Tout le monde bĂ©nĂ©ficie d'une sociĂ©tĂ© plus Ă©galitaire, mais certains jeunes hommes au Royaume-Uni pensent que le fĂ©minisme a dĂ©passĂ© les bornes dans sa quĂȘte d'Ă©galitĂ©.
Selon un nouveau rapport publiĂ© par l'organisation caritative anti-extrĂ©misme HOPE not hate, basĂ©e au Royaume-Uni, la moitiĂ© des jeunes hommes interrogĂ©s pensent que le fĂ©minisme « est allĂ© trop loin et rend la rĂ©ussite des hommes plus difficile ». L'organisation caritative a interrogĂ© 2 076 jeunes hommes ĂągĂ©s de 16 Ă 24 ans sur leurs convictions idĂ©ologiques pendant la pandĂ©mie de COVID-19 dans le cadre dâun rapport intitulĂ© « Young People in the Time of COVID-19 ».
Seuls 21 % des participants masculins ne pensaient pas que le fĂ©minisme soit allĂ© trop loin, et moins de la moitiĂ© des participants masculins, soit 39 %, estiment qu'il est plus dangereux d'ĂȘtre une femme qu'un homme en Grande-Bretagne aujourd'hui. En revanche, prĂšs d'un participant sur cinq dit avoir une opinion « nĂ©gative » des fĂ©ministes.Â
Lâorganisation HOPE not hate impute cette perspective anti-fĂ©ministe â populaire parmi les jeunes hommes de la gĂ©nĂ©ration du MillĂ©naire et de la gĂ©nĂ©ration Z â Ă l'idĂ©ologie d'extrĂȘme droite qui se dĂ©veloppe au Royaume-Uni.
« Les droits des hommes et l'anti-fĂ©minisme apparaissent de plus en plus comme une voie de dĂ©rive vers l'extrĂȘme-droite, qui attire les jeunes hommes qui se sentent Ă©masculĂ©s Ă une Ă©poque oĂč les normes sociales changent », indique le rapport.
Gen Z sexism: 50% of young men thought âfeminism has gone too far & makes it harder for men to succeedâ, 23% disagreed that it was more dangerous to be a woman than a man, 18% held a negative view of feminists & 16% believed feminism had no role in todayâs society
â HOPE not hate (@hopenothate) August 3, 2020
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Les données de HOPE not hate rejoignent les recherches menées par l'organisation de défense des droits des femmes Fawcett Society, qui indiquait que les jeunes hommes se sentaient menacés par le féminisme. La Fawcett Society a toutefois noté que les jeunes hommes étaient plus susceptibles de s'identifier comme féministes, comme l'explique Sam Smethers, directeur général de la Fawcett Society.
« Ceci explique la prévalence marquée de la misogynie, des abus, de la violence occasionnelle et de l'objectivation que les femmes subissent chaque jour, a déclaré Sam Smethers à Global Citizen par e-mail. Nous avons besoin d'un changement radical dans l'attitude des hommes si nous voulons l'inverser. »
En dĂ©pit des perceptions des jeunes hommes interrogĂ©s, les dĂ©tracteurs affirment que le fĂ©minisme ne va pas assez loin au Royaume-Uni. Le pays est dĂ©sormais classĂ© 21e au classement mondial de l'Ă©galitĂ© des sexes du Forum Ă©conomique mondial. Les femmes du pays restent sous-reprĂ©sentĂ©es en politique, et l'Ă©cart de rĂ©munĂ©ration entre hommes et femmes persiste.Â
La crise économique provoquée par la pandémie de COVID-19 frappe aussi les femmes beaucoup plus durement que les hommes, celles-ci étant plus susceptibles d'occuper des emplois dans les secteurs touchés par la crise. La pandémie est également à l'origine d'une augmentation des cas de violence domestique, tandis que les femmes sont prises au piÚge à la maison avec leurs agresseurs.
Bien que l'enquĂȘte reflĂšte une croyance rĂ©pandue selon laquelle le fĂ©minisme nuirait aux hommes, l'Ă©galitĂ© de genre amĂ©liore en rĂ©alitĂ© leurs conditions de vie. Selon l'Organisation mondiale de la santĂ©, la santĂ© des hommes est moins bonne dans les 41 pays europĂ©ens oĂč l'inĂ©galitĂ© de genre est plus marquĂ©e. Les hommes se disent Ă©galement plus satisfaits de la vie lorsque les femmes ont plus de droits.