Au moins 27 personnes, dont 17 hommes, sept femmes, dont une enceinte, et trois enfants, seraient décédées en tentant de traverser la Manche mercredi.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence liée aux Nations unies qui répond aux questions relatives aux déplacements forcés, affirme qu’il s’agit de la plus grande perte de vies humaines dans la Manche depuis qu’elle a commencé à recueillir des données en 2014.

Cet événement tragique a relancé la pression sur les responsables politiques pour qu’ils redoublent d’efforts leurs efforts contre les « traversées mortelles et trouver des voies d’asile sûres pour les personnes fuyant des conflits et des persécutions dans leur propre pays. La plupart des personnes décédées seraient kurdes et originaires d’Irak et d’Iran.

Les autorités ont été alertées lorsqu’un pêcheur a aperçu des personnes dans la mer et les garde-côtes ont lancé une opération de sauvetage, mais il était trop tard pour sauver la plupart des personnes présentes sur le bateau, qui n’était qu’un canot pneumatique dégonflé. Le ministre français de l’Intérieur, Gerald Darmanin, a déclaré à la radio française qu’il y avait deux survivants en convalescence à l’hôpital, a rapporté la BBC.

La France a également ouvert une enquête pour homicide involontaire aggravé, et quatre personnes soupçonnées d’avoir participé au trafic des personnes décédées ont été arrêtées, a déclaré Gerald Darmanin, selon CNN.

Jeudi, Downing Street a déclaré que le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron s’étaient entretenus et avaient convenu d’intensifier les efforts pour tenter d’empêcher les personnes de traverser la mer entre les deux pays. Boris Johnson a décrit les décès comme une « catastrophe » qui « souligne à quel point la traversée est dangereuse. »

Priti Patel, ministre britannique de l’Intérieur, a déclaré sur Twitter que cet événement « constitue le rappel le plus cruel des dangers que représentent ces traversées de la Manche organisées par des réseaux criminels sans scrupules ».

Le gouvernement britannique s’est également engagé à verser 62,7 millions d’euros (54 millions de livres sterling) à la France en 2021-22 pour soutenir le financement de nouvelles patrouilles de police le long de son littoral.

Toutefois, les organisations humanitaires ont mis en garde contre le fait qu’il ne suffit pas de se limiter à la surveillance du littoral et des passeurs.

S’adressant au Guardian, Kay Marsh, qui travaille pour l’association caritative Samphire à Douvres, a déclaré : « Si nous ne voyons pas cela comme un catalyseur à un changement systémique approprié, cela va continuer à se produire et cela va empirer. Les mesures dissuasives ne fonctionnent pas ».

Le directeur général de la Croix-Rouge britannique, Mike Adamson, a ajouté que ces décès devraient susciter un changement de politique, afin de fournir des voies sûres pour traverser la Manche.

« Tout le monde mérite de vivre en sécurité et il devrait être inacceptable pour nous que les gens n’aient d’autre choix que de faire des traversées dangereuses pour y parvenir », a-t-il déclaré.

Priti Patel a déjà présenté des projets visant à repousser de force les embarcations des migrants. Elle est confrontée à trois actions en justice de la part d’organisations humanitaires, dont Care4Calais et Channel Rescue, concernant ces projets. 

Clare Moseley, fondatrice de Care4Calais, a déclaré : « Les refoulements donnent la priorité à la politique sur la vie des gens. Les réfugiés sont des personnes innocentes qui ont simplement eu la malchance de naître au mauvais endroit. Ils demandent notre aide. Il est inhumain de les punir pour cela ».

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Par Helen Lock