Dans son bilan estival nommé sans ambigüité  : « L’été de tous les extrêmes », Météo France confirme le caractère exceptionnel de cet été qui pourrait très rapidement devenir la norme.

Le rapport est sans appel : La France a fait face à trois vagues de chaleur, soit un total de 33 jours de canicule, un record, tant sur sa longévité que sur sa précocité, la première vague de chaleur ayant eu lieu dès le 15 juin.

Les températures sont restées supérieures aux normales la quasi-totalité de l’été, variant entre 1 à 3 °C au-dessus des valeurs saisonnières sur la majeure partie du pays, soit une moyenne de 2,3 °C. L’été 2022 se dresse ainsi au deuxième rang (derrière 2003) des étés les plus chauds depuis le début de la prise des relevés (1900).

Quant aux maximales, des records ont aussi été battus : le 18 juin, la température maximale moyenne sur l’ensemble du territoire a atteint 36,2 °C, record pour un mois de juin puis à nouveau pour le mois de juillet où les maximales ont atteint 37,6 °C, record absolu tous mois confondus.

Des répercussions catastrophiques

Les conséquences de ces chaleurs ont été dramatiques : orages, inondations, et bien évidemment, incendies de forêt. La végétation du territoire était particulièrement sèche en raison d’une sécheresse, elle aussi, historique sévissant sur l'Europe depuis le début de l’année. De nombreux incendies se sont déclenchés dans les régions du Sud, et en Bretagne, région pourtant épargnée jusqu’alors. Sur l’ensemble du territoire français, c’est 62 000 hectares qui ont été ravagés depuis le début de l’année (contre 8 500 l’année dernière à la même époque, selon les données du Système européen d’information sur les feux de forêt [EFFIS]).

28 200 hectares de superficie ont brûlé en Gironde. 

Avec 1 700 hectares, l’incendie dans les mont d’Arrées constitue le plus important incendie en Bretagne depuis plusieurs décennies.

La sécheresse a aussi eu des répercussions sur les rendements agricoles, dont les baisses sont attendues entre -18 % pour le maïs, -20 % pour la pomme de terre. Cette baisse de la production risque d’entrainer inévitablement une hausse des prix, qui viendra se répercuter sur le pouvoir d’achats des plus précaires, déjà durement frappé par l’inflation des produits alimentaires et de grande consommation (+7,9 % cette année).

À l’échelle mondiale, le nombre de décès directement imputables au changement climatique est estimé à 150 000. En France, selon le dernier bulletin de l’Insee, la mortalité a été en augmentation de 13 % au mois de juillet, par rapport à 2019, soit 7 000 morts de plus. 

«Le niveau élevé des décès toutes causes confondues en juillet 2022 s’explique vraisemblablement par la vague de chaleur survenue à la mi-juillet, après un premier épisode de canicule dès la mi-juin. » explique le rapport.

Sur l’ensemble de l’été, la canicule pourrait avoir causé 11 000 décès supplémentaires. 

Des étés amenés à se répéter 

Si la France a déjà connu des canicules dans le passé, tel que celle de 2003, c’est bien l’intensité et la fréquence de ses évènements climatiques extrêmes, qui en fait un lien direct avec les conséquences du changement climatique comme l’ont démontré les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

En effet, si des vagues de chaleur se produisaient une fois tous les 50 ans, entre 1850 et 1900, la hausse des températures actuelles de 1,1 degré par rapport à l’ère préindustrielle, engendre déjà une multiplication par 4,8 de ces phénomènes. Leur intensité augmente aussi car elles sont en moyenne 1,2°C plus chaudes que par le passé.

Des tendances qui devraient continuer si nous n’effectuons aucun changement.

«Cette augmentation est inéluctable pour les prochaines décennies du fait de la poursuite d’émissions de gaz à effet de serre ces prochaines années », précise météo-France.

Fait aujourd’hui incontestable, les activités humaines sont bien les principales responsables de cette hausse des températures, et plus précisément c’est notre modèle énergétique qui doit être remis en cause le plus vite possible. En effet, depuis les années 1970, 80 % de la hausse des émissions de CO2 est attribuée à la combustion des énergies fossiles. 

Néanmoins, malgré les alertes des scientifiques, des projets d’extraction de charbon, pétrole et gaz continuent de se multiplier et les niveaux de concentrations de gaz à effet de serre continuent d’atteindre des niveaux records année après année.

Une prise de conscience qui se doit d’être accompagnée

Si l’on peut néanmoins se féliciter de la prise de conscience des Français sur cet enjeu, le réchauffement climatique étant devenu la deuxième préoccupation des Français (32 %), derrière l’inflation (33 %), d’après un sondage Ipsos publié le 25 août, reste à savoir si elle sera accompagnée de mesure de la part du gouvernement français.

Aujourd’hui, ​​70 % des Français estiment que l’État n’en fait pas assez pour lutter contre le réchauffement climatique, et pour cause, lors de son premier quinquennat, l’État français a été condamné à deux reprises par la justice pour inaction climatique. Avec ce deuxième mandat, le gouvernement d’Emmanuel Macron aura une nouvelle occasion de mettre en place des mesures concrètes et équitables pour répondre à cet enjeu.

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Climat : l’été de tous les records en France, mais ce pourrait n’être que le début

Par Antoine Le Seigle