On connaît tous le fameux dicton « l’eau, c’est la vie ». Mais quand cette eau est sale, dangereuse ou contaminée, la vie devient une lutte précaire, marquée par la maladie, la perte de potentiel et des décès évitables.
C’est ce qu’a vécu Joshua Ichor, fondateur de Geotek Water Solutions et lauréat du People’s Choice Award Global Citizen Waislitz 2025. En grandissant dans l’État de Benue, au Nigeria, il a été directement confronté aux conséquences du manque d’accès à l’eau potable. Dans sa communauté, un seul forage approvisionnait plus de 12 000 habitants. Les files d’attente interminables, les disputes fréquentes et les heures perdues à attendre leur tour faisaient partie du quotidien.
C’était la réalité de Joshua Ichor, fondateur de et lauréat du People’s Choice Award Global Citizen Waislitz 2025. Ayant grandi dans l'État de Benue, au Nigeria, Ichor a vécu lui-même les terribles conséquences du manque d’accès à l’eau potable. Dans sa communauté, un seul forage fournissait de l'eau à plus de 12 000 habitants. Les longues files d’attente, les conflits fréquents et les heures perdues à attendre leur tour pour avoir de l’eau faisaient partie du quotidien.
Parfois, vous y allez, vous devez attendre cinq heures dans la file que chacun pompe son eau, et la plupart du temps, ça finit en dispute.
Faute de solution, de nombreux habitants se tournaient vers les rivières voisines, déjà contaminées par la boue, les bactéries et les déchets humains. Ichor aussi. En 2010, il a contracté une forme grave de typhoïde qui a failli lui coûter la vie. « Je suis tombé malade d’une typhoïde sévère. Ma peau s’épluchait entièrement et, pour certains médecins à l’hôpital, c’était si impressionnant qu’ils n’osaient même pas m’approcher », raconte-t-il.
Cette expérience de mort imminente a ravivé sa détermination à s’attaquer à la racine de la crise de l’eau et l’a conduit à créer GeoTek Water Solutions, une entreprise sociale qui utilise des technologies intelligentes pour fournir de l’eau propre et sûre aux communautés marginalisées du Nigeria. Depuis son lancement, GeoTek Water Solutions a installé plus de 1 000 systèmes d’infrastructure et de surveillance de l’eau, permettant à plus de 100 000 personnes d’accéder à de l’eau potable.
Au cœur du modèle de Geotek Water Solutions se trouve le Geotek Monitor, un capteur hydrologique intégré et adaptable aux infrastructures d’eau, en particulier aux pompes manuelles des zones rurales. Le dispositif surveille en temps réel la santé mécanique de la pompe et son usage. Le Geotek Monitor collecte aussi les données via son application mobile, WhatsApp et l’USSD (Unstructured Supplementary Service Data). Il recueille des informations sur la qualité physique et chimique de l’eau afin de détecter toute contamination. Et, dans les zones dépourvues de connexion internet ou mobile, il s’appuie sur un protocole satellite pour transmettre les données hydrologiques. En renforçant les infrastructures et en garantissant l’accès à une eau propre et potable, la startup d’Ichor contribue à faire avancer l’Objectif mondial 6 de l’ONU (accès universel à l’eau et à l’assainissement), ainsi que l’Objectif mondial 3 (accès à des soins de santé de qualité).
Joshua Ichor et son équipe d’ingénieurs fêtent ce nouveau projet d’eau achevé avec la communauté. Image : fournie
Le rêve d’Ichor de fournir de l’eau potable aux communautés marginalisées du Nigeria s’accompagne toutefois de défis importants, à la fois sécuritaires et financiers. Se déplacer dans ces zones reculées et fragilisées a déjà placé Ichor et son équipe dans des situations extrêmement dangereuses, en raison de l’insécurité et des affrontements violents entre communautés dans la région centre-nord du pays. Pourtant, il affirme : « Si je n’y vais pas, alors il n’y a pas que l’insécurité qui tue, il y a aussi les maladies liées à l’eau. » Il sait que l’accès à une meilleure eau permet aussi de réduire les dépenses de santé en limitant la propagation de maladies comme la typhoïde ou le choléra.
Au-delà des risques sécuritaires, l’introduction du Geotek Monitor dans les villages comporte d’autres obstacles, comme l’écart d’alphabétisation ou le vandalisme. Pour y faire face, le dispositif repose sur la « science citoyenne », une approche qu’Ichor met en œuvre en impliquant l’ensemble de la communauté dans la protection de l’eau. Il s’entoure d’une équipe locale diversifiée qu’il forme à diagnostiquer les problèmes, signaler les pannes et éviter les ruptures de service. « L’appropriation communautaire compte énormément », souligne Ichor. « C’est la formation, la sensibilisation et le lien de proximité qui garantissent la bonne protection de la technologie. »
Des ingénieurs de GeoTek Water Solutions forent un puits pour garantir un accès durable à l’eau potable dans des zones défavorisées. Image : fournie
Financer l’ensemble représente un autre défi : une foreuse coûte des milliers de dollars et l’entretien régulier a également un coût élevé. Avec la récompense du People’s Choice Award Global Citizen Waislitz, Ichor s’est lancé un défi ambitieux : améliorer l’accès à l’eau pour 100 000 personnes en 500 jours.
Je pourrais tout quitter demain et mener une vie confortable à l’étranger, mais c’est ici que je suis né. Si je ne me retrousse pas les manches pour aider, alors qui le fera ?
Et ce n’est que le début. D’ici 2030, Ichor vise à atteindre plus de 5 millions de personnes, à réduire de 80 % les pannes d’infrastructures d’eau et à diminuer de moitié les maladies d’origine hydrique dans les villages isolés. Sa vision dépasse les frontières du Nigeria : il prévoit d’étendre Geotek Water Solutions à cinq autres régions d’Afrique, en déployant des outils avancés comme des capteurs alimentés par IA et des moniteurs connectés par satellite, pour garantir l’accès à l’eau même dans les endroits les plus difficiles d’accès.