Le sommet du Groupe des 20 (G20) à Rome a achevé ses dernières discussions dimanche, les plus grandes économies du monde ont reconnu la nécessité d’accélérer les efforts en faveur de la relance mondiale après la pandémie de COVID-19 et de lutter contre la crise climatique.

Avec des programmes nationaux à fort enjeu, des appels internationaux en faveur de l’équité vaccinale et la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) qui débute immédiatement après le G20, le sommet de cette année a posé une question essentielle aux dirigeants mondiaux réunis : à quoi ressemble un véritable leadership mondial ?

Finalement, le G20 n’a pas été à la hauteur des attentes et aucune mesure concrète n’a été prise pour amorcer un rétablissement, à un moment où nous avons besoin de moins de paroles et de plus d’action.

Le sommet annuel s’est déroulé à l’intersection de plusieurs enjeux mondiaux, les pays du monde entier étant encore en proie aux effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 et subissant une crise climatique de plus en plus urgente. Mais les conséquences et la relance ont été inégales dans le monde. Les pays les plus pauvres ont payé le plus lourd tribut sanitaire et économique face à la pandémie, et la Banque mondiale estime que les taux de pauvreté ont augmenté de 2,7 % dans les pays à faible revenu, où seulement 3,1 % des personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre la COVID-19.

Par ailleurs, les pays à revenu faible subissent déjà les plus graves conséquences du changement climatique, depuis les sécheresses qui perturbent les systèmes alimentaires jusqu’aux graves catastrophes météorologiques qui détruisent les maisons et les moyens de subsistance.

Le sommet du G20 de cette année était l’une des dernières chances pour les dirigeants de se mobiliser et de partager les doses de vaccin contre la COVID-19 afin de mettre fin à la pandémie pour tous, sauver 41 millions de personnes de la famine, réaffecter les fonds mondiaux pour aider à mettre fin à l’extrême pauvreté, et défendre la planète en s’engageant à réduire les émissions et à s’adapter au climat.

« C’était le moment pour le G20 d’agir avec la responsabilité qu’ils portent en tant qu’économies les plus riches de la planète - à la fois pour mettre fin à la pandémie et pour freiner le changement climatique », a déclaré Global Citizen dans un communiqué. « Pourtant, nous n’avons vu que des platitudes supplémentaires. C’était l’occasion de mener des actions concrètes pour montrer comment le multilatéralisme est la meilleure réponse pour s’attaquer aux crises convergentes auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, mais le G20 a laissé tomber le monde entier. »

Face à l’enjeu, pourquoi les dirigeants mondiaux n’ont-ils pas tenu leurs promesses ? Voici un récapitulatif du sommet du G20 de cette année.

Santé mondiale

Le sommet du G20 de l’année dernière s’est conclu par des engagements en faveur de l’équité vaccinale et de vagues promesses de financement destinées à l’Accélérateur d’accès aux outils contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) et à l’initiative de partage des vaccins COVAX (COVID-19 Vaccine Global Access Facility). Depuis lors, peu de progrès ont été réalisés pour protéger les plus vulnérables dans le monde et les dons de vaccins demeurent en deçà des objectifs fixés.

Cette année, nous avons appelé les dirigeants du G20 à faire enfin de l’équité vaccinale une réalité et à partager 1 milliard de doses avec les pays à revenu faible et intermédiaire par le biais de l’initiative COVAX d’ici la fin 2021 et à atteindre l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de vacciner au moins 70 % de la population de chaque pays contre la COVID-19 d’ici juin 2022. Compte tenu des retards pris dans le déploiement des vaccins l’année dernière, nous avons également demandé une plus grande transparence sur les modalités de livraison au dispositif COVAX.

Et pour parvenir à une équité vaccinale totale, nous avons insisté sur la nécessité d’une dérogation temporaire aux droits de propriété intellectuelle du vaccin COVID-19 de la part de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des sociétés pharmaceutiques, afin que les pays à faible taux de vaccination puissent commencer à produire leurs propres vaccins.

Bilan du sommet du G20

Alors que le G20 s’est fixé pour objectif de vacciner au moins 40 % de la population de chaque pays d’ici à la fin de l’année, et 70 % d’ici à juin, il n’existe aucun plan pour y parvenir. Et ce, après 18 mois de pandémie et alors que les pays pauvres ont un taux de vaccination inférieur à 5 %. On ne dispose toujours pas de données de base sur la production et la distribution des vaccins. Où sont les doses ?

La famine

La pandémie de COVID-19 et les catastrophes climatiques ont dévasté nos systèmes alimentaires mondiaux et précipité 41 millions de personnes au bord de la famine. En finançant le Fonds de Réponse Rapide du Programme alimentaire mondial (PAM), les pays du G20 pourraient sauver des millions de personnes de la famine grâce à une promesse de 300 millions de dollars.

Global Citizen a appelé les dirigeants du G20 à soutenir les aides à court terme et à investir dans des solutions à long terme comme l’augmentation des investissements dans la recherche sur l’agriculture résiliente au climat et l’aide aux petits exploitants agricoles pour la mise en place de meilleures structures alimentaires locales. En portant leurs investissements à 350 millions de dollars, les dirigeants du G20 pourraient assurer un meilleur avenir aux personnes vulnérables confrontées à l’insécurité alimentaire.

Bilan du sommet du G20

Le G20 n’a pas non plus pris de mesures contre la faim. Alors que Madagascar est sur le point de déclarer la première famine liée au changement climatique et que plus de 40 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, les dirigeants n’ont engagé aucune aide urgente pour venir en aide à ces personnes malgré les niveaux records atteints par les fortunes privées pendant la pandémie.

Climat et Biodiversité

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), véritable « alerte rouge » pour l’humanité, a montré les effets dévastateurs d’une augmentation de la température mondiale au-delà de 1,5 degré Celsius - la limite internationale fixée par l’Accord de Paris, qui permettrait d’éviter le pire scénario de notre crise climatique.

Les pays du G20 ont été invités à s’engager à nouveau en faveur de l’objectif de 1,5 degré Celsius en prenant des mesures immédiates pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050, protéger 30 % des terres et 30 % des mers d’ici 2030 et établir des planifications détaillées pour assurer la transition vers des énergies propres. Afin de s’attaquer pleinement à la crise climatique pour laquelle les pays riches sont les principaux responsables, les pays du G20 ont été invités à tenir leur promesse de 100 milliards de dollars par an pour le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement en mobilisant des fonds et en comblant le déficit de 15 milliards de dollars.

Bilan du sommet du G20

En ce qui concerne le changement climatique, le G20 ignore l’urgence dans laquelle nous nous trouvons en ne fixant pas de calendrier pour mettre fin à l’utilisation du charbon ou aux subventions accordées aux combustibles fossiles. Ils ne respectent toujours pas l’engagement de 100 milliards de dollars par an.

Au-delà des mots, chaque pays doit maintenant montrer qu’il est conscient de la situation en prenant des mesures immédiates, et la COP26 à Glasgow est leur chance de faire oublier ce qui restera dans l’histoire comme une occasion manquée. « Vers le milieu du siècle » n’est pas suffisant. Nous devons réduire de moitié les émissions d’ici à 2030 et parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050. Nous ne pouvons pas hésiter si nous voulons éviter un changement climatique catastrophique. Le fait que le G20 ne se soit pas aligné sur ce fait fondamental est proche de la négligence, tant pour les personnes que pour la planète.

Même avec le réchauffement actuel de 1,1 degré Celsius, des nations insulaires disparaissent, des incendies de forêt généralisés ravagent les terres à un rythme sans précédent et les vagues de chaleur mortelles sont de plus en plus fréquentes et sévères. Avec nos émissions actuelles et nos plans d’atténuation, nous sommes en passe d’atteindre 2,7 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels d’ici la fin du siècle. Mais il n’est pas trop tard. Lors de la COP26 à Glasgow, les dirigeants mondiaux ont la possibilité de prendre des mesures courageuses en faveur du climat, de réduire les émissions et de sauver la planète de la catastrophe. Faites entendre votre voix et exigez davantage de nos dirigeants ici.

Financement

Alors que les économies des pays riches se remettent progressivement de la pandémie de COVID-19, les pays à faible revenu qui ont le plus besoin d’aide financière ont reçu des fonds d’aide internationale d’un montant bien trop faible. Les droits de tirage spéciaux (DTS) distribués par le Fonds monétaire international (FMI) ont été une bouée de sauvetage dans les efforts en faveur de la relance mondiale, mais ont principalement bénéficié aux grandes économies. Nous avons exhorté les dirigeants du G20 à redistribuer 100 milliards de dollars de leurs DTS aux pays à faible revenu poussés dans la pauvreté par la pandémie de COVID-19.

Bilan du sommet du G20

L’aspect positif du sommet du G20 réside dans le soutien financier apporté aux pays les plus pauvres, avec l’engagement collectif du G20 de réaffecter les actifs financiers du FMI, les droits de tirage spéciaux, avec des promesses de 45 milliards de dollars et l’objectif d’atteindre 100 milliards de dollars. Nous appelons l’ensemble du G20 à se mobiliser et à aller au-delà des 100 milliards de dollars. Pour rappel, bien que le G20 reçoive deux tiers des DTS, il n’en a pas besoin pour financer ses économies et se remettre de la pandémie.

Advocacy

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Bilan du sommet du G20 à Rome : ce que vous devez savoir

Par Kate Nakamura