perpétuent la stigmatisation et la discrimination liées à la sexualité féminine. L'objectif mondial n° 5 vise à mettre fin à toutes les pratiques néfastes à l'égard des femmes et des filles. Vous pouvez nous rejoindre pour passer à l'action sur cette question ici

La France envisage de sévir contre les « tests de virginité », une procédure utilisée pour vérifier si une femme est digne de se marier ou même de travailler.

Le 2 octobre, le président Emmanuel Macron a annoncé son intention d'introduire des mesures qui, selon la BBC, permettraient d'emprisonner et d'imposer des amendes aux médecins qui fournissent des certificats de virginité pour les mariages religieux traditionnels.

La loi n'a pas encore été officiellement présentée, mais elle prévoit un an de prison et une amende de 15 000 euros (soit plus de 17 000 dollars) pour tout professionnel de la santé qui délivrerait un tel certificat. 

Marlène Schiappa, ministre française déléguée en charge de la citoyenneté, a indiqué que le texte devrait également sanctionner les parents ou fiancés qui réclament un test.

Les tests de virginité ne sont pas seulement un problème en France ; ils sont pratiqués dans au moins une vingtaine de pays. Cette pratique est notamment répandue en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en Inde, en Afghanistan, au Bangladesh et en Afrique du Sud, et elle existe au sein de plusieurs religions et cultures. 

Les médecins, la police et les chefs de communauté examinent l'hymen d'une femme ou insèrent leurs doigts dans le vagin pour effectuer l'inspection, qui ne permet pas de déterminer avec précision si une femme a eu des rapports vaginaux. Parfois, cette procédure est également effectuée au cours d'enquêtes pour viol ou dans le cadre de formations des forces de sécurité. Pour une victime d'agression sexuelle, ce test de virginité peut causer une douleur physique, réveiller en elle la violence sexuelle qu'elle avait subie à l'origine, lui donner l'impression d'être impuissante et la revictimiser.

Les nouvelles mesures, qui seront présentées au Parlement en décembre, font partie d'un nouvel ensemble de lois visant à mettre fin au « séparatisme islamiste », qui, selon M. Macron, est la source de la naissance de communautés musulmanes radicales.

Les lois de Marcon sur le séparatisme ont suscité des réactions défavorables de la part des musulmans du monde entier. Nagib Azergui, fondateur du parti politique de l'Union des démocrates musulmans français, a déclaré à Al Jazeera que ces lois pourraient aggraver l'islamophobie, déjà très répandue en France.

Si l'interdiction des tests de virginité est une étape importante pour lutter contre les stéréotypes et la discrimination sexistes, les lois doivent être conjuguées à des mesures de sensibilisation, a souligné Hillary Margolis, chercheuse principale de la division des droits des femmes de l'organisation Human Rights Watch, à Global Citizen. Il est également essentiel de former le personnel médical et les forces de l'ordre, et de sensibiliser le public à la stigmatisation et aux raisons pour lesquelles ces tests de virginité sont nocifs, a-t-elle ajouté. 

« Par-dessus tout, il doit y avoir une protection et un soutien suffisants pour les femmes et les jeunes filles qui sont poussées à se livrer à cette pratique ou qui courent un risque si elles ne fournissent pas la preuve d'un tel "test". Sans cela, la simple interdiction de la pratique ne mettra pas un terme à celle-ci et pourrait bien exposer les femmes et les jeunes filles à un risque de préjudice supplémentaire », a déclaré Mme Margolis.

Certaines femmes ont besoin de ces certificats pour se protéger de leur famille et de leur communauté. Selon la BBC, Ghada Hatem, gynécologue française, ne se voit demander des certificats de virginité que quelques fois par an, principalement par des femmes originaires de pays d'Afrique du Nord-Ouest à majorité musulmane. Mme Hatem délivre souvent les certificats aux femmes et aux jeunes filles qui les demandent, car elles ont souvent peur de subir des violences physiques de la part de leurs proches ou d'être reniées par leur famille. 

Dans un communiqué adressé à Global Citizen, l'association féministe et antiraciste Lallab a indiqué qu'aucune étude nationale n'a encore été menée pour évaluer le nombre de tests de virginité effectués.

« Cette pratique est peu récurrente, voire inexistante, et le gouvernement prouve une fois de plus que l'adoption d'une loi interdisant ces tests est davantage liée à son obsession pour le corps des femmes musulmanes qu'à sa volonté de les protéger, car ce sont elles qui sont indirectement touchées », a déclaré l'association.

Environ 30 % des médecins français disent avoir reçu des demandes de certificats de virginité, la majorité d'entre eux précisant qu'ils refusent généralement de les fournir, selon la BBC.

Lallab invite le gouvernement français à concentrer ses efforts sur la restauration des droits fondamentaux de toutes les femmes, y compris les femmes musulmanes, en matière d'éducation, de travail, de sécurité et de bien-être.

Dans plusieurs communautés religieuses, dont musulmanes, les femmes et les jeunes filles sont mises au ban de la société lorsqu'elles ont des relations sexuelles avant le mariage ; l'« impureté » est alors invoquée pour justifier la violence sexuelle, voire le meurtre de certaines femmes.

L'Organisation mondiale de la santé et les Nations Unies ont déjà condamné les tests de virginité, les qualifiant de « médicalement inutiles », et enjoignant les gouvernements à les interdire dans une déclaration commune datant de 2018.

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Exiger l’équité

Le président français Macron propose une nouvelle loi pour interdire les « tests de virginité »

Par Leah Rodriguez