Un nouveau rapport publié par le Ministère de l’Intérieur lundi constate une nette augmentation des féminicides en France.
Le rapport de 14 pages fait état de 146 femmes tuées par leurs « partenaires » au cours de l’année 2019. Ce chiffre est 21 % plus élevé que l’année précédente et très proche de celui estimé par les associations féministes, comme le souligne le Monde.
L’étude, qui recense également 27 hommes tués au cours de la même année, note tout de même la prédominance des femmes dans le nombre total de victimes : ces dernières représentent 84 % des décès enregistrés, tandis que l’agresseur est un homme dans 88 % des cas.
« La victime est très majoritairement féminine, le plus souvent de nationalité française, âgée de 30 à 49 ans ou de 70 ans et plus, et n’exerce pas ou plus d’activité professionnelle », peut-on lire dans le rapport, qui précise également que « l’auteur est majoritairement masculin (88 %), le plus souvent, marié, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans, et n’exerce pas ou plus d’activité professionnelle. »
En ce qui concerne le mobile du meurtre, les disputes, suivies par la séparation, la jalousie ou la maladie de la victime, figurent parmi les motifs les plus récurrents.
Plus alarmant encore : près de 41 % des victimes recensées ont subi des violences physiques ou psychologiques antérieures à leur décès, et 63 % d’entre elles en avaient fait part aux forces de l’ordre.
Ces statistiques attestent de la gravité des violences sexistes et sexuelles en France, question sur laquelle le gouvernement affirme s’être engagé, notamment par l’adoption récente d’une loi visant à lever le secret médical en cas de « danger immédiat » pour protéger les victimes.
« Parce qu'il s'agit de la grande cause du quinquennat, avec l'ensemble du gouvernement, en étroite collaboration avec les collectivités territoriales, ainsi qu'avec les acteurs publics et associations parties prenantes, je suis pleinement déterminée et mobilisée pour réduire leur nombre », a notamment affirmé Elisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du premier ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances.
Elle a ajouté : « Mieux repérer et mieux protéger les victimes, mieux sanctionner les agresseurs constituent dès lors, dans le sillon du Grenelle des violences conjugales, mes priorités. »
En novembre 2019, à la suite du Grenelle contre les violences conjugales, le gouvernement français a établi un plan d’action avec l’introduction de 30 mesures et d’un budget de 360 millions d’euros afin de lutter contre les violences sexistes et les féminicides. Dans un communiqué, le collectif Nous Toutes avait cependant exprimé son désarroi face à ces mesures jugées insuffisantes et à un budget quasiment identique à celui attribué l’année précédente.
En juillet, la nomination de Gérard Darmanin — qui fait l’objet d’accusations de viol — au poste de ministre de l’Intérieur, avait également ravivé l’indignation des associations et des activistes féministes au sujet des violences sexistes et sexuelles. Celles-ci s’étaient notamment exprimées sur les réseaux sociaux au moyen du hashtag #RemaniementDeLaHonte.
En date du 15 août, 61 féminicides avaient déjà été recensés par Nous Toutes pour l’année 2020.