Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper
Pour réaliser les Objectifs mondiaux des Nations Unies et éliminer l'extrême pauvreté, il faut s'attaquer à ses racines systémiques et coloniales. Vous pouvez faire votre part en rejoignant Global Citizen pour passer à l'action en faveur de l'équité et de la justice ici.

La communauté autochtone exige que des mesures soient prises après la découverte des dépouilles de 215 enfants dans un ancien pensionnat canadien à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Les corps, découverts le 27 mai, sont ceux d'élèves des Premières nations qui ont fréquenté l'école lorsqu'elle était en activité de 1890 à 1978. La Première nation Tk'emlúps te Secwépemc avait déjà tenté de déterrer les cadavres pendant plus de 20 ans avant qu'une percée ne soit rendue possible grâce à un radar à pénétration de sol financé par une subvention du programme provincial Pathway to Healing.

Selon les premières constatations, des enfants d'à peine trois ans feraient partie des élèves non identifiés et dont le décès n'a pas été documenté.

Cette découverte déchirante a plongé le pays tout entier dans une période de deuil, suscitant des condoléances de la part du Premier ministre Justin Trudeau et d'autres dirigeants politiques.

« En tant que premier ministre, je suis consterné par cette politique honteuse qui a arraché des enfants autochtones à leurs communautés », a déclaré M. Trudeau, qui a mis en berne les drapeaux des édifices fédéraux.

« Malheureusement, ce n'est pas une exception ou un incident isolé. Nous n'allons pas nous cacher de cela. Nous devons reconnaître la vérité, a-t-il ajouté. Les pensionnats étaient une réalité — une tragédie qui a existé ici, dans notre pays, et nous devons l'admettre. »

Sombre chapitre de l'histoire du Canada, les pensionnats sont considérés par beaucoup comme la cause d'une grande partie des maux sociaux du pays, parmi lesquels des taux de pauvreté et de chômage élevés. Ces établissements, gérés par le gouvernement canadien des années 1870 aux années 1990, étaient parrainés par des églises et avaient pour but de faire disparaître la culture et la langue des enfants autochtones pour les remplacer par l'anglais et des croyances chrétiennes. 

La fréquentation de ces écoles était obligatoire et de nombreux élèves y ont été envoyés de force, loin de leur foyer et de leur famille.

« Beaucoup d'enfants qui ont fréquenté les pensionnats n'en sont pas revenus. Et aucune explication n'a jamais été donnée lorsque les parents demandaient des nouvelles de leurs enfants », a déclaré Crystal Fraser, une femme Gwichyà Gwich'in, lors d'un entretien téléphonique avec CTV News.

Selon divers rapports, les abus sexuels et physiques, la malnutrition et le recours à des expérimentations douteuses étaient monnaie courante dans la plupart des établissements comme celui de Kamloops.

De nombreuses familles se sont retrouvées sans réponse après la mort de leurs enfants et, par conséquent, sans argent pour régler leurs dernières factures au moment de leur décès. En réponse à ces circonstances, la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) a été mise en place par M. Trudeau afin de mettre fin au sinistre héritage des pensionnats et d'offrir des réparations pour les pratiques horribles qui y régnaient. 

En 2015, la CVR a terminé son travail en formulant 94 recommandations relatives aux réparations du gouvernement fédéral pour les survivants des pensionnats, afin que personne d'autre n'en subisse les conséquences. Dans son rapport final, l'institution a qualifié les pensionnats de « génocide culturel » et a émis six appels à l'action exhortant le gouvernement à identifier les sites d'inhumation dans tout le pays. Ces recommandations n'ont été que partiellement appliquées, en dépit de témoignages évoquant l'existence de fosses communes et suggérant que le nombre de victimes était bien plus élevé que celui estimé par la CVR.

« Beaucoup de survivants ont indiqué qu'il y avait eu beaucoup de décès, beaucoup d'enterrements et beaucoup de fosses non identifiées, non seulement à Kamloops mais dans tous les pensionnats, a affirmé lundi le chef national Perry Bellegarde de l'Assemblée des Premières Nations. Ce qui est triste, c'est que personne ne les a crus. »

Les groupes autochtones exigent désormais du gouvernement qu'il prenne des mesures pour compenser ses échecs passés et donner suite aux appels à l'action de la CVR.

Parmi leurs demandes figurent la protection des sites des pensionnats, qu'elles estiment bloquée par des entraves bureaucratiques, des « ressources adéquates » pour de nouvelles enquêtes et la création d'un jour férié le 30 septembre pour rendre hommage aux victimes et aux survivants. La nécessité de renommer les administrations municipales, les universités et les monuments honorant ceux qui ont joué un rôle actif dans la mise en place du système de pensionnats a également été soulignée. 

Au cours du week-end, des personnes se sont réunies dans tout le pays pour commémorer les victimes et réclamer justice. Une œuvre de l'artiste autochtone Ecko Aleck, composée de bougies, de jouets et de chaussures, a été placée sur les marches de l'assemblée législative de la Colombie-Britannique pour rendre un hommage émouvant aux enfants.

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Exiger l’équité

La communauté autochtone indignée suite à la découverte des corps de 215 enfants dans un ancien pensionnat canadien

Par Sarah El Gharib