Pourquoi les Global Citizens doivent s’en préoccuper
Les femmes autochtones sont 12 fois plus de susceptibles d’être assassinées ou de disparaitre que les personnes issues de tout autre groupe démographique. Tant que ces chiffres existent, nous ne pourrons pas atteindre l’objectif de développement durable n°5 sur l’égalité des genres. Joignez-vous à Global Citizen et passez à l’action maintenant.

Après avoir passé trois ans à recueillir des milliers de témoignages à travers le Canada, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a publié son rapport final lundi lors d'une cérémonie à Gatineau, au Québec.

Le rapport, intitulé « Réclamer notre pouvoir et notre place », fait référence à la violence faite à ces femmes et à ces filles comme un « génocide canadien » fondé sur la race. Il a lancé 231 appels à la justice — des recommandations d'actions que les gouvernements et les citoyens doivent prendre pour mettre un terme à la violence.

« Ces personnes autochtones admirables sont au cœur de ce rapport qui explore les facteurs systémiques qui ont mené à la perte de leur dignité, de leur humanité et, trop souvent, de leur vie, a écrit dans la préface Marion Buller, commissaire en chef de l'enquête. Ce rapport porte sur un génocide planifié, fondé sur la race, l’identité et le genre ».

Selon le rapport, les femmes et filles autochtones sont 12 fois plus susceptibles d'être assassinées ou de disparaître que d’autres personnes issues de tout autre groupe démographique. Elles courent 16 fois plus le risque d'être tuées ou de disparaitre que les femmes blanches.

Un rapport de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) datant de 2014 a trouvé que tout juste 1 200 femmes autochtones avaient été assassinées ou étaient portée disparues entre 1980 et 2012. Mais plusieurs personnes  ont contesté ces chiffres, considérant qu’ils étaient inexacts et Patty Hadju, l’ancienne ministre Canadienne de la condition féminine, a déclaré en 2016 que le nombre réel pourrait s’élever à 4 000.

« En tant que nation, nous faisons face à une crise : peu importe le nombre de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées, ce nombre est trop grand. Les meurtres, les disparitions et la violence qui se poursuivent prouvent que cette crise s'est transformée en une urgence nationale qui exige des réponses rapides et efficaces », a dit Mme Buller lors de la cérémonie.

Les nombreuses actions décrites dans le rapport visent à changer les valeurs systémiques et sociétales qui ont permis à la violence coloniale d'exister.

« Nous avons entendus les récits de tant de personnes qui les ont partagés avec nous, des familles qui avaient perdu des êtres chers et d’autres qui avaient survécu aux violences, c’était parfois très émouvant », a déclaré à Global Citizen Brian Eyolfson, l’un des commissaires de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

M. Eyolfson a dit que les sujets principaux dans tout le pays étaient les mêmes : ils ont tous parlé de la violence liée au colonialisme, au racisme et à la discrimination en citant des problèmes causés par la Loi sur les Indiens, la relocalisation des peuples autochtones, les pensionnats, des problèmes liés à la sécurité sociale infantile et la Rafle des années 60.

« À travers leur expérience vécue, ils savent ce dont ils ont besoin pour aider à mettre fin à la violence dans leurs communautés », a-t-il dit.

Les recommandations du rapport invitent chaque niveau du gouvernement à améliorer les droits, la culture, la santé et le bien-être, la sécurité et la justice des peuples autochtones. Le rapport demande au gouvernement d'élaborer et de mettre en œuvre un plan d'action national pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, ainsi que de veiller à ce que les femmes, les filles, et les personnes LGBTQ et bispirituelles autochtones soient représentées dans la gouvernance, entre autres.

D'autres recommandations s'adressent aux industries, aux établissements, aux médias, aux fournisseurs de soins de santé, aux éducateurs, à la police, au Service correctionnel du Canada et aux travailleurs sociaux de l'enfance. Le rapport exhorte également les Canadiens à agir.

Le premier ministre Justin Trudeau a officiellement accepté les conclusions du rapport lors d’une cérémonie.

« Nous procéderons à un examen approfondi de ce rapport et nous élaborerons et mettrons en œuvre un plan d'action national pour lutter contre la violence faite aux femmes, aux filles, aux personnes LGBTQ et bispirituelles autochtones, a dit M. Trudeau. La commission a tracé la voie à suivre, et vous avez ma parole que mon gouvernement transformera l'appel à la justice de l'enquête en action réelle, significative et dirigée par les peuples autochtones ».

Le premier ministre a déclaré que son gouvernement travaillera avec les partenaires autochtones et veillera à ce que toutes les voix et tous les points de vue soient entendus - des femmes et des filles autochtones aux familles des victimes en passant par les LGBTQ et la communauté bispirituelle.

« J'ai de l'espoir, a dit M. Eyolfson au sujet de la promesse de Trudeau. Le rapport présente des conclusions et des recommandations solides, et j'espère que les gouvernements les mettront en œuvre, mais il faudra attendre de voir ».

La publication du rapport coïncide avec le début de la conférence Women Deliver à Vancouver, qui est le plus grand rassemblement mondial sur la santé, les droits et le bien-être des femmes et des filles.

Dimanche, la pré-conférence des femmes autochtones a eu lieu pour discuter de la promotion des droits et du bien-être des femmes et des filles autochtones dans le monde. Il a mis en lumière des femmes qui ont travaillé avec des victimes dans la communauté autochtone. Elles ont dit qu'elles avaient observé des changements positifs, mais pas assez.

News

Exiger l’équité

‘Génocide canadien’ : Un rapport demande justice pour le meurtre et la disparition des femmes et filles autochtones

Par Jackie Marchildon  et  Gaëlle Langué