Depuis 2000, la France est une des principales forces dans la lutte contre le sida, la tuberculose (TB) et le paludisme - des maladies qui, ensemble, tuent plus de 5 millions de personnes par an, en dépit du fait qu'elles peuvent être traitées et évitées. Cette année, le pays a l'occasion de prouver qu'il est toujours déterminé à mettre fin à ces trois maladies mortelles.

Les organisations de la société civile exhortent la France à s'engager à verser cette année 1,685 milliard de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, soit une augmentation de 30 % par rapport à sa précédente contribution en 2020. Une telle promesse permettrait à la France de maintenir sa réputation de leader en matière de recherche et de militantisme dans le domaine de la santé mondiale, qui dure depuis des décennies.

L’histoire de la France dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme

La France a été à l’avant-garde de la lutte contre le sida depuis sa découverte. De fait, ce sont les chercheurs français Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier qui ont été les premiers à identifier le rétrovirus responsable du sida à l’Institut Pasteur en 1983. Cette découverte leur a valu le prix Nobel de médecine en 2008.

Depuis lors, le pays n’a jamais cessé de poursuivre ses avancées dans la lutte contre ses maladies.

« Pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la France a clairement choisi l’approche multilatérale », explique à Global Citizen Stéphanie Tchiombiano, coordinatrice du think tank français Santé mondiale 2030. « Elle s’est beaucoup impliquée dans la création du Fonds mondial en 2002, puis, quatre ans plus tard, dans la création d’Unitaid. »

La France, ainsi que d’autres gouvernements dont les États-Unis et le Royaume-Uni, le secteur privé, la société civile et des militants citoyens, ont fondé le Fonds mondial il y a 20 ans. L’objectif de ce fonds est de mettre en commun les ressources mondiales pour investir dans des programmes stratégiques visant à mettre fin au sida, à la tuberculose et au paludisme.

Deux décennies après sa création, cette organisation internationale de financement et de partenariat a permis de sauver 44 millions de vies. Rien qu’en 2020, le Fonds a dispensé à près de 22 millions de personnes une thérapie antirétrovirale contre le VIH, traité près de 5 millions de personnes contre la tuberculose et distribué 188 millions de moustiquaires destinés à protéger les enfants et les familles du paludisme.

La France a joué un rôle décisif dans la création du Fonds mondial par son soutien politique, qui n’a « jamais faibli », a déclaré Mme Tchiombiano. Après la création du Fonds, le pays a continué à renforcer son engagement en participant à la gouvernance du Fonds. Un représentant français a toujours siégé au conseil d’administration et le Dr Michel Kazatchkine en a été le directeur exécutif de 2007 à 2012.

La France se distingue également par ses contributions financières. Elle a engagé 5,81 milliards d’euros dans le Fonds mondial à ce jour, conférant au pays le statut du plus grand donateur européen et du deuxième plus grand donateur public. En 2019, la France a accueilli à Lyon la sixième reconstitution des ressources du Fonds - une conférence organisée tous les trois ans pour obtenir de nouveaux engagements de la part des donateurs - et a joué un rôle crucial pour que le Fonds atteigne son objectif de reconstitution, notamment grâce au leadership personnel du Président Macron (qui devra également décider de la contribution de la France cette année).

En 2019, la France s’est engagée à verser 1,296 milliard d’euros, marquant une augmentation de 20 % par rapport à sa précédente contribution, en vue d’aider le fonds à atteindre son objectif de recueillir 14 milliards de dollars pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme sur trois ans.

La France est un membre fondateur d’Unitaid, une initiative de santé mondiale qui utilise des financements innovants pour accroitre le financement et l’accès aux outils nécessaires à la prévention et au traitement du SIDA, de la tuberculose et du paludisme. Depuis sa création, l’organisation a contribué à l’introduction de médicaments essentiels, notamment des antirétroviraux utilisés en Afrique, des traitements contre la tuberculose résistante aux médicaments et des médicaments spécialisés contre le paludisme destinés aux enfants et aux femmes enceintes.

Une contribution particulièrement remarquable en matière de financement innovant est la taxe française sur les billets d’avion. Ce prélèvement peu couteux (de 1 à 40 euros, selon la classe) appliqué aux passagers voyageant à partir de la France a permis de collecter plus d’un milliard d’euros depuis sa mise en œuvre en 2006, Unitaid en étant le principal bénéficiaire.

Une contribution particulièrement remarquable en matière de financement innovant est la taxe française sur les billets d’avion. Ce prélèvement peu onéreux (de 1 à 40 euros, selon la classe) appliqué aux passagers voyageant à partir de la France a permis de collecter plus d’un milliard d’euros depuis sa mise en œuvre en 2006, Unitaid en étant le principal bénéficiaire.

Ce que la France peut faire pour faire avancer la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme

La pandémie de COVID-19 a eu un impact dévastateur sur la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le rapport de résultats 2021 du Fonds mondial a révélé des baisses significatives dans le traitement de la tuberculose, la sensibilisation à la prévention du VIH et le dépistage du VIH par rapport aux chiffres d’avant la pandémie.

L’objectif du Fonds mondial pour 2022 est de réunir 18 milliards de dollars afin de pouvoir sauver 20 millions de vies et de remettre le monde sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de vaincre ces trois maladies d’ici 2030. Les donateurs se réuniront lors de la septième conférence de reconstitution des ressources, qui se tiendra aux États-Unis avant la fin de l’année, pour faire leurs promesses.

Global Citizen, ainsi que d’autres organisations de la société civile, demande à la France de s’engager à verser 1,685 milliard de dollars pour les trois prochaines années, ce qui représente une augmentation de 30 % par rapport à la dernière reconstitution des ressources.

Mais ce n’est qu’une étape dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. En fait, Mme Tchiombiano estime qu’il s’agit là du minimum requis pour améliorer la santé mondiale et réduire les inégalités en matière de santé dans le monde. Selon elle, le Fonds mondial doit faire davantage pour donner la priorité aux Objectifs de développement durable dans son programme et collaborer avec des partenaires internationaux qui existent au-delà du secteur de la santé.

« Si l’approche » compartimentée « nous a permis d’obtenir des résultats que nous n’aurions jamais osé imaginer au début des années 2000, il est maintenant temps de passer à un nouveau chapitre de la lutte contre les trois maladies, plus axé sur le renforcement des systèmes de santé », a déclaré Tchiombiano. « Mettre fin aux trois pandémies ne sera possible que lorsque la lutte contre ces maladies deviendra structurelle et intégrée dans les ensembles de services des établissements de santé. »

Editorial

Vaincre la pauvreté

Comment la France a fait progresser la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme

Par Kristine Liao