Alors que la campagne des 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, événement international annuel qui débute le 25 novembre, bat son plein, des femmes déterminées et courageuses luttent pour que l’égalité de genre devienne une réalité et que les violences sexistes et sexuelles disparaissent.
La violence sexiste est l’une des atteintes aux droits de la personne les plus fréquentes dans le monde. Elle peut prendre plusieurs formes, mais elle se caractérise généralement par des violences physiques, sexuelles, psychologiques ou économiques infligées majoritairement à une femme, une fille ou une personne transgenre. Elle touche tous les pays et tous les milieux sociaux, mais elle n’est en aucun cas une fatalité.
En 2017, le président Emmanuel Macron avait déclaré en 2017 que la fin des violences sexistes et sexuelles serait « la grande cause du quinquennat », mais force est de constater que celles-ci subsistent. Ce lundi, les services de police et de gendarmerie ont déclaré avoir enregistré une hausse de 10 % des violences conjugales l’année dernière, les femmes représentant 87 % des victimes. En 2021, 102 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint.
Voici cinq comptes d’associations et militantes féministes qui se battent, alertent ou déconstruisent, afin de faire en sorte que l’égalité de genre deviennent une réalité.
1. #NousToutes
Fondée en 2018 suite au mouvement social #MeToo, le collectif #NousToutes a pour objectif d’en finir avec les violences sexistes et sexuelles, quelles que soient leurs formes : économiques, psychologiques, verbales, physiques ou sexuelles.
Le collectif agit de deux façons, en informant, d’une part, afin de sensibiliser le maximum de personnes à la thématique de la violence grâce notamment à des enquêtes dont les résultats sont publiés sur leurs réseaux sociaux. Le site internet du collectif propose des quizz pour s’informer sur les chiffres et statistiques des violences sexistes et sexuelles en France, mais aussi des formations et des guides tels que le petit guide anti-sexiste de Noël.
Le deuxième objectif du collectif est d’interpeller le gouvernement afin de mettre en place des politiques publiques efficaces de lutte contre les violences sexistes et sexuelles face aux 94 000 femmes françaises qui sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année. Quatre ans après la première marche organisée par le mouvement, 50 000 personnes ont participé à une nouvelle manifestation à Paris pour dénoncer les violences faites aux femmes le week-end dernier.
Au-delà de la marche annuelle, le collectif varie les types d’action toute l’année. En octobre dernier, des témoignages de personnes ayant été cyberharcelées ont été projetés sur la façade de l’Assemblée nationale. La page est devenue un compte Instagram d’utilité publique pour s’informer, consulter des informations pratiques et se tenir au courant des différentes actions menées en France.
2. Anna Toumazoff
Anna Toumazoff n’a que 25 ans, mais a déjà été de bien des combats. Elle se fait connaître en 2019 en lançant le hashtag #UberCestOver après avoir relayé sur son compte Instagram le témoignage d’une victime d’un viol commis par un chauffeur Uber. Libérant la parole de nombreuses victimes en quelques heures, des centaines de témoignages similaires affluent. Face à la pression, la multinationale réagit et promet de mettre en place des mesures de protection envers les victimes et de sanctionner les accusés.
Début 2021, en utilisant toujours le même procédé, elle permet grâce aux hashtag #SciencePorc de mettre en lumière et d’interpeller les autorités sur des viols subis par des élèves dans de nombreux instituts d’études politiques de France. Une enquête est ouverte et une mission relative à la lutte contre les violences sexistes dans les instituts d’études politiques révèle 89 faits de violences sexistes et sexuelles en juillet.
En septembre dernier, c’est cette fois-ci avec le hashtag #DoublePeine qu’elle relaye la mauvaise prise en charge des femmes victimes de violences lors des dépôts de plainte dans de nombreux commissariats en France. La mobilisation est l’occasion de rappeler qu’en France, 35 % des féminicides sont survenus alors que les victimes avaient déjà subi des violences et que 75 % de ces femmes avaient déposé une plainte pour signaler les faits aux forces de l’ordre, soit environ 18% du total des victimes.
Au Commissariat Central de @montpellier_, on demande aux victimes de viol si elles ont joui.
— Anna Toumazoff (@AnnaToumazoff) September 28, 2021
Le travail de militantisme qu’effectue Anna Toumazoff au travers de ses hashtags est salutaire, car il permet d’une part aux victimes de sortir de l’ombre en témoignant, mais surtout, de ne plus se sentir isolées.
Quand elle ne parcourt pas les plateaux télé, Anna Toumazoff s’occupe de créer des mèmes sur @MemesPourCoolKidsFéministes et du contenu de vulgarisation sur @CeQueVeulentLesFemmes. Elle a aussi conçu la playlist Cool Kids Féministes sur Spotify que vous pouvez retrouver ici.
3. Préparez-vous pour la bagarre
Depuis maintenant trois ans, Rose Lamy rassemble, collecte, mais surtout décrypte comment le sexisme et l’antiféminisme continuent d’être véhiculés dans les médias. Sur son compte Instagram « Préparez-vous pour la bagarre », qui compte plus de 193 000 abonnés, elle analyse des centaines d’exemples d’un discours sexiste toujours bien trop présent dans les médias.
Comme elle l’a expliqué dans plusieurs de ses stories, c’est le féminicide de Marie Trintignant, ou plutôt son traitement médiatique, qui a fait naître son combat.
Le compte de Rose est compte essentiel pour changer son regard sur les discours lus et entendus, et ainsi décrypter ce discours sexiste qui nous entoure et surtout construit nos opinions. Pour aller plus loin, l’activiste vient de sortir un livre Défaire le discours sexiste dans les médias aux éditions JC Lattès.
Grâce à un important travail de veille, elle scrute et traque un sexisme qui, comme elle le fait remarquer, ne dit « jamais son nom » : déshumanisation des victimes, déresponsabilisation des accusés, assassinats revus en « crimes passionnels », ou encore la minimisation des agressions sexuelles. On y apprend notamment l’utilisation régulière du terme « déraper » pour qualifier un viol, ou le fait de nommer un agresseur par des qualificatifs affectueux tel que « tonton » ou « papi ».
4. Vénus le Podcast
Depuis 2019, derrière le titre provocateur de son podcast Vénus s’épilait-elle la chatte ?, Julie Beauzac propose de déconstruire l’histoire de l’art occidental avec un point de vue féministe et inclusif. Elle analyse l’art, qui comme toute production culturelle, comme un moyen de refléter, normaliser et renforcer les mécanismes de domination présents dans la société occidentale, notamment le patriarcat et la colonisation. Sous cette perspective, de la même manière que s’écrit l’histoire, c’est bien les dominants qui dictent leurs règles et l’histoire de l’art ne fait pas exception.
Dans son podcast Picasso, séparer l’homme de l’artiste, qui a remporté trois prix lors du Paris Podcast Festival : le prix Targets du podcast d’apprentissage, le prix Radio France de la révélation, et le prix Ausha du public. Julie Beauzac et son invitée Sophie Chauveau nous rappellent que derrière certaines figures quasi intouchables de l’art se cachent aussi des hommes violents et misogynes.
Si, comme Julie Beauzac, vous vous êtes déjà demandés en vous baladant dans un musée : « Pourquoi les musées sont remplis de femmes nues à côté d’hommes habillés ? Pourquoi l’art représente autant de scènes de viol ? Pourquoi les grands génies sont tous des hommes ? Pourquoi on oublie souvent de parler des personnages noirs dans les tableaux ? » alors cette série podcast est faite pour vous.
5. @dans_la_bouche_dune_fille
Un compte particulièrement d’actualité pour ces 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, Dans la bouche d’une fille rappelle que la violence sexiste est quotidienne, nichée dans des petites réflexions qui semblent anodines.
En effet, le compte du collectif présente et dénonce le sexisme ordinaire auquel sont confrontées les femmes, de l’espace public à l’espace intime. À travers des témoignages, il démontre que la violence sexiste est présente partout, mais aussi à tout âge.
En plus de leur compte Instagram comptabilisant 272 000 abonnées, le collectif a aussi publié en mars un livre manifeste aux éditions Albin Michel, regroupant témoignages et réflexions autour du sexisme.
Entre conditionnements, stéréotypes de genre et remarques déplacées, voici quelques exemples :
Les droits des femmes sont des droits humains et ils doivent être soutenus et protégés. À l'occasion des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre, du 25 novembre au 10 décembre, nous demandons aux Global Citizens de se joindre à nous pour relever le défi des #16jours, en accomplissant chaque jour une action simple qui vous permettra d'en savoir plus sur les droits des femmes, l'autonomie corporelle et la violence basée sur le genre en ligne.
Vous pourrez engager des conversations essentielles avec vos proches, promouvoir sur les réseaux sociaux le droit des femmes et des filles à disposer de leur propre corps, soutenir les entreprises dirigées par des femmes dans votre communauté, signer des pétitions en faveur de l'autonomie corporelle, etc. Pour en savoir plus sur le défi #16Jours et commencer à passer à l'action, cliquez ici.
Pour rappel, voici les numéros d’urgence à appeler (reconfinement compris) :
- 17 : Police
- 15 : SAMU
- 18 : Pompiers
- 112 : Numéro d’Urgence Européen
- 3919 : Violences Femmes Infos
- 119 : Enfance en danger
- 114 : Numéros d’Urgence pour personnes sourdes et malentendantes