Pourquoi les Global Citizens doivent s'en préoccuper
La pollution de l'air par les véhicules anciens est un danger pour l'environnement et contribue grandement au changement climatique. L'objectif mondial n°13 des Nations Unies nous invite à prendre des mesures urgentes contre le changement climatique, ce qui ne peut être réalisé si des véhicules anciens et non réglementés sont exportés vers les pays en développement. Rejoignez le mouvement et passez à l'action sur cette question ici.

Selon un rapport publié par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), on estime que 14 millions de vieilles voitures polluantes ont été exportées des pays riches et « larguées » dans les pays en développement entre 2014 et 2018. Plus de la moitié de ces véhicules ont été envoyés en Afrique. 

Les experts ont constaté que 80 % de ces véhicules ne répondaient pas aux normes de sécurité et d'environnement du pays d'où ils avaient été exportés. Ces véhicules sont non seulement susceptibles de provoquer des accidents, mais la pollution atmosphérique qu'ils créent contribue fortement au changement climatique, tout en ayant des répercussions sur la santé.

Dans un communiqué de presse, l'un des auteurs du rapport du PNUE, Rob de Jong, a souligné que la plupart des véhicules causaient beaucoup plus de pollution atmosphérique que les voitures homologuées selon la norme d'émission Euro 4, qui est la limite acceptable pour les émissions de gaz d'échappement causées par un véhicule vendu en Europe.

« Ces véhicules émettent 90 % d'émissions supplémentaires parce qu'ils ne respectent pas cette norme minimale », a déclaré M. de Jong.

Le rapport du PNUE indique par ailleurs que la réglementation sur les importations de voitures dans la plupart des 146 pays en développement étudiés est « faible » ou « très faible ».

De son côté, Jane Akumu, qui travaille pour le PNUE, explique que certains pays africains n'ont pas de normes de classement rigoureuses en matière de voitures importées. « Environ 30 pays [en] Afrique n'ont pas de limite d'ancienneté des voitures. Par conséquent, n'importe quel type de voiture, quel que soit son ancienneté, peut être importé », a-t-elle précisé. 

Les auteurs du rapport poursuivent en qualifiant les véhicules de « polluants et dangereux ».

Ils estiment que la plupart de ces véhicules sont responsables de l'augmentation du nombre d'accidents de la route dans de nombreux pays pauvres en Afrique et en Asie. Les voitures émettent également des particules fines et des oxydes d'azote, qui sont des sources importantes de pollution de l'air dans de nombreuses villes.

M. De Jong explique également qu'en plus d'être inutilisables et nuisibles à l'environnement, la plupart des voitures ont été trafiquées avant d'être importées afin d'en retirer les pièces de valeur. Le remplacement de ces pièces par des alternatives bon marché les rend plus dangereuses à utiliser. 

« Ils découpent les pots catalytiques, car la valeur de la platine est de 500 dollars. Et ils installent un morceau de tuyau en acier et le soudent à nouveau », a-t-il déclaré

« Ils ont illégalement retiré les airbags, parce qu'ils ont une valeur en Europe ; le système de freinage antiblocage a été illégalement démonté parce qu'il a une valeur et [qu’il] est vendu sur le marché noir », a-t-il poursuivi.

Les voitures étaient pour la plupart exportées d'Europe, du Japon et des États-Unis, la majorité d'entre elles provenant des Pays-Bas. 

Les autorités néerlandaises sont conscientes de la situation et sont préoccupées par le commerce de ces véhicules. Elles espèrent prendre des mesures immédiates, selon la BBC

« Les Pays-Bas ne peuvent pas s'attaquer seuls à ce problème », a déclaré Stientje van Veldhoven, ministre néerlandaise de l'environnement.

« C'est pourquoi j'appelle à une approche européenne coordonnée et à une coopération étroite entre les gouvernements européens et africains, afin de garantir que l'UE n'exporte que des véhicules adaptés et conformes aux normes fixées par les pays importateurs. »

Certains pays africains sont aujourd'hui de plus en plus conscients des dangers que présentent les voitures importées, et plusieurs d'entre eux ont commencé à renforcer leurs réglementations avant d'accepter ces véhicules. 

Le Maroc et le Kenya ont en effet imposé des limites d'ancienneté aux voitures qu'ils importent, le Maroc n'autorisant que les voitures de moins de cinq ans, tandis que le Kenya accepte les véhicules de moins de huit ans. 

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui représente 15 pays, a également établi des normes en matière de carburants et de véhicules moins polluants à partir de janvier 2021.

Actuellement, le monde compte 1,4 milliard de véhicules, et ce chiffre devrait atteindre 2 milliards au cours des 20 prochaines années. La majeure partie de cette croissance proviendra des pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. 

Dans cette optique, les auteurs du rapport du PNUE appellent les dirigeants des pays exportateurs et importateurs à prendre des mesures à ce sujet. 

« D'une part, je pense qu'il est peu éthique que ces pays développés exportent des véhicules qui ne sont pas en état de rouler sur leurs propres routes, a déclaré M. de Jong. D'autre part, pourquoi les pays importateurs ont-ils attendu si longtemps pour mettre en place des normes minimum ? Je pense donc que la responsabilité n'incombe pas seulement au pays exportateur, mais qu'elle est vraiment partagée. »

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Par Khanyi Mlaba