La Région africaine de l’Organisation mondiale de la santé (OMS AFRO) a célébré le premier anniversaire de la confirmation de l’absence de poliomyélite sauvage en Afrique.

Des efforts coordonnés, une surveillance minutieuse et des campagnes de vaccination à grande échelle ont permis de réaliser cet exploit historique — encore plus impressionnant si l’on tient compte de la pandémie de COVID-19 en cours et de l’interruption des efforts de vaccination qu’elle a entraînée.

Bien que la lutte contre les types de virus de la poliomyélite non sauvages et d’autres maladies sur le continent africain se poursuive, les experts et les défenseurs des droits de l’homme estiment que cet anniversaire marque une victoire incroyable grâce à la cohésion des efforts, de la médecine, des travailleurs de la santé et des bénévoles.

En 1988, l’Assemblée mondiale de la santé a lancé l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP) afin d’éradiquer la maladie d’ici à l’an 2000. À l’époque, la polio était endémique dans 125 pays et paralysait 350 000 enfants chaque année. L’IMEP a travaillé au-delà des frontières, en formant des partenariats et des groupes de travail, pour vacciner les enfants du monde entier. Avec 400 millions d’enfants vaccinés chaque année, cette cause unifiée a permis de réduire de 99 % le nombre de cas de polio dans le monde depuis sa création.

Au plus fort des cas de poliomyélite en Afrique en 1996, Nelson Mandela a uni les gouvernements contre la maladie et lancé la campagne « Kick Polio Out of Africa » (Bouter la polio hors d’Afrique ). Depuis lors, 9 milliards de doses du vaccin antipoliomyélitique oral ont été administrées aux enfants à travers le continent et, après quatre années sans aucun cas de polio sauvage, la région africaine a été déclarée exempte de polio le 25 août 2020.

Grâce à une cartographie documentée et à une surveillance technologique renforcée, les bénévoles et les agents de santé de toute l’Afrique ont pu éliminer le poliovirus sauvage. En 1996, la maladie paralysait 75 000 enfants chaque année. Aujourd’hui, plus de 18 millions de cas ont été évités grâce aux vaccins.

Aujourd’hui, les experts estiment que les gouvernements et les ministres de la Santé du programme mondial de lutte contre la poliomyélite doivent prendre de nouveaux engagements dans le but d’éradiquer définitivement la poliomyélite sous toutes ses formes.

Les cas d’un « poliovirus circulant dérivé d’un vaccin » (PVDVc) commencent à se propager dans les zones où les taux de vaccination sont faibles. Cette variante est rare, ne se produisant que dans les communautés où l’assainissement est insuffisant et où la vaccination est faible, mais elle constitue néanmoins une menace pour la cause mondiale de l’éradication de la polio. Récemment, plus de 19 pays africains ont enregistré des flambées de PVDVc en raison de la réduction des efforts de vaccination induite par la pandémie de COVID-19.  

« Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 a compliqué les initiatives sanitaires dans toute l’Afrique et a fait reculer les progrès en matière de vaccination », a déclaré Aliko Dangote, président de Dangote Industries, un conglomérat africain qui finance des initiatives de développement durable et d'autosuffisance. 

Les responsables sanitaires de la Région africaine de l’OMS et L’IMEP  (Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite) ont rencontré mercredi les dirigeants de la santé mondiale pour le premier anniversaire et ont appelé à renouveler les engagements, à la lumière des récentes flambées épidémiques, et à assurer l’éradication complète de la polio.

« Les gouvernements doivent continuer à faire preuve de détermination et saisir cette incroyable opportunité de mettre fin à toutes les formes de polio en Afrique », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé.

L’IMEP demande instamment aux gouvernements et aux ministres de la Santé de soutenir un déploiement à grande échelle du nouveau vaccin nOPV2, une version modifiée du vaccin antipoliomyélitique oral précédemment utilisé, qui est distribuée pour faire face au problème croissant des variantes de la polio.

L’introduction d’un nouveau vaccin n’est pas la seule cause à soutenir. Les « poliovirus circulants dérivés d’un vaccin » (PVDVc) sont rares et se propagent par les excréments dans les zones de faible vaccination. Un traitement approprié des déchets, de l’eau propre, de nouveaux efforts de vaccination et une augmentation du nombre d’enfants vaccinés sont autant de facteurs essentiels pour empêcher la propagation de variant.  

La COVID-19 a perturbé les vaccinations systématiques contre la poliomyélite sauvage et continue de menacer les pays d’Afrique. Avec seulement 2 % de la population africaine de 1,3 milliard d’habitants entièrement vaccinés contre la COVID-19, les programmes de santé et de vaccination sont plus importants que jamais.

Selon l’OMS Afrique, 4 personnes sur 5 dans le monde vivent dans des régions certifiées exemptes de polio. Mais la polio est encore endémique dans deux pays : l’Afghanistan et le Pakistan.

« L’Afrique a encore un rôle essentiel à jouer pour mettre fin à la poliomyélite dans le monde et doit continuer à vacciner les enfants partout dans le monde », a déclaré Mohamed Fall, directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique orientale et australe.

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Par Kate Nakamura