L'appel pour qu'il y ait plus de filles à l'école, et qu'elles y restent, a été entendu. Tout le monde, de la First Lady Michelle Obama à une militante kényane de douze ans, Eunice Akoth, s’est placé en première ligne dans la lutte pour que les filles puissent aller à l'école. Même avec les progrès réalisés ces dernières années, les filles continuent de souffrir de graves désavantages et de faire face à de nombreux obstacles dans les systèmes éducatifs, en particulier dans les pays en développement. Parmi les raisons du manque d'éducation et de l'augmentation des taux d'abandon, on peut citer le mariage précoce ou forcé, les frais de scolarité inabordables et les violences sexuelles. Pourtant, l'un des principaux obstacles pour les filles dans les pays en développement est un phénomène naturel, mensuel : la menstruation.

C’est un phénomène tout à fait normal chez les filles, mais qui les empêche d'aller en classe. Dans les zones rurales de l’Ouganda, les filles manquent jusqu'à 8 jours d'école chaque trimestre à cause de leurs règles, et au Kenya, elles manquent en moyenne 4,9 jours d’école tous les mois. À chaque jour d'école manqué, les filles prennent du retard sur le programme scolaire, ce qui influe sur les raisons pour lesquelles elles abandonnent l’école.

De nombreux facteurs contribuent aux raisons pour lesquelles les filles ne se sentent pas à l'aise d'aller à l'école pendant leurs règles. Il y a le problème du manque d'installations sanitaires, le manque de serviettes hygiéniques et les moqueries des camarades. L'accessibilité à une gestion sécurisée de l'hygiène menstruelle (Menstrual hygiene management, MHM) est aussi un énorme obstacle pour les filles qui veulent poursuivre leurs études. Dans un rapport réalisé par le Partenariat mondial pour l’éducation et l’initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles, il a été constaté qu'en Asie du Sud, les filles sont fortement désavantagées par rapport aux toilettes et aux installations d'eau à l'école. Quand ces dernières ont leurs règles, elles doivent souvent sortir de l'école, car il n'y a pas d'installations appropriées pour elles au sein de l'école. Le manque de latrines séparées pour les filles et les femmes peut également pousser les enseignantes à quitter l’école.

Il est inacceptable que les jeunes filles des pays en développement grandissent en appréhendant d’avoir leurs règles à cause de la stigmatisation négative autour de cet enjeu. Dans une interview donnée au Guardian, Joan Anyango, étudiante âgée de 16 ans, a déclaré : « Les garçons se moquaient de moi et je suis finalement restée à la maison chaque fois que mes règles commençaient. » Dans certains pays, les filles sont même encouragées à rester à la maison pendant leurs règles, car il est considéré comme sale et impur pour elles de quitter leur domicile pendant cette période.

Alors que la stigmatisation et le manque d'installations forcent les filles à ne pas se rendre en classe, un autre obstacle est encore plus grave : Les filles ne peuvent pas toujours aller aux toilettes en sécurité. Elles risquent non seulement de subir des violences dans les toilettes, mais aussi quand elles s’y rendent. Pour beaucoup de filles vivant dans les pays en voie de développement, les toilettes ne sont pas situées à l'intérieur des écoles, mais à l'extérieur, et peuvent être sombres et hors de portée de vue des camarades ou des enseignants. On dénombre beaucoup trop de cas où les jeunes filles sont agressées sexuellement lorsqu'elles se déplacent pour aller aux toilettes. Après avoir subi une attaque, une fille est plus susceptible d'abandonner l'école, car elle s'y sent en danger. Le fait d’avoir des latrines désignées, propres et sécurisées, qui sont conçues pour les filles et séparées de celles des garçons doit être une exigence pour chaque école à tous les niveaux d'éducation.

Que se passerait-il si les filles pouvaient aller plus longtemps à l'école ? Les bienfaits s'étendraient au-delà des familles, des communautés et des sociétés. Si les filles pouvaient aller à l'école au-delà de la cinquième, elles auraient plus de chance de se marier plus tard, moins de risque de mourir pendant la grossesse et l'accouchement, et plus de chance d'élever des enfants en meilleure santé et mieux éduqués. L’éducation joue également un rôle dans la réduction de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes ; au Pakistan, les femmes ayant suivi une éducation primaire gagnent 51 % de ce que gagnent les hommes, tandis que celles qui ont suivi une éducation secondaire gagnent 70 % de ce que gagnent les hommes. 

Pour que les filles aient envie de rester à l'école, elles doivent s’y sentir à l'aise et en sécurité. Aucune fille ne devrait avoir à craindre les moqueries à l'école ou à subir des violences à l'intérieur ou à l'extérieur des murs de sa classe. Heureusement, certains luttent pour y parvenir. Des entreprises et organismes à but non lucratif, tels que THINX et AFRIpads travaillent pour briser la stigmatisation autour des règles, notamment en fournissant aux filles des serviettes hygiéniques à bas prix pour qu'elles se sentent en sécurité et à l'aise pendant leurs règles. En faisant cela, ils investissent pour que chaque fille, peu importe d'où elle vient, ait la possibilité d'atteindre son plein potentiel. 

Découvrez quelques organisations qui luttent pour aider les filles à ne pas abandonner l'école :

AFRIpads

Lunapads

THINX

Plan International


Rédigé par Brittany Tatum, en soutien à Women Deliver.

Editorial

Exiger l’équité

Les filles ont droit à la scolarité, c’est la règle