Le 11 janvier, dans le cadre de la loi bioéthique, la France a adopté un arrêté pour établir des critères de sélection identique pour les donneurs de sang, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ceci constitue une première en quarante ans.

À partir du 16 mars, les hommes homosexuels ne devront plus justifier d’une période d’abstinence pour pouvoir donner leur sang. Le ministre des Solidarités de la Santé, Olivier Véran, a annoncé mettre fin à « une inégalité qui n’était plus justifiée ».

En effet, en raison de l’épidémie de Sida, les hommes homosexuels avaient été exclus du don de sang en 1983. Il a fallu attendre 2006, pour qu’ils y aient à nouveau accès, mais à la condition de n’avoir eu aucune relation sexuelle pendant les douze mois précédant le don. En 2020, cette période d’abstinence avait été réduite à quatre mois ; néanmoins, aucune condition similaire n’a jamais été demandée pour les hétérosexuels. 

Cette différence de traitement était justifiée par les autorités jusqu’alors par la prévalence de contaminations au VIH chez les hommes homosexuels et le risque résiduel qu’un don soit potentiellement infecté par le VIH. Toutefois, comme précisé dans cette étude du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), « ce risque résiduel n’a cessé de diminuer au fil des années : il avait été estimé à 1 pour 310 000 dons en 1990, soit un risque presque 40 fois supérieur à celui estimé aujourd’hui ». 

Cette règle jugée, à juste titre, discriminatoire par la communauté LGBTQ+, devrait donc disparaître le 16 mars prochain. Lucile Jomat, présidente de l’association SOS Homophobie a déclaré : « Si l’égalité d’accès aux dons est garantie, c’est une avancée majeure. Mais nous attendons de voir la formulation des nouvelles questions avant de l’affirmer pleinement. » 

Du côté du gouvernement, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a qualifié le texte d’« évolution sociétale majeure ».

Un nouveau critère dans les questionnaires 

Dès la mi-mars, il n’y aura donc plus de questions sur l’orientation sexuelle dans les formulaires. D’une manière générale, le questionnaire visera surtout à détecter des pratiques à risques comme la prise de drogue ou le multipartenariat.

Toutefois, un nouveau critère de sélection y sera ajouté afin de déterminer si le potentiel donneur (peu importe son orientation sexuelle) prend un traitement pré ou post-exposition au VIH (PrEP ou PEP). Dans ces cas-là, un délai de quatre mois après la dernière prise du médicament devra être respecté.

Ce basculement des critères basées désormais sur les pratiques sexuelles plutôt que sur l’orientation sexuelle représente un changement fondamental pour les hommes homosexuels permettant ainsi de lever cette inégalité discriminatoire. 

La France rejoint donc l’Espagne, l’Italie, Israël, la Pologne ou encore l’Angleterre, qui ont déjà ouvert le don du sang à tous leurs citoyens, quelle que soit leur orientation sexuelle. Cette nouvelle avancée intervient quelques semaines après le vote du sénat en faveur de l’interdiction des « thérapies de conversion ».

En raison du contexte sanitaire particulièrement dégradé, l’Établissement français du sang a profité de cette annonce pour faire un appel au don : « Les réserves sont très faibles, nous devrions avoir 115 000 poches en stock, nous n’en avions début décembre que 85 000. Nous sommes en vigilance accrue. D’où nos appels à la mobilisation ».

Pour rappel, toute personne âgée de 18 à 65 ans et en bonne santé peut donner son sang. Plus d’informations à ce sujet peuvent êtres trouvées ici.

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Les hommes homosexuels bientôt autorisés à donner leur sang sans condition en France

Par Antoine Le Seigle