Pourquoi les Global Citizens doivent s’en préoccuper
Lorsqu’une catastrophe naturelle frappe des régions déjà pauvres, les dégâts humains sont supplantés par le spectre des maladies virales telles que la dengue, le choléra, ou le paludisme qui ont déjà décimé des milliers de personnes dans le monde. Soutenez l’action contre la propagation de ces maladies ici.

Le monde a été témoin de la destruction qu’a causée le cyclone Idai en mars dernier, lorsqu’il s’est abattu au Zimbabwe, au Malawi et au Mozambique, causant près de 1 000 morts et 2 millions de sinistrés. 

Ce n’est pas une situation unique : les désastres naturels semblent dominer les cycles de nouvelles dans les années récentes. Ce qui n’est pas toujours apparent, cependant, c’est la menace d’une recrudescence des maladies infectieuses que ces désastres peuvent causer.

Le choléra, le paludisme et les catastrophes naturelles figuraient parmi les 10 menaces à la santé mondiale en 2018, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La plupart des victimes du paludisme et du choléra vivent dans les pays en développement. Ces maladies sévissent au sein de communautés déjà marquées par la pauvreté, l’insalubrité et parfois en proie à des désastres naturels ou à des conflits. 

Agissez dès maintenant : Le Cyclone Idai a causé une épidémie de choléra. Que savez-vous de cette maladie ?

Dans les régions sinistrées du Zimbabwe, par exemple, rares sont les infrastructures médicales qui n’ont pas été détruites par cyclone Idai. Des villages entiers ont été rasés, des ponts et des routes détruits. Après un désastre comme celui-ci, il y a des puits où l’eau n’est plus potable et des eaux stagnantes dans lesquelles se propagent des maladies.

Un mois après le passage du cyclone Idai, la côte est-africaine a été frappée par la tempête tropicale Kenneth, détruisant 90 % des habitations sur l’Île Ibo au large du Mozambique. Ce nouvel afflux d’eau et de mares stagnantes crée un milieu propice au développement et à la profusion des moustiques porteurs de maladies comme la dengue, le paludisme ou le chikungunya.

« Actuellement, une épidémie de dengue sévit en Tanzanie. Environ 1000 personnes ont été confirmées infectées par le virus de la dengue et le nombre de cas ne cesse d’augmenter. Cela se produit après le passage du cyclone tropical Kenneth il n’y a pas si longtemps. Y a-t-il un lien ? Aucune étude sur la situation actuelle ne prouve cette relation, a déclaré à Global Citizen Thérèse Umuhoza, chercheuse doctorante à l’Institute of Tropical and Infectious Diseases à Nairobi. Mais d’après ce que nous savons, les fluctuations météorologiques et climatiques qui régulent l’écosystème affectent les vecteurs transmettant les agents pathogènes endémiques ».

Les catastrophes naturelles ont un impact durable sur les populations dans les pays en développement. Bien qu’il soit parfois difficile d’établir un lien direct de cause à effet, certains facteurs peuvent permettre à une maladie infectieuse de se propager plus rapidement.

« Les catastrophes naturelles créent des conditions favorables à la transmission d’agents pathogènes infectieux, a dit Mme Umuhoza. Après les catastrophes, vous trouverez des facteurs qui influencent la propagation des maladies comme le mauvais assainissement dû à la destruction des infrastructures, le surpeuplement de la population déplacée, l’affaiblissement du système de santé et autres ».

Si les catastrophes naturelles influent sur la propagation de certaines maladies infectieuses comme le choléra, Mme Umuhoza précise que certaines maladies sont aussi inhérentes au climat tropical.

« Les gens ont du mal à comprendre que ces maladies infectieuses seront observées après des inondations ou des pluies diluviennes, en particulier le choléra, “maladie d’origine hydrique”, mais le choléra est présent même avec de longues sécheresses dans notre région ! Il est intimement lié à l’écosystème », elle a dit.

Un désastre naturel peut fonctionner comme un accélérateur d’une maladie préexistante dans la région affectée. Pourtant, d’autres facteurs doivent être pris en compte, en particulier les facteurs humains et écologiques.

« Nous interagissons actuellement tellement avec divers hôtes… des microbes ou pathogènes qui nous rendent vulnérables à ces nouveaux pathogènes. Il y a des changements dans l’écosystème qui induisent l’adaptabilité des microbes ou pathogènes, des vecteurs et des hôtes », toujours selon Mme Umuhoza.

La chercheuse explique qu’avec le changement climatique de nouveaux facteurs peuvent jouer un rôle déterminant dans la propagation d’épidémies, comme le remplacement d’espèces exotiques, ou la mobilité des populations. Le risque de recrudescence d’une épidémie de choléra, par exemple, s’intensifie avec une forte densité de population ou un manque d’accès à l’eau potable.

Comment alors réduire les chances d’une épidémie de se propager et de décimer les populations fragiles ?

Mme Umuhoza répond sur trois axes : des systèmes de surveillances des menaces épidémiologiques potentielles, une prise de conscience nationale et des équipements adaptés pour une meilleure gestion logistique.

« Des systèmes de surveillance améliorés pour la détection précoce des changements inhabituels et l’alerte en temps réel contribueront efficacement à endiguer les futures épidémies, elle a dit. Je crois en l’innovation et aux nouvelles technologies comme l’IA qui peuvent renforcer notre système de surveillance. »

Editorial

Vaincre la pauvreté

Les catastrophes naturelles créent des terreaux fertiles pour la propagation des maladies infectieuses

Par Gaëlle Langué