Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper
La pandémie de coronavirus met les systèmes de santé du monde entier à rude épreuve. Les Nations Unies demandent aux pays de collaborer dans leurs efforts pour combattre la crise. Vous aussi pouvez passer à l’action en cliquant ici.

Partout dans le monde, écoles, restaurants et salles de spectacles sont fermés afin de tenter de contrôler la propagation de la COVID-19.

Imitant la Chine, qui a littéralement fermé la ville de Wuhan, lieu d’origine du coronavirus, l’Italie a durci ses mesures de confinement dans l’espoir d'arrêter la contagion. 

Des grandes métropoles comme New York et Londres ont également annoncé des mesures semblables. 

Ces interventions d’urgence des services de santé publique ont pour but de favoriser la distanciation sociale et tenter d’aplanir la courbe, deux phénomènes dont on parle abondamment en cette période de crise. 

People, keeping a distance, queue in line in front of a shop downtown Madrid, March 16, 2020.
People, keeping a distance, queue in line in front of a shop downtown Madrid, March 16, 2020.
Image: Bernat Armangue/AP

La distanciation sociale consiste à éviter les rassemblements publics et les lieux achalandés afin de réduire les possibilités de transmission du virus et d’aplanir la courbe de transmission suffisamment pour que les services de santé ne soient pas surchargés. 

« La distanciation sociale est devenue le moyen privilégié tant aux niveaux local, régional et fédéral pour tenter de vaincre la pandémie, explique à Global Citizen Christine Blackburn, directrice adjointe du programme des politiques sur la biosécurité et les pandémies à Texas A&M University. De façon générale, il s’agit de la mesure la plus efficace actuellement, avec le lavage fréquent des mains et les bonnes techniques pour tousser. En effet, la meilleure façon de prévenir la propagation du virus est d’éviter les contacts entre les personnes ».

Dans le passé, la propagation de maladies comme la polio a pu être partiellement ralentie grâce à la distanciation sociale (fermeture des parcs et des écoles), ce qui a laissé aux chercheurs le temps nécessaire pour développer un vaccin. Juste l’an dernier, les espaces publics de Rockland County, à New York ont été interdits aux enfants non vaccinés durant une éclosion de cas de rougeole. 

Pour que la distanciation sociale fonctionne, elle doit être largement acceptée et respectée par la population visée. Elle peut toutefois être menacée par une mauvaise information et l’absence de participation des personnes concernées. Actuellement, un certain nombre de jeunes ne semblent pas prendre la coronavirus au sérieux parce qu’ils ne croient pas qu’il représente un danger pour eux et dès lors, ils négligent de se conformer aux directives de distanciation sociale, souligne Anthony Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases.

« Mais même si vous-mêmes n’êtes pas sérieusement malade, vous pouvez transmettre le virus à une personne plus à risque, comme votre grand-père, votre grand-mère ou un parent plus âgé, a-t-il expliqué récemment en conférence de presse. Voilà pourquoi il faut respecter ces mesures, même si on est jeune. »

Mme Blackburn a dit que les représentants des gouvernements et les médias doivent combattre la désinformation en diffusant des mises à jour précises et cohérentes.

« La communication est essentielle, souligne-t-elle. Une communication cohérente, efficace et factuelle ».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) sont aujourd’hui des sources d’information pour le public. Les leaders politiques en particulier ont la responsabilité de guider le grand public pour qu’il ait une information de qualité, selon Celina Su, présidente de la chaire d’études urbaines Marilyn J. Gittell au City of New York Graduate Center.

« Nous nous tournons vers nos leaders locaux afin qu’ils nous indiquent quelle approche nous devons prendre devant la situation, a indiqué Mme Su à Global Citizen. Nous avons besoin de guides qui nous disent ce que nous devons faire, nous avons besoin d’idées et d’une orientation générale pour savoir comment nous pouvons nous aider les uns les autres et répondre adéquatement à cette crise ».

Les efforts de confinement sont mis en œuvre avec une certaine hésitation quant à l’étendue de la crise et les dommages qu’elle peut causer. On pense que 70 % de la population mondiale pourrait être infectée par la COVID-19, bien que ce pourcentage pourrait être considérablement moindre si nous pouvons maîtriser la pandémie. Ainsi, les gouvernements ne répondent pas tous de la même façon, certains exigeant la fermeture de tous les lieux publics, d’autres y résistant.

À ce jour, 173 000 cas ont été confirmés dans 152 pays et au moins 7 000 personnes en sont mortes selon les données en temps réel publiées par l’OMS. Le nombre de personnes infectées est probablement beaucoup plus élevé. Une combinaison de facteurs, dont une pénurie de tests, le fait que le virus peut être dormant pendant plusieurs jours et que la plupart des personnes infectées ressentent peu de symptômes, tout cela fait en sorte qu’il peut être difficile d’avoir un portrait juste de la situation.

Laurie Kuypers, a registered nurse, reaches into a car to take a nasopharyngeal swab from a patient at a drive-through COVID-19 coronavirus testing station for University of Washington Medicine patients, March 17, 2020, in Seattle.
Laurie Kuypers, a registered nurse, reaches into a car to take a nasopharyngeal swab from a patient at a drive-through COVID-19 coronavirus testing station for University of Washington Medicine patients, March 17, 2020, in Seattle.
Image: Elaine Thompson/AP

Le plus rapidement les leaders des gouvernements imposeront des mesures de confinement, le plus lentement le virus sera transmis et plus la population sera à l’abri et plus tôt le monde entier pourra passer à autre chose, selon l’OMS.

Les mises en garde sur les dangers de l’inaction ont été nombreuses.   

En Italie, où il s’est écoulé plusieurs semaines avant que des mesures gouvernementales sévères interdisant les rassemblements publics ne soient mises en œuvre, on a assisté à une explosion du nombre de cas

Les autres pays où la maladie commence à se répandre peuvent évoquer l’exemple de l’Italie pour renforcer les mesures de précaution et fermer temporairement les lieux où la COVID-19 peut se propager et ainsi adoucir la courbe.

Les mesures de confinement sont plus efficaces lorsqu’elles sont mises en œuvre en même temps que le dépistage à grande échelle, selon l’OMS. 

Lors de l’épidémie d’ebola en Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016, par exemple, l’OMS a rapporté que le manque de capacité à passer des tests a ralenti les efforts des travailleurs de la santé en vue de traiter les personnes infectées, avec pour résultat que les autorités gouvernementales ont été incapables de comprendre l’ampleur de la crise et d’attribuer les ressources appropriées.

Par contre, l’épidémie de SRAS en 2003 a pu être rapidement contenue parce que les pays touchés ont collaboré rapidement pour dépister tous les nouveaux cas.

Durant la présente pandémie, on peut constater pratiquement en temps réel l’efficacité des protocoles de dépistage. La Corée du sud a pu rendre les tests largement disponibles et a ainsi pu maîtriser l’épidémie. Aux États-Unis, par contre, le manque de tests disponibles a créé une réelle confusion quant au nombre réel de cas. 

« Nous ne pouvons pas avoir un portrait juste de la situation aux États-Unis s’il nous est impossible de tester les gens », a expliqué Mme Blackburn. 

La grande priorité dans l’actuelle crise demeure la santé et le bien-être de tous les êtres humains, bien sûr, mais particulièrement au sein des communautés les plus vulnérables.  

Cela dit, la pandémie aura des répercussions bien au-delà de la santé des individus. Déjà, l’économie se dirige vers une récession, des gens sont mis à pied et des entreprises risquent de fermer. Il faut se préoccuper de ces conséquences. En fait, tout est lié : si la situation économique se détériore, la crise pourrait s’aggraver.

A woman walks through a lightly trafficked Times Square in New York, March 16, 2020.
A woman walks through a lightly trafficked Times Square in New York, March 16, 2020.
Image: Seth Wenig/AP

« Amartya Sen, prix Nobel d’économie est célèbre pour avoir affirmé qu’une famine ne peut se produire dans une démocratie qui fonctionne, souligne Celina Su. La présente pandémie nous en révèle beaucoup sur notre façon de combattre la pauvreté et la précarité et en dit aussi beaucoup sur la santé de notre démocratie. »

Barbara Hoopes, professeure associée en affaires, information et technologies à Virginia Tech, a dit à Global Citizen que la nécessité d’aplanir la courbe ne s’applique pas uniquement à la propagation du coronavirus et au taux d’infection. 

Pour minimiser les conséquences économiques de la pandémie et donc, aplanir la courbe de la récession qui pointe à l’horizon, les pays doivent investir dans le filet de sécurité sociale, soutenir les petites entreprises et mettre en œuvre des moyens pour aider les communautés.  

« Je crois que tout le battage médiatique sur l’importance d’aplanir la courbe est une bonne chose, explique Mme Hoopes. Cela permet au système de santé d’être résilient et de suffire à la tâche, mais les gens doivent aussi comprendre qu’il est important d’aplanir la courbe pour ce qui est de l’offre et de la demande. Il ne s’agit surtout pas de paniquer, mais de planifier. »

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