Dans la nuit de lundi à mardi, un camp de réfugiés à Paris a été violemment démantelé par les forces de l’ordre, provoquant l'indignation générale des activistes et des groupes de défense des droits humains.
Des centaines de migrants, dont la plupart sont exilés d’Afghanistan, ont investi la Place de la République avec l’aide d’associations et d’avocats pour dénoncer le manque d’accès à des infrastructures de logement salubres.
Une heure seulement après leur installation, des forces de police ont évacué sans ménage le campement, en assénant notamment des coups de matraque et en faisant usage de gaz lacrymogènes pour disperser les exilés, journalistes et bénévoles venus leur apporter leur soutien, a indiqué le Monde. Les tentes ont été arrachées et traînées, avec parfois des personnes à l’intérieur.
Un camp de réfugiés s’installe sur la place de la République à Paris.
— Remy Buisine (@RemyBuisine) November 23, 2020
Les associations veulent mettre l’état face à ses responsabilités après la non évacuation de plusieurs centaines de réfugiés à Saint-Denis se trouvant à la rue depuis plusieurs jours. pic.twitter.com/S07aLRNsRm
Hier soir, des réfugié·e·s et des exilé·e·s qui avaient installé leurs tentes place de la #République suite à l’évacuation du camp de Saint-Denis le 17/11 se sont fait violemment déloger par la police. Certaines images sont même “choquantes”, selon Gérald Darmanin. pic.twitter.com/gVFbnss74k
— AJ+ français (@ajplusfrancais) November 24, 2020
Les images ont choqué la France entière et ont été décriées par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans un tweet publié mardi.
« Certaines images de la dispersion du campement illicite de migrants [dans la] Place de la République sont choquantes, a-t-il écrit sur Twitter. Je viens de demander un rapport circonstancié sur la réalité des faits au Préfet de police d’ici demain midi. Je prendrai des décisions dès sa réception. »
Pour les associations de défense des droits humains, comme Amnesty International et Utopia 56, à l’origine de l’action menée lundi soir, ces actes ne sont pas seulement choquants : ils témoignent de la tragique « réalité » des « pratiques policières abusives » généralisées à l’égard des migrants en France.
Paris police violently cleared a camp for 500 displaced migrants, teargassing and beating refugees with batons.
— AJ+ (@ajplus) November 24, 2020
Asylum seekers in France must wait 6 months for work permits. Police keep clearing makeshift camps despite shortages of government shelters, which groups say are poor. pic.twitter.com/1cP8am4wtd
« On ne répond pas à la misère par la matraque, a ajouté Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d’Asile. La mise à l’abri des migrants … restés à la rue est urgente, indispensable, indiscutable. Il en va de l’honneur de la République française. ».
De leur côté, la Préfecture de police et la région Île-de-France ont toutes deux affirmé que l’intervention policière était justifiée pour mettre fin à ce qu’elles estiment être une « occupation illicite de l’espace public ».
La question des violences policières fait déjà l’objet d’une polémique depuis des semaines suite à la proposition d’une loi sur la sécurité globale.
Le projet, adopté par l'Assemblée nationale mardi, interdit notamment la diffusion d’images sur lesquelles les forces de police sont facilement identifiables lorsque celles-ci sont considérées malveillantes. Le texte a été fortement critiqué par les activistes et les journalistes, qui ont manifesté durant le week-end par crainte de voir leur liberté d’informer entravée.